Chapitre 3.1

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Je le fixe depuis, je ne sais pas peut-être, une dizaine de minutes.

Je suis immobile, je suis tétanisée.

Ma tête bourdonne de questions. C'est un peu trop, là.

Je ne comprends plus rien. Dans quel monde je suis tombée cette fois ?

Donc après, le monde de la bourgeoisie moderne, celui des toxicos, maintenant je suis chez les fous...

Non, mais c'est quoi ce bordel ?!

J'ai peut-être un traumatisme crânien. Tout ce passe juste dans ma tête. L'overdose a cramé mes neurones.

Ça ne peut pas être autrement.

Et cet idiot me fixe aussi, gêné. J'ai l'impression qu'il a pitié. Tu m'étonnes, il ne doit pas en voir souvent des gens délirer aussi violemment.

De toute façon, tout ce qu'il a dit juste avant est tout autant invraisemblable.

Comme si c'était possible, que je sois morte. Mais enfaite pas vraiment, parce que j'ai des pouvoirs magiques. Non, mais laissez-moi rire.

Merde, mais attend, ça veut dire que je délire ? J'ai pas pu inventer tout ça ! Faut être complètement cassé !

Là, j'avoue, c'est trop.

Ou alors, il me ment. Mais oui, ça doit être ça ! Il me haït pour une raison inconnue. Il veut me voir complètement perdue. Alors il a décidé de me raconter des mensonges ! C'est logique ! Et pour la chaise, il a sûrement un fil transparent. Oui, ça doit être ça. C'est sûr même.

Le soit disant Lucas bouge, il se balance du pied droit au pied gauche. Comme si, ça le gênait de me voir aussi paumée.

Il doit bien se marrer dans sa tête de me voir comme ça.

Il me faut des informations, de vraies informations. Il faut que je demande à quelqu'un d'autre. Il faut que je sorte de cette chambre.

Je détache mon regard de lui. Je suis encore allongée sur le dos. Mon corps me fait tellement mal, ça ne va pas être facile de se lever.

Je respire un bon coup, puis je lance mes jambes en dehors du lit. Rien que ce mouvement m'arrache un gémissement de douleur.

« -Arrête ! Tu ne dois pas bouger ! Ça fait trop longtemps que ton corps n'a pas bougé ! Vas-y doucement putain ! »

Je ne l'écoute pas. Je vois bien qu'il lutte contre lui-même pour savoir s'il doit intervenir physiquement ou pas. Et bien, non il ne doit pas. C'est un menteur, ça ne peut y être autrement, c'est tout. Je refuse de croire autre chose.

Je vais sortir de cette chambre, et là, quelqu'un va vraiment m'expliquer la situation.

Je bascule le haut de mon corps vers le haut. Je suis désormais assise vers la porte. Ma tête est envahie de douleur. Je lance un petit cri plaintif.

Mais je suis déterminée, je ne renoncerai pas. Cette fois, c'est à moi de décider.

Je pose mon pied droit au sol.

Outch.

Pied gauche.

Double Outch.

Je mets mon poids vers l'avant, pour me retrouver debout. Je reste quelques secondes, mon corps cri. Puis, d'un coup, mes muscles lâchent. Je m'écroule sur le sol.

Je vois du coin de l'œil, Lucas se précipiter vers moi. Il cri quelque chose du genre :
« Chambre 12, infirmière ! »

On se croirait dans une série télévisée. Mon corps est en pause, je crois. Mes oreilles se mettent à bourdonner, je n'entends plus rien.

Quand la vie dit non, la mort prend le relaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant