Chapitre 15

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  Avant que le commandant n'ait pu faire quoi que ce soit, une explosion retentit, faisant éclater une maison juste derrière eux. Des débris les atteignirent, Gerard et Frank se couvrirent de leurs mains et leurs bras. Les SS étaient pris de panique. Les résistants crièrent de joie, et une autre bombe tomba près d'eux. Le commandant commença à crier des ordres en Allemand, précipitant ses collègues dans les camions. Un des résistants attrapa un fusil qui était tombé des mains d'un des SS et s'en servit contre eux, les faisant s'abattre sur le sol avant qu'ils ne puissent atteindre les camions. Gerard en profita qu'aucun SS ne veuille les tuer pour entraîner Frank loin des explosions et de la place du village. Ils se prirent par la main, quelques résistants les suivirent en les voyant. Avant d'atteindre une ruelle, une bombe s'abattit sur le camion où les SS s'étaient réfugiés. Gerard et Frank se mirent à rire à gorge déployée. Les méchants mouraient à la fin, comme dans les histoires qu'on leur lisait étant enfants. Le danger semblait écarté, même si une autre bombe s'écrasa sur la place. Ils couraient en compagnie d'un groupe de résistants, pleins d'espoirs, leur but étant de s'éloigner le plus loin possible de cet endroit maudit. Les ruelles semblaient infinis, ils avaient l'impression qu'elles rapetissaient, voulant les enfermer pour toujours entre ses murs, les condamner dans ce village maintenant hanté par les SS. Un des résistants trébucha sur le chemin, personne ne l'aida, c'était chacun pour soi, puis peut-être que quelqu'un d'autre l'aiderait.
Ils virent enfin au loin un champ, Gerard sourit de toutes ses dents, il se mit à rire, pour lui c'était inimaginable. Tous sautèrent dans l'herbe haute quand ils l'atteignirent. Ils se roulèrent dedans, criant de joie, sous un ciel bleu qui leur promettait de belles choses. Entre les hautes herbes, à l'abri des regards, Gerard et Frank s'échangèrent un baiser furtif, les yeux brillants.
Soudainement, ils entendirent une voix qui les appelaient. Les résistants qui étaient français se tapirent dans les hautes herbes, mais la voix persistait, une troupe d'hommes s'approchaient d'eux, ils semblaient les avoir déjà vu.

« Ils ne parlent pas allemand, commença un des résistants. Attendez, je crois qu'il nous appelle en français. »

Il se releva doucement et vit que la troupe leur faisait signe, un drapeau français à la main.

« Ils sont français ! On est enfin sauvés ! »

Toutes les personnes qui s'étaient cachées dans l'herbe se relevèrent d'un bond et accoururent jusqu'à la troupe. Gerard et Frank couraient derrière eux aussi, mais paraissaient plus timides. Une troupe de soldats les saluèrent en les prenant dans leurs bras. Ils les amenèrent un peu plus loin où des camions de l'armée française s'étaient arrêtés et quelques soldats en sortirent, tenant des paniers remplis de nourritures. Ils se mirent à les partager aux résistants et aussi à Frank et Gerard qui eurent droit à du pain, un bout de fromage, une pomme et un verre d'eau.

« D'autres soldats sont rentrés dans le village, ils vont tuer le reste des Allemands, expliqua un soldat français à un des résistants. On va vous amener vers un camp de soldats et de là vous choisirez ce que vous voulez faire.

- Excusez moi, demanda Frank au soldat dans un français bancale, avec mon ami, nous aimerions aller en Angleterre. Est-ce que vous pourriez juste nous amener à quelques kilomètres d'ici.
- Vous n'êtes pas français ?
- Je suis Italien, lui...
-... Américain, répondit le soldat en citant l'uniforme de Gerard. Vous avez fui le front.
- Non, assura Frank, il s'est évanoui et a repris connaissance quand le front n'était plus que désert et rempli de cadavres. Il a du se débrouiller seul et il m'a rencontré.
- Quelle histoire ! commenta un des résistants en riant. Digne d'un bouquin.
- Pas de soucis, dans moins d'une heure nous allons tous monter dans les camions et je verrai ce que je peux faire pour vous, promis le soldat en donnant une tape amicale sur l'épaule de Frank. »

Ce dernier sourit, un peu nerveux et se retourna vers Gerard pour le prendre dans ses bras.

« On va enfin aller en Angleterre ! De là bas, nous allons vivre heureux et tu pourras retourner en Amérique !
- Je ne veux pas retourner là bas tout seul.
- Comment ça ?!
- Si tu veux, tu pourrais venir avec moi. Ma tante habite à la campagne, on pourrait vivre chez elle, ça serait... »

Il ne put finir sa phrase, que Frank l'entoura de ses bras et se mit à pleurer à chaudes larmes.












*désolée pour cet immense retard, mais comme on est tous confinés je pense que je vais pouvoir écrire un peu plus. Et j'ai la fin de cette histoire, mais c'est une fin assez triste. Donc je pense que je vais changer, parce qu'ils me font de la peine quand même.*

Black Rain [frerard]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant