Chapitre 9.2

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Je lui tend la main, et il la serre en retour. Je viens de signé un pacte avec cet homme méprisable.

Je passe mon pouce sur les cicatrices de mon bras. Elles ont quasiment disparu, ce don est bien pratique.

Maintenant, mon but, c'est trouvé des informations sur ce fameux dossier, et sur l'Institut en général.

Je dois partir d'ici, au plus vite, avant lundi prochain.

*

Le monde est cruel et sombre. Quand l'homme est capable de faire des prouesses, il détruit et plonge son existence dans le vice. Je ne suis pas croyante, je ne l'ai jamais été. Si réellement une entité existe, pourquoi s'acharne t'il sur certaines vies ? Pourquoi s'acharne t'il sur moi ?

Naître dans une famille qui ne vous aimes pas, c'est pas facile. Vivre avec le sentiment constant qu'on ai jamais assez bien pour ses parents, c'est une torture. Et mourir sous leurs yeux scrutateurs, c'est abominable.

L'amour m'a toujours manquée, je n'ai pas eu de mère étouffante d'inquiétude, ou de père protecteur. Je ne suis qu'une erreur, un enfant non voulu.

Ici, dans cet Institut, dans la deuxième chance que la vie m'a donnée, je pensais pouvoir être heureuse, vivre sans prise de tête, sans enjeux, sans poids sur mes épaules. Mais j'en ai maintenant, à cause de cette poignée de main, à cause de ce que je sais faire, de ce que je suis.

J'ai mangé rapidement, les aliments n'avaient pas de saveur, juste le goût de la colère. Edouard est un monstre, un chercheur sans cœur qui pour ses recherches donnerait la veuve et l'orphelin. Ou pire, torturerait la veuve, l'orphelin et tout le voisinage.

J'ai marché jusqu'au centre de l'étendue herbeuse de ce matin. Je suis assise au centre, les doigts enfoncés dans la terre tiède. Au loin, des Normaux courent en treillis vert kaki. Le vent souffle dans mes cheveux, ma peau frissonne. Les sensations sont tellement exquises. J'ai l'impression de redécouvrir mes sens, de redécouvrir ce que mon corps peut ressentir. J'ai dormi pendant longtemps, mon organisme était éteint pendant longtemps, alors il se rallume doucement, comme un vieil ordinateur de la génération d'avant.

Les minutes passent, et le soleil descend petit à petit. Les nuages ont dû partir dans l'après-midi, mais j'étais trop occupée, disons, pour le voir.

Lucas ne m'a pas donnée de lieu ou d'heure précise pour ce rendez-vous pédagogique. Il a juste dit qu'on allait développer mes pouvoirs ensemble. Idée plus ou moins réjouissante.

Ce mec est étrange, lunatique, dans sa bulle aux parois de fer. Je me demande s'il a toujours été comme ça, ou si avant que sa vie ne bascule, c'était un enfant normal et épanoui.

«On se réveille, Princesse ! »

Lucas vient me sortir de ma torpeur, avec toujours ce surnom insupportable, qui me donne envie de lui arracher la langue.

« Est-ce que tu savais ?!

-Savoir quoi ? »

Son petit sourire arrogant me fait lever dans un bond.

« Est-ce que tu savais qu'ils allaient me torturer !?

Quand la vie dit non, la mort prend le relaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant