— Tire plus fort, me cria Sam.
Je mis tout mon poids pour tendre la bâche, enfonçant profondément mes pieds dans la boue, pendant que Sam mettait des piquets pour la maintenir en place. Je relevai la tête pour voir si les autres s'en sortaient. Peine perdue. Je ne distinguais rien à plus de trois mètres de moi tant la pluie tombait avec intensité, mais je savais que tout le monde s'activait dans ce déluge pour se créer un abri bienvenu. Le ciel était lourd et menaçant, presque noir. On était pourtant en plein après-midi. Nous nous étions arrêtés, après une longue chevauchée qui avait commencé tôt ce matin, dans le but de rejoindre le Ranch le plus rapidement possible.
La pluie avait commencé hier et ne s'était pas arrêtée depuis, s'intensifiant ces dernières heures. Et le pire était à venir, quoique j'imaginais mal comment ça pourrait être pire. Tom nous avait parlé de la tempête qui arrivait, trois jours plus tôt. Nous étions, à ce moment-là, bien loin du Ranch et par sécurité, nous avions changé notre itinéraire, pour retourner vers la maison qui était le seul abri en dur à des kilomètres. Il y avait bien un refuge, mais il était à l'opposé et il avait fallu faire un choix. Au Ranch, nous aurions tout ce dont nous avions besoin en ravitaillement et couchettes, mais il y avait la rivière à traverser. Nous avons choisi cette option et nous nous étions pressés. La pluie avait fini par arriver et à part le fait d'être tous trempés, pour le moment, tout allait bien. Nous avions des bâches en prévision du mauvais temps et ce n'était pas la première fois qu'on affrontait la pluie.
Nous avions fait halte à l'abri de grands arbres bien costauds et bien touffus, qui permettraient aux chevaux de se mettre à couvert aussi. D'après Tom, on risquait de se prendre une branche sur la tête avec la tempête si on campait là-dessous, mais il était tellement grognon ces derniers jours que tout ce qu'on décidait paraissait être une mauvaise idée. Il passait son temps à nous houspiller, il voulait qu'on aille plus vite, qu'on s'arrête moins, que l'on parte plus tôt. Tout le monde était crevé et plus personne n'avait envie de l'écouter. Toutes ses prédictions nous annonçaient le pire et on essayait vainement de positiver. On avait donc monté les tentes sous les arbres et il nous avait regardés faire l'air particulièrement mécontent. Les jeunes se dépêchaient d'attacher les bâches sur leurs tentes pour mieux les isoler et dès qu'ils eurent fini, ils se réfugièrent dedans afin de se mettre enfin au sec. Ils avaient été courageux ces derniers jours. Aucun d'entre eux n'avait rechigné malgré les difficultés qu'apportait le mauvais temps. On était trempé des pieds à la tête. Mon imperméable avait transpercé depuis longtemps et je me baladais en short et tongs, tentant de garder quelques affaires chaudes au sec pour quand je pourrai me mettre à l'abri.
Les tentes montées, je me forçai à aller rejoindre Alicia qui essayait d'allumer un feu avec le bois mouillé. Tom était avec elle et leur discussion paraissait houleuse.
— Que se passe-t-il ? demandai-je, les regardant tour à tour, c'est à cause des arbres ?
— S'il n'y avait que ça ! grommela-t-il.
Alicia me regarda, l'air exaspéré. Elle aussi grelottait dans ses vêtements mouillés, mais elle gardait son caractère intact.
— Tom ne veut plus retourner vers le Ranch. Il dit que c'est trop tard. À moins, précisa-t-elle en détachant bien chaque syllabe, de ne pas dormir, de laisser toutes nos affaires en plan et de galoper toute la nuit. Elle écarquilla les yeux en secouant la tête, comme si elle le trouvait complètement fou.
Je regardais Tom d'un air étonné.
— Pourquoi ? lui demandai-je, sachant qu'il devait avoir une bonne raison.
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Un oiseau en cage
ParanormalC'est dans un Ranch aux USA, qu'Amy trouve un job d'été à la fin de ses études, en tant qu'animatrice de camp de vacances. À travers les fabuleux espaces du Montana, ils partent randonner à cheval, sous la protection de Tom, un ténébreux jeune homme...