Chapitre 6

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J'étais en train de préparer Sweetie dans l'écurie, avant notre départ en randonnée pour le second mois quand Tom y entra. Il était si préoccupé qu'il ne me vit même pas.

— Ça va, Tom ? demandai-je, étonnée.

Il était perdu dans ses pensées. Il se tourna vers moi, surpris, acquiesça.

— Salut Amylianne. Désolé, je ne t'avais pas vue !

Il vint me rejoindre et s'assit sur une botte de paille.

— Je ne sais pas ce qui te tracasse à ce point, mais si je peux faire quelque chose...

Il se mit à rire. Je le regardai, muette, ne sachant si je devais m'indigner ou si je devais rire avec lui. Mais je me rendis compte qu'il riait jaune. Son rire cessa et il me regarda, désemparé.

— Je... En fait, je venais chercher mon cheval. Je dois rentrer !

— Tu... Tu vas revenir ? demandai-je, soudain alarmée de ne plus le revoir.

— Non, je ne peux pas.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

Il eut un petit rire triste.

— Tu veux la vérité ? Je peux bien te la dire, pour une fois ! À cause de toi !

— Pardon ?

— Il parait que nous sommes trop... proches ! On m'a demandé de rentrer.

— Qui ça, « on » ?

— Ma famille, ma tribu... Je ne suis pas censé côtoyer les autres. Je suis juste là pour vous protéger. Je ne devrais pas vous parler, normalement, m'expliqua-t-il, soudain amer.

Je le regardai sans comprendre.

De quelle planète venait-il ?

— Mais... C'est dingue !

— C'est peut-être dingue, mais je n'ai pas le choix, ajouta-t-il, en se levant.

— On a toujours le choix, remarquai-je, vraiment déçue.

— Dans ton monde, surement, mais chez moi, ce n'est pas aussi simple. Je n'ai aucune envie de partir, mais...

— Alors, reste, murmurai-je d'une toute petite voix.

Il soupira.

— Je sais que toi, tu ne te laisserais pas faire. Tu ne laisserais jamais quelqu'un choisir pour toi ! Je te vois jour après jour, affronter la vie et ses difficultés, pleine d'entrain, d'assurance et de caractère. Même quand tu as peur, tu fonces. Je t'admire et je voudrais savoir comment tu fais. Je voudrais avoir le courage de m'opposer aux décisions qu'on m'impose, mais il y a tellement de choses qui me retiennent, m'avoua-t-il, et je n'arrive pas à faire abstraction de cette peur, comme toi, tu le fais.

Son honnêteté m'ébranla. C'était tellement inhabituel ! Il me sourit, l'air penaud.

— Si je peux t'aider, proposai-je en m'approchant, tu n'as qu'à demander.

Soudain, il me prit la main.

— Amylianne, il y a quelque chose que je voudrais te demander...

Puis son regard se dirigea vers la porte, son visage se métamorphosa en un masque d'impassibilité et il me lâcha la main.

— Tom ! soufflai-je, pour le retenir.

Mais il me fit signe que non.

— Je dois aller mettre les chevaux en pâture. Salut Seth !

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant