IX. Blood and Regrets.

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« Je ne sais même plus à quel âge je l'ai rencontré. J'avais la vingtaine, j'étais fraîchement diplômée et je suivais des études qui ne m'intéressaient pas. Mais j'avais réussi à trouver un boulot dans un bar du coin de ma rue. C'était une douce et fraîche nuit d'été... » :

Flash-Back _ Iris

Je prépare le martini que cet homme aux yeux ronds me demande. Je hais le regard qu'il pose sur moi, j'ai l'impression d'être un vulgaire bout de viande sans défense. Je m'assure de plonger une cuillère de piment fort dans le doux cocktail que je lui prépare. Mon patron me tuerait s'il était au courant mais je déteste les machos.

Je pose la boisson sur le comptoir et adresse un sourire hypocrite à ce répugnant être masculin. Disons que les hommes me dégoûtent plus qu'ils ne me plaisent. Une raison à cela ? Aucune. Je me dis juste qu'ils sont des êtres à part, des beaux parleurs qui sont prêts à tout pour emmener une jolie jeune fille chez eux. Même passer pour des gros dégeulasses.

Je vois le client s'étouffer, visiblement surpris du petit ingrédient imprévu dans son breuvage. Il m'adresse un regard tueur et se lève d'un bond, comme pour m'arracher les yeux.

« Toi, pauvre traînée ! Qu'est-ce que t'as mis dans mon verre ?! hurle-t-il, très fâché.

- Fallait me dire que vous ne teniez pas l'alcool, je me serais calmé sur la bouteille ! je rétorque, le sang chaud. »

Je sais pertinemment que je risque de me faire renvoyer sur le champ si cette mascarade continue mais visiblement, ce boulot commence sérieusement à me peser sur les épaules. J'en ai plus que marre de rester ici à concocter des boissons que je ne peux même pas toucher et à être la cible des regards de gros dégoûtants dans son genre.

« Viens par ici que je te broie les os, p'tite p*te !

- Oh mais pourquoi tant de vulgarités cher monsieur ? Ne savez-vous pas que les hommes sont beaucoup plus charmants sans ce mauvais langage dans leurs bouches. Je réplique, tout aussi violemment que lui. »

Alors que je m'apprête à servir un autre client, l'homme me saisit le bras et l'empoigne dans sa main de fer. Je sens mon bras qui se compresse et mon sang qui ne passe plus. Jusque-là, j'avais gardé mon calme mais je refuse qu'un mec aussi repoussant et horrible me touche.

« Lâche-moi espèce de crétin !

- Tu vas me resservir un verre avant que je te refasse le portrait vieille pourriture ! il crie, complètement rouge dû à l'effet du piment.

- Ecoute-moi bien imbécile ! J'en ai ma claque de servir des gros lourdauds crasseux dans ton genre, qui n'a rien d'autre chose à foutre que de reluquer le corps d'une femme qui n'ose même pas le regarder ! Alors, tu vas me faire le plaisir de dégager d'ici avant que je passe derrière le comptoir pour te régler ton compte ! »

Je reste moi-même quelque peu étonnée de mes propres paroles. La poussée d'adrénaline te fait faire des choses insensées. C'est sûr, je vais me faire virer d'ici demain matin et je n'aurais plus aucune source de revenu. Pendant que je fixe l'homme aux cheveux gras avec un air de défi, j'entends une voix qui s'élève parmi les spectateurs hagards de la scène.

« Je te conseille d'obéir à la miss. Ça m'étonnerait que tu veuilles finir comme ton copain Billy. »

Après ces mots, le fameux « copain de Billy » me lâche le bras et je le masse, essayant d'enlever toutes traces de ses doigts sur ma peau. Il a laissé des rougeurs énormes, dû à sa main gigantesque. J'aimerais bien lui envoyer mon poing dans la figure mais je crains de voir mes os se désassembler devant mes yeux. Il finit par quitter l'endroit, le regard noir.

« Above The Clouds »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant