Black Rain [frerard]

Chapitre 6

Au premier étage de la maison où Frank Iero passait ses journées pour échapper à la mort, il y avait une chambre avec le plafond à moitié arraché. On y voyait le ciel étoilé et on entendait les lointains cris de la guerre. Gerard s'assit sur le lit installé dans le fond et observa Frank lui préparer un café dans une poêle où il avait improvisé un feu. Le matelas n'était pas du tout confortable, probablement abritait-il une colonie de cafards ou de mites. Une couverture trouée était posée dessus pour le couvrir.

« Je reste la plupart de mon temps sur le lit, chuchota Frank en anglais avec un petit accent italien que Gerard aimait bien. Il ne faut pas trop marcher, le parquet grince beaucoup trop, on pourrait nous entendre dans une maison voisine. »

Il se pencha sur un sac posé par terre et en extirpa du fromage enrobé dans un tissu à carreaux, puis une miche de pain. Il coupa une tranche de fromage qu'il posa sur un bout de pain et le tendit à l'américain qui le regardait, surpris.

« Comment as-tu trouvé ceci, en pleine guerre ?

- Je cherche partout pour trouver à manger. Il restait encore de la nourriture quand je suis arrivé ici. Et toi, comment es-tu arrivé ici ?

- J'ai fui le front, commença Gerard en croquant dans le pain. J'y ai vu mon frère mourir, alors j'ai décidé que je ne voulais plus rien à voir avec cette guerre. Et toi ?

- J'ai fui l'Italie, qui est sous dictature, contrôlé par Mussolini et les Allemands. Ma famille ne voulait pas vivre dans un pays qui aurait un quelconque rapport avec un pays qui tue des millions d'innocents. J'ai réussi à passer la frontière, ils sont restés en Italie... »

Un silence suivit leurs aveux, comme s'ils accordaient une minute de silence pour tous les malheurs qui leurs étaient arrivés. Frank s'assit à côté de Gerard sur le lit, il posa ses mains sur ses genoux et souffla. Il était fatigué.

« Nous devons dormir, on peut rester encore un ou deux jours dans cette maison, mais nous devons partir. Ce village n'est pas sûr.

- D'accord. »

Frank lui sourit et s'allongea. Le jeune soldat ne bougea pas. Il demanda :

« Où veux-tu aller ? T'enfuir où ?

- Je veux vivre en Angleterre, à Londres. J'ai lu pleins de livres sur ce pays, il me fascine. Tu veux retourner aux États-Unis ?

- Oui, mais je vais te suivre. J'ai envie d'être ton compagnon de voyage, j'irai en Angleterre avec toi, on bravera cette guerre.

- Tu es très ambitieux...Réveille-moi quand t'auras fini de monter la garde.

- Je savais pas que je devais monter la garde ! Frank ? »

Le jeune italien s'était assoupi, épuisé de cette journée riche en émotions. Gerard but la dernière gorgée de son café et observa les étoiles sous la respiration lente et régulière de Frank Iero.