Chapitre 10.1

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Mes yeux descendent lentement le long de son corps, jusqu'à se poser sur l'espace de quelques centimètres entre les pieds du jeune homme, et le sol.

Il vole ?!

Il vole...

Il vole, bon Dieu !

C'est moi, je sais, je le sens. C'est moi qui contrôle ça...

Oh mon Dieu... Que suis-je capable de faire ?

*

Les jours s'enchaînent sans que je prenne le temps d'une pause. Trois jours se sont écoulés depuis lundi, depuis l'entretient avec Edouard, mais aussi depuis la découverte avec Lucas. Ce jour-là, on a compris que je suis capable de contrôler le ciel, l'air, les vents. C'est une source fabuleuse de bien-être et de joie. Mais la peur s'infiltre doucement en moi chaque fois que je m'exerce. Et si quelqu'un nous voyait ? L'Institut saurait et le lundi que je redoute tant arriverait plus tôt que prévu.

Nous sommes jeudi, et encore une fois, on me force à être assise pendant des heures à écouter des professeurs parler, jusqu'à l'évanouissement total de l'entièreté de la classe.

Les cours sont quelque peu différents de ceux enseignés au lycée public du secteur. Je ne sais pas pourquoi les Normaux ont besoin d'apprendre des choses de ce style. Alors oui, ils sont sensés devenir soldats, mais il y a quand même quelques matières étranges.

Les maths, le français, l'histoire, la géographie, tout est un peu près  normal. La seule chose qui me chagrine dans ces matières-là, c'est l'histoire du XXIème siècle. J'ai dormi un an entier, et pourtant toutes les notions s'arrêtent à l'année de ma mort, comme si l'humanité avait cessé d'évoluer. C'est vraiment étrange, mais les professeurs ne veulent pas répondre à mes questions. J'ai eu le droit à un « La curiosité est un vilain défaut, Mademoiselle ! », « L'homme ne peut pas briller tous les ans. » et enfin, mon préféré « Le monde s'est arrêté avec vous, Mademoiselle Emma. ». Même si ce compliment flatte mon ego, je sais bien que c'est faux, je sais bien qu'ils me cachent quelque chose. Je vais devoir découvrir ça aussi.

Je n'ai rien trouvé sur le dossier dont m'avait parlée Édouard. Comment s'appellent-il déjà ? La petite forêt ? La minuscule lune ? La petite nuit ? Oui ! C'est ça, la petite nuit. Je ne sais pas ce que veut dire ce nom pour le moins étrange. Je suppose que c'est un des aspects que je dois percer à jour.

Ces derniers jours, j'ai essayé de trouver des informations sans être obliger d'aller dans l'aile Nord. Mais je crois bien que c'est indispensable. Après avoir demandé discrètement à plus d'une dizaine de personnes, les seules connaissances que j'ai apporté sont que c'est un dossier sensible, que personne n'a le droit de lire, et qu'il parle d'un sujet qui ne doit en aucun cas être divulgué. Super comme info...

Mon dos est ankylosé comme si je fêtais mon quatre-vingtième anniversaire demain. Cette chaise me brise en petits morceaux, je n'en peux plus. Quand on m'a dit que j'étais morte, mais en fait pas vraiment, je pensais qu'on n'allais plus jamais m'obliger à suivre des cours de maths ! Tendre innocence...

Alors je peux dire à l'instant même, que c'était une belle connerie. Mes omoplates avachies sur le dossier en bois, je dois avoir le même air qu'avant ma petite overdose. L'aspect je-m'en-foutiste me va à ravir, je trouve.

Quand la vie dit non, la mort prend le relaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant