Chapitre 5

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Gerard avait enfin atteint le village, il ne savait pas vraiment où il se trouvait, c'était le soir, il faisait sombre et les lampadaires qui éclairaient la rue crépitaient. Il allait vagabonder dans le village, puis dénicher un pont où trouver refuge pour dormir en dessous.

Il n'y avait personne, c'était le désert total, les maisons avaient été bombardées, brûlées et raflées. Ses pas étaient lourds, il n'avait pas arrêté de marcher de toute la journée, il était au bord de l'évanouissement. Il passa un bras sur son front en sueur et observa la rue devant lui. Tout était calme, même pas une bestiole ne bougeait.

Tout d'un coup, un bruit fort et sec retentit au loin, bien derrière Gerard, puis ce bruit se répéta plusieurs fois. Des coups de feu.

Le jeune américain se mit à courir, la peur lui déchirant les entrailles. Il essayait d'ouvrir les portes des maisons, mais elles étaient toutes fermées. Les bottes des Allemands se rapprochaient de plus en plus, ainsi que les cris et les coups de feu. Gerard s'affolait, il sentait sa mort imminente. Il s'énerva sur une poignet, tapa dans la porte, suppliant qu'on lui ouvre. Il entendait les voix se rapprochaient de plus en plus, il murmura tout bas une prière qu'il avait apprise il y a des années, il voulait que ce Dieu qui l'avait sauvé sur le champs de bataille le sauve encore une dernière fois. La clef tourna. La porte s'ouvrit et une ombre l'attrapa, le plaquant contre le mur de l'entrée avant de refermer la porte. L'ombre était plus petite que Gerard, pas énormément, juste une demie tête en moins. C'était un homme, il avait mis une main sur sa bouche, l'empêchant de parler ou de crier.

Les Allemands étaient juste devant à présent, ils continuaient leur chemin, sans rafler la maison.

Ils attendirent, Gerard ne bougeait pas, il remerciait du fond du cœur ce petit homme. Ce dernier pressait son corps contre celui du jeune Américain qui pouvait à peine bouger et respirer avec cette main emprisonnant sa bouche. Il respirait vite, la pression montait et il sentait la fumée mélangée à la clémentine.

Environ vingt minutes plus tard, le sauveur de Gerard murmura sans le lâcher, faisant pression sur son arme pour ne pas qu'il essaye de la dégainer :

« Qui êtes-vous ?

- P-pardon ? »

Il souffla et se mit à parler anglais :

« C'est quoi votre nom, pourquoi vous êtes là ?

- Je suis Gerard Way, soldat américain.

- Frank Iero, réfugié Italien. Qu'est-ce que vous faîtes ici à cette heure là ?

- J'ai fui le front. »

Le dénommé Frank recula, lâchant Gerard. Il l'épiait et le jeune américain pouvait voir à quoi il ressemblait grâce à la lumière du lampadaire de la rue qui passait par le petite fenêtre installée sur la porte. C'était un jeune homme d'à peu près son âge, aux courts cheveux noirs en bataille possédant de beaux yeux brillants dont Gerard ne pouvait pas voir la couleur. Frank fronçait les sourcils, il passa une main sur sa veste rapiécée et se racla la gorge.

« Je sais que vous ne mentez pas, vous avez l'air tellement apeuré, lui dit l'italien.

- Merci... de m'avoir sauvé la vie...

- Inutile de me remercier de si tôt, ils peuvent rentrer n'importe quand et nous fusiller sur la place du village. Venez avec moi à l'étage, c'est plus sûr. »

Pour la première fois de sa vie, Gerard ne regretta pas de suivre quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

Black Rain [frerard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant