Chapitre 5.1

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    Je ne suis pas en sucre. Dis-moi, ce que tu as à me dire.    

-Emma... La douce Emma... Ce que je vais te dire, tu le connais déjà, puisque c'est ta vie. Bon, commençons. Ton père était un des enfants génétiquement modifiés, comme je te l'ai dit. Et à l'égalité des autres, il était quasi vénéré par les chercheurs, car son sang était différent. L'Institut était alors, très peu connu, et ce n'était que le dernier espoir des couples stériles, un peu plus courageux que la normale. Parce que oui, l'expérience qui a modifié le gêne, était effectuée sur la mère enceinte. Il y avait donc des risques pour la mère. Et ton père était celui qui était le plus "réussi". C'est le dernier embryon modifié. Pourquoi ? Parce que, Christophe, l'homme dont je t'ai parlé tout à l'heure, a pris le dossier avec lui quand il est parti. Si tu te demandes pourquoi il est parti, c'est car il était jaloux de ton père... Chez lui, la modification a été très efficace, il est beaucoup plus intelligent que le commun des mortels. Ton paternel est un homme ambitieux, et après le départ de Christophe, il s'est promis de donner à l'Institut le pouvoir et le prestige qu'elle mérite. Alors avec Monsieur Haraud, il a entrepris ce projet. Et, il a brillamment réussi. C'est à ce moment-là, que ta mère est tombée enceinte. Neuf mois, plus tard, tu étais là.

-Et où est-il mon père maintenant ?

-Je ne sais pas. Tu veux que je continue, oui ou non ?

-Oui, vas-y...

-Merci. Je disais... Quand tu es née, ton père s'est opposé au fait qu'on te fasse passer des tests, comme les autres enfants. Et au vu de sa position, il n'a pas eu de mal, à convaincre les chercheurs que ce n'était pas nécessaire. C'est une des raisons de ma colère. Toi, tu es une fille à papa. Tu n'as jamais dû subir tout ça ! Bref, on ne refera pas le passé. Tu as grandi, et tu étais à la hauteur des attentes de tout le monde. Quand je suis arrivé ici, à mes 14 ans, on m'a raconté toute l'histoire. Et tu n'imagines pas le nombre de fois, où on m'a vanté ton brillant parcours scolaire, ton intelligence et ta grande beauté mystérieuse. Ensuite, tu as commencé ton addiction. Ils l'ont su évidemment. Et pourtant, ils n'ont pas cessé de t'admirer. Alors, que moi, au moindre écart, on me rappelait sans cesse, que je n'étais rien sans eux...

-Je suis désolée, Lucas...

-J'ai pas besoin de ta pitié, alors abstiens-toi, merci. Je continue. Une nuit, on a amené ton corps ici. Tu avais fait une overdose, et la vie t'avait quittée quand ton cœur s'était arrêté. Tu étais morte. (Je pâlis violemment, comment je peux être morte ?! C'est pas possible... Je me sens pas bien, j'ai du mal à respirer... Je recommence à faire une crise d'angoisse.) Emma, regarde moi dans les yeux. (C'est ce que je fais, ils sont si profonds, je pourrais me perdre dedans.) Prends une grande respiration. (Je me calme petit à petit, jusqu'à reprendre un rythme cardiaque normal.) Voilà, c'est bien. Laisse moi continuer, tu comprendras. Quand ton corps est arrivé ici, oui, tu étais morte. Mais comme moi, ton corps s'est sauvegardé pendant 1 an. Donc, ça fait 1 an que tu as fait ton overdose.

-Lucas... Je suis morte ... ?

-Non. Tu n'es pas morte. Est-ce que tu respires ?

-Oui...

-Est-ce que tu penses ?

-Je crois oui

-Tu es vivante. Tu es boulversée, tu ressens des émotions. Ton cœur bat. Emma, Tu. Es. Vivante. C'est clair ?

-Oui... oui... C'est juste dur à digérer...

-Je sais ma belle

-Tu peux éviter de m'appeler comme ça, c'était le surnom que ma grand-mère me donnait...

-Désolé, je sais tout et en même temps je ne sais rien. »

Je ne comprends pas pourquoi il est si gentil maintenant. Il y a quelques dizaines de minutes, il me haïssait... Je ne comprends pas pourquoi il a changé de comportement. C'est vraiment étrange. Je ne vais pas m'en plaindre, il était vraiment exécrable avant. Mais je soutiens quand même que ce changement de comportement est assez déroutant.

« -Lucas ? J'ai une question.

-Vas-y, mais je te garantis pas de pouvoir y répondre.

-Je peux toujours essayer... (Je respire un grand coup, et lui pose la question qui me brûle les lèvres depuis l'incident dans le hall.) Est-ce que... Est-ce que j'ai une ... particularité moi aussi ? »

Il lance un petit rire nerveux.

« - Oui. Enfin normalement. Mais on ne sait pas encore de quoi il s'agit. Les scientifiques qui travaillent sur nos cas, ont émis que trois possibilités : des pouvoirs psychiques, comme moi, des pouvoirs 'blancs', de guérison entre guillemets comme Catherine, et des pouvoirs de contrôle d'éléments, comme ... comme personne ! Bref. Et toi, on ne sait pas trop dans quelle catégorie tu seras. Soit tu auras une spécialité déjà vue, comme la télékinésie, ou alors soit tu auras une spécialité que personne n'a jamais vu. Dans ce cas là, tu devras subir beaucoup de tests pour qu'ils comprennent ce qu'il se passe.

-Et si je n'ai aucune particularité ?

-Alors, tu iras sûrement chez les normaux. Mais ça ne sera pas le cas, tu es la fille de ton père après tout.»

Ils ne savent donc pas, pour mon petit manège dans le hall. Pas encore du moins. Il faut que cela reste comme ça. Si j'ai bien compris j'ai un don psychique, puisque par le contact j'accède aux souvenirs de l'autre. Une autre question me brûle.

«-Lucas ? »

Il plonge son regard intense dans mes yeux. Il est surpris que je pose encore une question, ça se voit. Juste une, bel inconnu. Ok... je déraille.

« -Vas-y pose ta question.

-T'es devin ?

-Oui...

-Sérieux ?!

-Non (Ses yeux sont rieurs, et il rigole à moitié.)

-D'accord... Désolée, mais il va falloir du temps avant que j'assimile ça.

-Ne t'inquiète pas, je te taquine !

-Mouais... Bon, je voulais savoir, pourquoi je me suis réveillée dans une salle de chirurgie ?

-C'est plus de mon ressort ça... J'ai une idée, et si on allait parler à Monsieur Haraud ?

Quand la vie dit non, la mort prend le relaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant