Chapitre 23 - Adieux et Doc Martens

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Chapitre 23 – Adieux et Doc Martens

Caressant de leur clarté matinale la cellule du chasseur, les rayons du soleil perçaient faiblement à travers les barreaux métalliques de cette prison que nous appelions désormais maison. Je bâillai paresseusement, m'étirant en douceur, tel un félin éclopé. Une grimace de douleur crispa mes traits, ruinant toute la sensualité de mon étirement post insomnie. Je redressai ma carcasse avec une lenteur intolérable, frottant mes yeux encore chargés du manque de sommeil, lorsque mon archer arriva, arbalète et sac sur le dos.

- T'as réussi à dormir ? demanda-t-il.

- Un peu, répliquai-je avec un sourire faiblard.

- Je pars avec Rick et Michonne, t'as besoin de quelque chose ?

- De la guimauve, bâillai-je.

- De la guimauve ? répéta-t-il.

- Ouais, genre des marshmallows, tu vois ? Un truc bien mou, bien sucré, bien réconfortant.

- J'croyais que t'aimais pas ça ? marmonna-t-il.

- C'est le cas. Mais là, j'en ai besoin, répondis-je en levant mon regard sur lui.

Il s'approcha du lit et m'embrassa sur le front, sa main posée sur ma nuque caressant les quelques mèches folles qui s'échappaient de mon chignon improvisé.

- Va t'falloir de nouvelles pompes aussi, constata-t-il en désignant ma paire de Doc Martens qui avaient fini par rendre l'âme.

- Elles vont me manquer, soupirai-je, nostalgique. Je les ai acheté quand j'ai intégré...ma première compagnie.

Il ne répondit rien, perdu dans ses pensées, mordillant la pulpe de son pouce. Je me levai avec une nouvelle grimace et enfilai mon jean délavé, qui n'avait de jean que le nom tant il était troué.

- Faut qu'tu restes couchée, me sermonna-t-il nerveusement.

- Je vais pas aller courir un marathon si c'est ce qui t'inquiète. Et puis, Hershel a dit que je devais marcher un peu.

- Ouais, mais vas-y mollo.

- Je gère.

- C'est bien ce qui m'inquiète, grogna-t-il en redressant son arbalète sur son épaule.

- Est-ce-que tu insinuerais que je suis incapable de m'occuper de moi ? sourcillai-je, faussement vexée.

Accompagné de Carl, Rick passa dans le couloir, s'arrêtant devant la grille de la cellule.

- Comment tu te sens, Lola ? s'enquit-il, soucieux.

- Bien, mentis-je avec un aplomb particulièrement déroutant, même pour moi.

- Carl va venir avec nous, indiqua-t-il à l'archer. On se met en route quand t'es prêt.

- J'arrive, répliqua le chasseur.

- Repose-toi, ordonna le shérif à mon attention avant de s'éloigner.

Je plongeai un instant dans les iris de Daryl, me perdant comme toujours dans les tourments de son regard.

- Sois prudent, chuchotai-je.

Ses prunelles bleues rivées aux miennes, il me répondit par un signe de tête et s'éclipsa en silence. La gorge nouée, je le regardai disparaître dans l'escalier en acier. Je me recouchai avec un soupir, maudissant ce corps qui avait décidé de me faire défaut. Je fixai sans les voir, les croisillons métalliques de la couchette du dessus. Je n'avais plus de larmes à verser. Mon cœur était sec. Ce monde m'avait cassée...dans tous les sens du terme. Les images de mon agression et du meurtre que j'avais commis ne m'avaient pas quitté. Elles me hantaient, m'imposant sans relâche, leurs flashs incessants. Mon esprit torturé était en train de sombrer. Et moi avec.

Breathe me [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant