Quand la vie dit non, la mort prend le relais

Prologue

Elle était allongée sur un lit aux draps blancs. Sa peau paraissait douce et d'une couleur cadavérique, d'un blanc effrayant. Cela contrastait bien avec les bleus qu'elle avait à quelques endroits de son corps. Elle avait maintenant les marques gravées temporairement sur son épiderme. Les marques de ses conneries, de sa soif d'aventure et de rébellion qui lui avaient presque ôtée la vie. Quoiqu'on pourrait dire qu'à son âge, c'était normal de se sentir un peu brusqué par la dureté du monde. Mais ceux qui la connaissaient avant n'auraient jamais dit cela. C'était une fille timide, et particulièrement parfaite sous tous rapports. Elle était le reflet de l'enfant que tout parent rêverait d'avoir. Intelligente, gentille, sportive, souriante, et on aurait pu continuer la liste longtemps. Elle voulait rendre ses parents fiers d'elle, de leur enfant. Cependant, personne ne savait vraiment ce qu'elle était. En tout cas, elle n'était pas une enfant parfaite, pas dans son âme.

C'était vers ses quinze ans, elle rentrait à peine en seconde dans le lycée du coin. Seulement quelques semaines après la rentrée, les professeurs l'avaient déjà mise dans la case des bons élèves. Tout le monde la voyait comme une jeune fille qui dévouait sa vie au travail, et qui en dehors de ça, passait ses journées à se cultiver, et à continuellement apprendre. Ce n'était pas totalement faux. Oui, l'adolescente avait alors tout pour réussir un avenir fructueux et sans accroche. Un avenir que personne n'aurait refusé. Mais elle, elle l'avait fait. Elle avait foutu en l'air ce futur qu'elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas se contenter de travailler jusqu'à épuisement pour satisfaire ses parents. Elle voulait plus, elle voulait vivre sa vie à fond, pas une vie prémâchée et fade. Elle voulait être l'héroïne de son histoire.

Alors elle avait sombré petit à petit. Commençant par simplement refuser de faire les maudits devoirs de ces professeurs qui n'attendaient que la paye à la fin du mois. Ou à traîner devant le lycée avec les fumeurs, en demandant à droite, à gauche des cigarettes et du feu. Puis elle avait fait son gros coup. L'enfant sage et calme avait été remplacée par une jeune femme froide, distante, mais qui réussissait tout de même à continuer à impressionner. Cependant la drogue ravage tout. Si la première dose avait été vivifiante, la deuxième l'asservit. Elle avait au début, essayé d'arrêter, de se donner bonne conscience. Elle avait vite renoncé, ça ne servait à rien, elle en avait désormais besoin.

Elle s'était donc résignée. Elle avait découvert toujours plus de substances, et avait essayé toujours plus de moyens de faire monter son adrénaline. Peine perdue. Mais elle continuait, encore et encore. Elle avait rencontré tous les dealers de la région, goûté toutes les sortes de drogues. Le processus était engagé et il ne pouvait s'arrêter. Elle avait besoin de sa came. Et bien-sûr, ses parents, trop occupés avaient continué de travailler, prenant les avertissements de son entourage comme des blagues, refusant d'y croire. De toute façon, c'était trop tard. Dommage, elle aurait pu briller, dépasser le commun des mortels. Elle devînt l'ombre d'elle-même, le corps ravagé, et l'esprit encore plus.

Jusqu'à cette fois-là. Jusqu'à ce soir où encore une fois, ses parents, ses géniteurs n'étaient pas rentrés, préférant travailler que se confronter à leur enfant. Cela avait alors décidé la jeune fille, que personne ne souffrirait si, au grand malheur, il lui arrivait quelque chose. Donc elle prit plus que d'habitude. Elle but, elle fuma, elle s'enfonça dans un monde que personne ne connaissait, son monde, son cerveau. Sa conscience la quittait quand son corps s'effondrait sur le carrelage froid et dur. Sa vue s'était brouillée, et sa tête malade lui envoya un dernier signal. C'était la fois de trop. Et pour l'adolescente étendue sur le sol de sa cuisine, sa vie était finie.

Mais quand la vie dit non, la mort prend le relais.