Chapitre 4

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  Tout était calme, il n'y avait que le vent qui murmurait. Le combat s'était éloigné, laissant Gerard Way seul avec la dépouille de son frère. Il s'était fait piétiné, avait failli mourir, il avait entendu la guerre mais ne l'avait pas vu. Bouger aurait été fatal. Il avait du serrer les dents, s'accrocher à un bout d'espoir et là, il croyait en Dieu. Dieu l'avait laissé en vie, mais pourquoi ? Pour accomplir quelque chose ?

Ses membres étaient endoloris, il ne les sentait plus, impossible de bouger. Il ne pouvait pas se lever. Il respira bruyamment et dans un élan de courage il se mit sur le dos. Il ne put s'empêcher de crier de douleur. Puis il ouvrit les yeux. Il ne savait pas combien de temps il n'avait pas vu le ciel et pour la première fois de sa vie il fut réjoui de le voir. Le soleil l'éblouissait, il y avait quelques nuages et voir le beau temps en ces jours malheureux le rendu joyeux. Il regarda ses mains tâchées de terres et ensanglantées, il grimaça à cette vue. Il ne voulait pas tourner la tête à gauche, sinon il verrait Mikey et il ne voulait pas avoir comme image de son frère, un cadavre rongé par les bestioles.

Gerard soupira et en expirant il plia ses jambes qui lui firent atrocement mal. Il ne sentait plus son corps tellement il avait été amoché. Ça devait environ faire un jour et demi qu'il s'était allongé sur le no man's land. Il se remit sur pieds avec grande difficulté, attrapa son arme qui était restée avec lui. Il observa l'horizon et ne put s'empêcher de porter sa main à sa bouche sous l'effet de la surprise. Autrefois, cet endroit était un champ. Maintenant c'était un cimetière. Des corps gisaient de çà et là, la terre fumait à cause des multiples bombes qui avaient été jetées, aucunes fleurs, aucun arbre, tout avait été rasé. C'était gris, morne, sans vie. Cela donnait froid dans le dos de Gerard.

Il déglutit et commença son chemin sans regarder en arrière, laissant Mikey sur le sol français.

Il avait faim, il était seul dans ce pays où il ne connaissait pas la langue. Il se tordait sous la douleur et il pourrait manger n'importe quoi sur l'instant. Il n'y avait rien autour de lui, juste les dégâts causés par la guerre. Il marchait, il s'épuisait, il n'avait plus de forces. Il avait la langue pendante.

Jusqu'à qu'il trouve un champ de maïs intact. Il sourit et se précipita dessus, arrachant quelques épis qu'il fourrait dans sa bouche et ses poches. Il continuait la route en se gavant de maïs. Sur son chemin, il trouva une rivière. Il décida de s'y arrêter.

Gerard s'assit au bord et but l'eau de cette source, il se lava les mains et le visage puis contempla ce qui l'attendait. Il vit au loin un village, à peut-être deux heures à pieds de là où il se trouvait.

Il soupira, il aurait tant voulu que Mikey soit là, qu'ils aient affronté la guerre ensembles. Mais non, lui n'avait pas eu la même chance que son grand frère.

Il n'avait pas pu tenir la promesse qu'il avait faite à sa mère. Sa mère l'avait senti, elle le savait que son plus jeune fils allait mourir durant la deuxième guerre mondiale.

Gerard n'en pouvait déjà plus, c'était trop pour lui, il voulait retourner dans le New Jersey avec sa famille, aller voir des matchs avec Ray et Mikey, visiter sa grand-mère tous les dimanches, écouter ses vynils et surtout, être loin de la guerre, loin de la France.

Black Rain [frerard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant