Black Rain [frerard]

Chapitre 14

Les portes du camion s'ouvrirent à la volée, dans un grand fracas qui fit sursauter Frank et Gerard. Le jeune Italien grelottait de peur, les doigts enlacés dans ceux de l'Américain qui épiait d'un air méfiant les Allemands qui leur faisaient face. Le commandant qui quelques temps plus tôt leur avait infligé un gros hématome sur leurs joues les fixait, un sourire narquois sur ses lèvres. Il passa sa main gantée dans ses cheveux blonds, il n'attendait que ça, les mettre à genoux, entendre leurs supplices et leur tirer une balle entre les deux yeux. Il cria un ordre dans sa langue natale t ses collègues attrapèrent de leurs énormes mains blanchâtres les deux amants qu'ils firent tomber dans la boue, malgré cela, leurs mains restaient aggrippaient. Le commandant avait Gerard dans le viseur, il haïssait les Américains. Ile le prit par le col de sa veste militaire et écrasa leurs mains enlacées pour les obliger à les défaire,leur faisant échapper des cris d'effrois. Le commandant SS se pencha doucement vers le visage de Gerard, passant délicatement le bout de ses doigts sur sa joue bleuie. Son souffle tapait sur ses lèvres crispées, Gerard se retenait du mieux qu'il pouvait pour ne pas arracher son nez avec ses dents ou lui cracher dessus.

« Dîtes-moi, jeune Américain, susurra le SS dans un anglais avec un accent fortement prononcé. Qu'est-ce qui vous amène ici, au beau milieu de la campagne française ? »

Il ne répondit pas, ce qui agaça le commandant qui lui asséna un coup de pied dans l'estomac, le pliant sous la douleur et le regard effrayé de Frank, assis à quelques mètres, les lèvres tremblantes.

« J-j'aimerais retourner chez moi, murmura Gerard essoufflé.
- Il n'y aura plus de chez toi, dès que le Führer aura exterminé la mauvaise espèce comme toi. »

Il se retourna vers Frank, le scruta de ses yeux bleus écarlate, il s'en approcha, le pas léger, ses rangers menaçantes déchirant le sol, la respiration lourde, tel un félin face à sa proie.

« Vous, jeune Italien, déclara-t-il ne se penchant pour atteindre le niveau de Frank, vous ne reverrez pas ce monde, vous allez mourir aux côtés de votre petit-ami. Vous êtes dégueulasse. Vous serez punis de vos péchés. »

Soudain, il frappa le sol de son pied droit et cria en Allemand des ordres à ses collègues nazis qui tirèrent par les cheveux les deux amants pour les mettre debout. Ils les traînèrent au milieu de ruelles d'un village méconnu et désert. Des Français y habitaient toujours malgré les rafles, les incendies que les SS avaient causé. Ils observaient Gerard et Frank se faire amener à la mort, le corps tremblant de peur. Les Allemands riaient et chantaient une chanson, tandis que leur commandant les suivait juste derrière, fumant une cigarette, ravi de pouvoir tuer un Américain et un Italien, surtout homosexuels. Ils s'engagèrent dans une rue, pour arriver sur la place où une scène estomaqua les amants. Des corps étaient éparpillés sur le sol, des SS criaient et alignaient des hommes en face d'une fontaine et de gros camions les entouraient. Gerard et Frank furent amenés au bout de la file de la vingtaine d'hommes qui attendaient leur mort prochaine.

« Vous serez tués avec ces résistants, vous ne méritez pas la vie, j'ai hâte d'avoir l'honneur de vous envoyer en enfer. »

Il dégaina le glauque qui était dans son grand manteau noir et le pointa sur le front de Gerard.

« Vous êtes les premiers, adieu...»