Chapitre 16

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On passait devant la maison de Sakari quand la petite Sora sortit de chez elle un livre en main et courut vers moi.

— Amy, tu me lis une histoire ? Te plaît ?

Je souris, fondant devant ses joues roses...

— Avec plaisir ma jolie, on s'installe ici, lui proposai-je, en m'adossant à un grand arbre. Bly, je te laisse rentrer ! J'ai une mission de la plus haute importance à accomplir ! On se voit tout à l'heure. Merci pour ta franchise ! ajoutai-je avant qu'il ne parte.

— Ça marche ! Tu retrouveras le chemin quand tu auras fini ?

— J'espère, sinon, je serais vraiment lamentable...

Je m'assis confortablement, adossée à un arbre, Sora assise tout contre moi pour pouvoir voir les images et je commençai à lire une histoire que je connaissais bien : « Il était une fois, dans un royaume enchanté, une belle princesse... »

J'arrivai à la fin de l'histoire, tournant la dernière page, quand je vis Tom qui me regardait de loin, son beau chien, fidèlement assis à ses pieds. Mon histoire était finie et la nuit tombait. Il était temps de rentrer.

— Amy, pourquoi la sorcière est vilaine avec la princesse ? me demanda Sora en tournant sa jolie frimousse vers moi, les yeux pleins de questions.

— Je ne sais pas, ma douce. Il y a un peu de tout dans le monde. Des blancs, des noirs, des petits et des grands. Il y a des personnes qui sont gentilles, d'autres qui le sont moins. Et certaines ne le sont pas du tout.

— Pourquoi personne ne s'en occupe ?

— Que lui ferais-tu, toi ?

La petite prit le temps de réfléchir.

— Je lui ferais ressentir la douleur qu'elle fait aux autres, répondit-elle, soudain. Comme cela, elle comprendrait qu'elle doit arrêter. C'est maman qui m'a montré. Un jour, je voulais faire un câlin au chat. Je l'ai attrapé et serré très fort. Il m'a griffée et je l'ai tapé pour le punir. Maman m'a dit que c'était ma faute, mais je pensais que ce n'était pas vrai. Je voulais juste lui faire un câlin. Puis j'ai eu mal au ventre et au cou, comme si on me serrait fort. Je me suis mise à pleurer, car ça faisait mal. Maman m'a dit que c'était cela qu'avait ressenti Tris, notre chat, quand je l'avais câliné.

La petite me regarda très sérieuse.

— Tu vois, je faisais du mal, mais je voulais faire du bien. Je ne savais pas comment faire. Maintenant, je lui fais des doudouces et on est copines avec Tris. Elle m'a pardonné de l'avoir frappée. En plus, on ne voit presque plus la griffure sur mon visage.

Sora me montra une fine ligne blanche qu'elle avait sous l'œil.

— Peut-être que si quelqu'un montrait à la sorcière qu'elle fait du mal aux autres, elle arrêterait aussi !

— Peut-être Sora, tu as raison. Il faudrait que quelqu'un lui montre, répondis-je, sous le choc devant tant de sagesse précoce.

Sakari, voyant qu'on se levait, sortit de la maison récupérer sa fille et m'apporta un morceau de gâteau encore tout chaud.

— Merci pour Sora, me dit-elle. Je pense que c'est bien pour elle de se rendre compte qu'il y a d'autres personnes dans le monde et que malgré ce qu'on entend par ici, certaines d'entre elles sont intègres.

— Merci Sakari, pour ta confiance. En fait, il y a beaucoup de belles personnes dans le monde. Heureusement, d'ailleurs... Et Sora me semble prête à aider celles qui le sont moins. Vous savez, tout le monde n'est pas né avec...

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant