Chapitre 4.1

79 14 1
                                    


J'ai peur.

Où sont mes parents ?

Je suis seule, dans un monde d'inconnus.

J'ai peur d'eux.

Qui sont-ils ? Que me veulent-ils ? Pourquoi moi ?

J'ai peur de moi.

J'ai vu sa vie. À cette fille. C'était ses souvenirs. Tous les moments marquants de sa vie. Il a fallu qu'elle me touche. Et visiblement, je ne suis pas la seule à être comme ça.

Catherine, cette jeune femme blonde aux yeux envoûtants de bonne volonté. Elle peut faire partager, faire vivre, ses sentiments. Dès que j'ai senti sa peau sur moi, je me suis sentie mieux, une vague de calme. Comment arrive-t-elle à contrôler ses émotions ? Pour le bien de tous, elle se doit de rester positive. Qu'est-ce que ça donnerai si elle rentre dans une colère noire ? L'entièreté de son entourage se met dans une fureur sans pareille ? Ça doit être quelque peu contraignant. Comment fait-elle quand elle a une mauvaise note ? Ou quand elle est triste ou fatiguée ? Elle a dû me toucher. Mais quand elle a rencontré Lucas, c'est avec sa voix qu'elle l'a ensorcelé. Peut-être qu'elle a appris à contrôler sa particularité à elle. Peut-être qu'elle arrive à la contrôler. Je dois apprendre à faire de même.

Et puis, il y a Lucas. Il a des pouvoirs lui aussi. Cette chaise a bougé, sous la force de son esprit. C'est normalement impossible. Et pourtant, je suis certaine de ne pas avoir hallucinée. Et sa vie est triste. Il a perdu toutes les personnes qu'il aimait. On pourrait dire comme moi, mais c'est faux. Mes parents étaient plus mes géniteurs. J'en suis vite venue à faire ma propre éducation.

Lucas... Lui il a eu des parents qu'ils l'aimaient. Et il les a perdus. Ce jeune homme mystérieux semble me haïr au plus haut point. Je ne comprends pas pourquoi. Il a dit me haïr pour mon soi-disant suicide. Mais je ne me suis pas suicidée. Je profitais juste de la vie à ma manière. Effectivement, ce n'était pas la meilleure manière, mais j'avais fait ce choix, il n'a pas à juger ou à critiquer. Et puis, le suicide est loin d'être un acte lâche. C'est un acte désespéré, il faut avoir sacrément du courage pour oser mettre fin à ses jours. La mort n'est pas quelques choses de facile.

D'ailleurs quand j'y réfléchis, nous sommes morts. Catherine est morte d'une maladie qu'il l'a affaiblie et d'un choc crânien  qu'il l'a achevée. Lucas a eu un accident de voiture qui a tué toute sa famille.

Et moi, j'ai ... j'ai fait une overdose...

Je suis morte...

Je vois mon corps étendu sur le sol de la cuisine, quand je suis tombée. Quand mon cœur s'est arrêté de battre à cause de la drogue.

Mon esprit divague, je revois des passages de mon enfance. Quand je pleurais pour une chatte grise qui s'appelait Grisette, elle était morte de vieillesse quand j'avais 6 ans. Je me revois rire aux éclats en colonie, devant le soleil couchant qui illuminait la nature de son reflet d'or. Je me revois pleurer dans un coin de la cour de récré. C'était avant ma grande Résolution visiblement. Peu importe.

Je me reconnecte violemment à la réalité.

La douleur écrase mes côtes. Mes membres brûlent. Ma tête est comme emprisonnée dans un étau.

Qu'est-ce qu'il se passe ?! Pourquoi j'ai aussi mal !?

J'étais dans cet espèce de hall, avec cette fille, Catherine qui me calmait. Et maintenant, je suis où ?

Je respire fort, et j'entends des gens qui s'affairent autour de moi. Le froissement du tissu épais des blouses blanches, les respirations rapides des gens stressés par la situation. Je ne suis que leur troisième cas. Et mon organisme est fragilisé à cause de toutes les substances de mon passé chaotique. J'ai tellement mal.

Quand la vie dit non, la mort prend le relaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant