Haine

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Mei observait Eli partir, tout sourire aux lèvres, avec le Jedi. Il y a quelques secondes encore, elles rêvaient ensemble de s'échapper, elles imaginaient ensemble conquérir l'univers, mettre fin à l'esclavage et au travail des enfants, elles imaginaient vivre ensemble toute leur vie. Elles avaient toujours été ensemble, depuis qu'elles avaient été recueillie par l'orphelinat Tjod-Da et son immonde directeur Dug, portant le même nom que son horrible établissement. Mei la pleurnicheuse, Mei la fragile, Mei alors brisée par sa vie, avait vu en Eli une lumière, une force de la vie, capable de tout surmonter avec le sourire, insouciante dans les mauvaises passes grâce à l'espoir d'un meilleur lendemain. Elles avaient échappé aux gangsters de Nasha ensemble. Elles avaient survécu aux longues années à la mine. Elles avaient mûri trop vite pour leur âge, privée des joies d'une enfance en sécurité, obligée de travailler pour payer leur rente à l'orphelinat, où pas un jour ne passait sans que le directeur ne menace de les mettre à la porte, sans que les autres pensionnaires, pour la plupart bien plus vieux, ne tentent de les voler ou de les toucher. Aucune loi ne les protégeais, aucun justicier ne s'était levé pour les protéger, aucun prince charmant n'était venu les secourir. Juste un vieil ermite Jedi plein de promesses futiles, et maintenant, ce Jedi. Qui lui enlevait son Eli à elle. Sa lumière. 

Il était hors de question qu'Eli continue à vivre sur le caillou perdu qu'était Dracos. Elle méritait mieux, pensait Mei. Mais ce vieux sorcier avait refusé de la prendre elle aussi avec lui. Refusé. Il lui avait jeté le même regard que lui jetaient les nobles de la cité, au vu de ses fripes et de son air farouche. Elle détestait ce regard. Les regard des adultes sur les choses qui les révulsent. Et c'est ainsi que, sans en avoir conscience, la petite fille porta ce regard qu'elle haïssait tant sur le dos du Jedi, alors même qu'il jetait un coup d'œil en arrière sans s'arrêter. Une haine brûlante, une colère immense enflaient en la fillette, une crise comme les enfants savent faire. Mais Mei était toujours impassible. Elle gardait depuis toujours cette rage enfermée sous cette coquille dépourvue d'émotion. Une coquille qui commençait à se fissurer. 

Le vaisseau allait partir. La petite Mei rentra en traînant des pieds à l'orphelinat. Là, l'attendrait le vieux Dug, qui aller la battre pour avoir raté un jour à la mine. Les autres seraient réjouis de pouvoir avoir plus à manger au repas, comme si la disparition d'Eli ne les touchait pas. Comment pouvaient-ils ne pas avoir mal? Pourquoi elle même avait si mal? Son coeur était serré si fort qu'elle avait la sensation qu'il allait exploser. Sa gorge était nouée au point qu'elle en avait du mal à respirer.
Elle ouvrit la porte.
"Te voilà sale peste! Lui lança immédiatement le Dug dans son langage rocailleux. L'alien se jeta dans sa direction à l'aide de ses puissants membres et la mis au sol en un coup.
"Toi et ton amie vous me faites perdre de l'argent chaque jour avec vos fugues! Ce soir tu dors dans la cave!
Il jeta un rapide coup d'oeil derrière elle et dans la rue.
"Elle est où, l'autre gamine? Lança-t-il à nouveau dans sa langue maternelle.
-Partie. Gémit Mei, que le directeur tenait maintenant par le cou.
-Comment ça partie? Tu te fous de moi sale humaine? Cria-t-il.
-Partie. Avec le Jedi.
-Tu mens gamine! Hurla-t-il. Où s'est elle planquée? Si tu crois que tu peux lui éviter la punition comme ça, tu te trompe sale gosse!
Il s'enfonça dans l'orphelinat délabré, la traînant par terre - les dugs ne sont pas très grands. Elle vit le regard des autres habitants, tantôt exaspérés par le tapage, tantôt apeurés par la violence, tantôt soulagés de ne pas en être la cible. Elle vit tous ces regards, ces yeux vides de compassions qui allaient retourner à leurs activités comme si de rien n'était dès qu'elle serait arrivée dans la salle de punition. 

Salle où le dug arriva bientôt avec sa captive, qu'il jeta violemment au sol une fois arrivé. Il saisit le fouet électrique qui lui servait à punir les moins obéissant, l'alluma, une lueur cruelle dans le regard, et l'abattit immédiatement sur le dos de la petite fille qui essayait de se relever.
Mei n'avait pas été dans la salle de punition depuis longtemps. Et le dug était très énervé. Il frappait, frappait, et frappait encore, plus qu'il n'avait jamais frappé. Et hurlait:
"Comment a-t-elle osé! Elle me doit tout! Sans moi elle serait morte comme la chienne qu'elle est dans la rue! Je lui ai offert un toit! Un foyer! Un travail! Une famille! Je suis un père pour vous... ET C'EST COMME ÇA QUE VOUS ME LE RENDEZ??? 

Son bras décrivit un grand arc de cercle. Le fouet siffla une nouvelle fois, puis violent que jamais, tel un serpent géant de Korba attaquant la chair innocente d'une petite fille d'à peine 6 ans.
Mei tourna ses yeux vers son bourreau, attendant un coup qui ne venait pas. Elle pleurait. Elle qui avait cessé de pleurer il y a bien longtemps, elle qui avait tout enfoui pour être le pilier solide d'Eli, avait craqué. Elle se mit à hurler quand le coup le plus fort lui déchira le dos. Elle pleura toutes les larmes de son corps. Son bourreau fulminait, criait, mais rien n'y faisait : il avait perdu une des petites qui lui rapportaient tant. Il les aurait peut être vendues une fois plus grandes, et aurait empoché un beau pactole. Il ne pouvait croire qu'il avait été trahi comme cela.
Mei, elle, rampait au sol. Les larmes brouillaient sa vue. Son dos couvert de marque, ses vêtements déchirés, son sang coulant au sol, son amie perdue. Tout tourbillonnait dans son esprit blessé, violemment. Il ne restait qu'une chose claire à la petite fille. Une haine violente, incontrôlable, qui ne demandait qu'à se déverser comme un torrent et à tout emporter sur son passage. Alors que le fouet siffla une nouvelle fois en l'air, Mei tourna une nouvelle fois les yeux vers le Dug. Le fouet s'arrêta en l'air, comme suspendu par des fils invisibles en pleine course. Surpris, le directeur força, mais rien n'y faisait, une force inconnue empêchait le fouet d'achever son oeuvre. Mei se releva en titubant, et le directeur fut violemment projeté contre le mur par une même puissance invisible. La jeune fille était debout, éméchée, les yeux emplis de larmes et le visage marqué par la haine. Le Dug prit soudain peur. Il n'avait jamais vu Mei perdre son calme imperturbable. Mais il était trop tard. Le bourreau se sentit s'éloigner du mur, puis y être à nouveau projeté avec plus de force. Il s'enfonça un peu dans l'épais mur en brique sous l'impact. Puis, il s'en éloigna à nouveau, sonné. Il flottait à quelques centimètres du sol. Devant lui, la petite faisait bouger ses mains en arrière. Il se rappela que les Jedi possédaient une capacité à faire léviter les objets. Impossible! La petite était donc une Jedi? Se dit il, ignorant le fait que tout être peut être sensible à la force, sans forcément être un Jedi. 

"Arrête! Supplia-t-il. Je te donnerais double ration.
Mais l'expression terrible du visage de l'enfant ne changea pas. Il fut à nouveau projeté, avec plus de force. Et encore. Et encore. Et encore. 

"ET ENCORE! ET ENCORE! EN ENCORE! EEEET EEEENCOOOORE! 

Mei hurlait sa rage. Toutes ces émotions si souvent refoulées refaisaient surface. Elle envoyait le Dug de toute ses forces contre le mur. Qui se craquelait lentement, coup après coup, alors que le corps de l'infâme directeur craquait un peu plus à chaque secousse. Soudain, sa haine atteint un pic; le corps du directeur vola vers l'opposé de la pièce, derrière elle, et, d'un violent coup de bras, elle l'envoya à pleine vitesse frapper à nouveau le mur au même endroit. Un craquement sinistre retentit, en même temps que lui bruit de l'effondrement du mur. Le corps le traversa entièrement et s'affala de l'autre côté : il y avait longtemps que le directeur avait perdu la vie. Malheureusement, la créature qu'il avait lui même créé, être de haine sous des traits d'enfants, n'était toujours pas satisfaite.
Elle pénétra dans les dortoirs. Tout s'envola. Et ce fut le chaos.

****

"Ça va où?
-Dromund Kaas. Capitale de l'Empire. Avec l'arrivée de la République ici, certains préfèrent rentrer chez eux. Dit l'officier d'entrée de la navette de liaison interplanétaire. Mais tu es qui, toi?

Il baissa les yeux vers son interlocutrice. Un gamine, au grand yeux violets, cachée d'un un grand manteau marron à capuche rabattu, bien trop grand pour elle, qui traînait derrière elle. 

"Qu'est ce que tu fais ici, gamine? Rentre chez toi, il est tard. Se reprit-il.
-Je peux payer. 

Elle sortit une bourse remplie de monnaie impériale. Les yeux exorbités, l'officier prit la bourse et fit monter la petite, content de son affaire.
Au loin, dans la ville, des flammes s'élevaient d'un orphelinat. 

Dug :

Dug :

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La Voie du Sith [INAC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant