Chapitre 5 - Retrouvailles et opossum grillé

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Je revenais de plusieurs mois de tournée au Japon pour le Lac des Cygnes lorsque les choses avaient commencé à dégénérer. Le directeur de la compagnie avait pris la décision de mettre fin à notre virée nippone avant que l'épidémie ne prenne des proportions trop importantes, et par chance, j'avais réussi à attraper le dernier vol pour rentrer chez moi.

Le voyage pénible et interminable, ne s'était pas déroulé dans les meilleures conditions. En plus d'avoir dû supporter les hurlements incessants d'un nourrisson, mon portable ne fonctionnait plus. Je n'arrivais à joindre personne. Ni Daryl, ni Merle. Personne.

La moiteur qui m'accueillit lorsque je descendis de l'avion pour poser un pied sur l'asphalte me confirma que j'étais bien rentrée à la maison. Je remis mon vieux sac à dos sur mon épaule et me dépêchai de rejoindre l'aéroport. Je n'avais aucune idée de comment j'allais pouvoir rentrer chez moi, mais pour l'instant, la seule chose qui m'importait était de quitter cet endroit grouillant de monde au plus vite. Si comme on le disait les morts revenaient à la vie pour dévorer les vivants, rester dans un lieu bondé me semblait être une mauvaise idée.

A l'intérieur du terminal, la panique était à son comble. Les voyageurs couraient dans tous les sens, bousculant ceux qui se trouvaient sur leur passage sans se retourner. J'enjambai tant bien que mal des bagages éventrés qui vomissaient leurs contenus sur le sol à la recherche d'une issue. Le personnel avait déserté, les réseaux téléphoniques avaient cessé de fonctionner depuis plusieurs heures et, sans nouvelles de leurs proches, les gens commençaient à perdre possession de leurs moyens. Hurlements, bagarres, j'avais l'impression d'avoir rallié l'enfer sur terre. Je jetai un rapide coup d'œil aux tapis roulants qui étaient à l'arrêt et me félicitai d'avoir laissé ma valise à Tokyo. Je resserrai ma prise autour de la hanse de mon sac à dos qui contenait le strict nécessaire. Quelques vêtements de rechange, une brosse à dents, un vieux miroir de poche, un peigne et le plus important à mes yeux, quelques albums photos. J'aperçus finalement le panneau indiquant la sortie et me précipitai vers l'extérieur. Je regardai aux alentours, affolée. Pas de taxi, pas de navette. Je dus me rendre à l'évidence. Sans possibilité de joindre qui que ce soit, je n'avais plus 36 solutions. J'hésitai entre me mettre en route à pieds ou faire du stop lorsqu'une voix familière m'interpella :

- Casse-Noisette ! Amènes-toi !

- Merle ?! m'écriai-je, ébahie Qu'est-ce-que tu fais là ? demandai-je en grimpant précipitamment dans le vieux pick-up de Daryl.

- Je devais voir quelqu'un pour un truc, répliqua-t-il en jetant son mégot de cigarette.

Je le connaissais suffisamment pour savoir que ce fameux truc avait un rapport avec des stupéfiants. Toutefois, je m'abstins de tout commentaire, trop reconnaissante qu'il eut été dans les parages.

- Tu devais pas rentrer le mois prochain ?

- La tournée a été interrompue, expliquai-je en jetant un coup d'œil à mon reflet dans le rétroviseur. Comment vont les choses ici ?

- C'est la merde ! Y a de plus en plus de bouffeurs de barbaque, faut qu'on s'tire.

- Et pour aller où ? m'enquis-je.

- Atlanta.

***

Merle coupa le contact devant une vieille maison décrépie et je soupirai de soulagement en constatant qu'ici, rien n'avait changé. Je sortis du véhicule avant d'étirer mes bras au dessus de ma tête. Entre le décalage horaire et les heures passées dans l'avion, j'étais épuisée et n'aspirais qu'à prendre une douche chaude avant de me rouler en boule sous ma couette...douce utopie, songeai-je alors que je le savais, les retrouvailles avec mon père ne seraient pas des plus réjouissantes.

Breathe me [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant