Chapitre 4

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Les jours suivants passèrent comme dans un rêve. J'étais à ma place dans cet univers, on passait la plupart du temps à cheval, Sweetie était une super petite jument vive et intelligente. Je m'attachai immédiatement à elle. Les jeunes m'adoptèrent et me taquinèrent sans relâche. Alicia s'était montrée telle que Sam me l'avait décrite : pétillante, intéressante et très bavarde. Malgré nos nombreuses discussions, nous n'avions pas reparlé de Tom. Je n'avais pas cherché à poser plus de questions, tentant plutôt d'oublier le bel Apollon, qui n'était, décidément, pas fait pour moi ! Quant à celui-ci, il se faisait très discret. Je l'apercevais de temps en temps, gardant un œil sur le camp, mais sans jamais approcher d'assez près pour engager la conversation. S'il avait quelque chose à dire, il venait le dire à Alicia qu'il semblait apprécier, quoi qu'elle en dise, puis il repartait se cacher.

Un soir, je quittai le camp, pour me balader tranquillement dans la forêt, heureuse d'être enfin un peu seule. Je cueillais quelques baies quand, en relevant la tête, je perçus un mouvement devant moi. Au début, je n'aperçus qu'une masse de poils marron. Puis, la boule de poils se redressa sur ses pattes arrière, de sorte que je dus relever la tête pour la voir en entier.

Il y avait un ours juste en face de moi !

Comment avait-il fait pour se retrouver si près sans que je l'entende arriver ? Énorme comme il l'était, cela semblait inconcevable. Bizarrement, au lieu d'avoir peur, je restai figée devant la beauté de l'animal. J'analysai ses énormes pattes terminées par des griffes acérées. Son museau légèrement pointu et humide surplombant des canines qui n'avaient rien à envier aux plus redoutables prédateurs. Son poil épais et marron n'avait rien de doux. Pourquoi utilisait-on des ours en peluche pour faire dormir les petits enfants ? C'était totalement inapproprié ! Je me promis de ne jamais acheter cela aux miens si j'en avais.

Mon cerveau reprit un peu de vitesse, et eut la décence de m'envoyer des signaux de danger. J'hésitai entre courir ou me cacher, mais dans un cas comme dans l'autre, j'avais conscience de n'avoir aucune chance. La bête était énorme et vraiment trop proche pour me laisser la moindre chance de m'échapper. Ceci dit, elle aussi m'observait, ne sachant comment agir, rugissant bruyamment vers moi. Je décidai finalement de ne pas bouger, pour ne pas l'énerver davantage. Il avait l'air furieux, mais il ne m'avait pas encore coupée en deux, ce qui était bon signe, estimai-je. Pour autant, il n'avait pas l'air prêt à s'en aller. Qu'attendait-il ? Peut-être était-ce ses baies et qu'il aurait suffi que je m'en éloigne doucement pour le calmer.

J'en étais encore à l'élaboration d'un plan tactique, qui consistait à m'abaisser et me cacher dans le buisson, en espérant me faire oublier, quand je vis un léger mouvement sur ma gauche et Tom entra dans mon champ de vision.

Mais que faisait ce fou, à approcher ?

Je voulus faire signe à Tom de s'en aller, mais un mouvement brusque ne me paraissait pas conseillé dans ma situation. Sauf que si l'autre fou continuait de s'approcher, mon plan (qui n'en était pas vraiment un, je l'avoue) allait à coup sûr capoter, et nous allions tous les deux finir dans le ventre de cet ours, ce qui était une bien trop grande proximité à mon goût.

Winnie rugit et se mit sur ses pattes arrière pour m'intimider et donna un coup de patte dans l'air, comme pour me prouver que ses griffes étaient de la même taille que celles de Wolverine. Je jetai un rapide coup d'œil vers Tom afin de lui faire comprendre de fuir, mais il n'était plus là. Je crus qu'il m'avait laissée tomber et me sentis l'espace d'un instant, désemparée. Mais en me tournant vers Winnie, il était là. Il faisait face à l'ours. Il ne m'avait pas abandonnée, il semblait se sacrifier pour moi.

— Tom, non, soufflai-je doucement.

Il se rapprochait dangereusement de l'énorme animal, et lui faisant face, nullement effrayé. On aurait dit qu'il communiquait avec l'ours qui semblait lui répondre, bien que cela me semble inconcevable ! Il était si proche qu'il aurait pu le toucher, et moi, je restai là, tétanisée, à me demander ce qu'il comptait faire. Il était hautement improbable qu'il tente de se battre avec l'animal, alors pourquoi ne s'éloignait-il pas ? Et pourquoi continuait-il de lui parler ? Ah non ! Je me rendis compte qu'en fait c'était à moi qu'il parlait. Zut, il aurait pu parler français que je comprenne, avec la situation un peu spéciale, je pataugeais pour la traduction et c'était sûrement important !

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant