Chapitre 11

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Lusio me regarda, surpris.

— En fait, Amy, ce n'est pas à toi d'en décider, m'expliqua Cham, mais au conseil. Il a néanmoins le droit de te consulter avant de nous soumettre sa décision. Donc, tu souhaiterais qu'on t'efface et que tu rentres chez toi ?

— Oui, merci. Ce serait parfait, répondis-je plus poliment, dépitée que mon avenir soit entre les mains de ces gens.

— Qui d'entre vous est d'accord avec cette sentence ?

Cham passa un regard circulaire sur l'assemblée. Je le vis jeter un coup d'œil à son fils qui se trémoussait sur sa chaise. Ils devaient communiquer par la pensée. Que se disaient-ils ?

Le Niitsivisu se leva et prit la parole, ce qui sembla énerver le père de Tom.

— Je m'oppose à cette décision. Nous savons à présent que l'effacement n'est pas fiable. Malgré nos études approfondies sur le sujet, un fait déclencheur peut lui faire retrouver la mémoire et ce serait une catastrophe en chaine si elle parlait de nous. Il faudra effacer d'autres personnes, les surveiller. Je n'ai pas le temps de me préoccuper de ces problèmes. Par contre, cela fait bien longtemps qu'une étrangère n'a plus vécu parmi nous. Et puisque Donoma nous a quittés... De plus, celle-ci a beaucoup voyagé. Nous aurions de nombreuses choses à apprendre sur elle, mais également sur les civilisations qu'elle a côtoyées. Je voudrais la garder en observation quelque temps. Par la suite, on pourra toujours l'effacer, quand elle ne nous servira plus.

Charmant !

Il se tourna vers Cham, qui semblait se retenir de l'étrangler.

— Ton fils l'a compris rapidement et il en a profité pour l'étudier pendant un mois. Je voudrais en faire autant.

Ainsi, Thomas m'a « étudiée » ? Il existe des écoles, sinon, hein !

Je voulus intervenir, mais Delsin me pressa la main en faisant « non » de la tête. J'eus grand mal à me contenir, frustrée d'entendre parler de moi comme d'un rat de laboratoire.

— D'autres personnes veulent-elles ajouter quelque chose ? demanda Cham.

— Si le Niitsivisu le souhaite, je peux partager mes connaissances d'Amylianne avec lui, afin qu'elle puisse rentrer chez elle plus vite, proposa Tom.

— Ce ne serait pas pareil, fit remarquer le Niitsivisu, un petit sourire glacial sur le visage.

Cham hocha la tête, imperturbable.

— Personne d'autre ?

— Moi je propose qu'on l'élimine, tout simplement, fit le type tatoué. Elle aurait dû mourir. Tom n'avait pas à intervenir ! Il n'y a pas vraiment matière à réflexion. La situation est simple. Et je pense que c'est le meilleur moyen de remettre ce jeune homme à sa place, fit-il me regardant Tom, qui serrait les poings.

Cham hocha la tête. Il se tourna vers moi, et d'un regard me rappela notre conversation.

— Je vais demander à Tom d'emmener Amylianne dehors, afin que le conseil délibère, reprit le chef.

Tom se leva et je le suivis.

— Amylianne, il y a peut-être une solution pour que tu ne sois pas incarcérée chez le Niitsivisu. Il suffirait que tu acceptes de m'épouser.

— Non, fis-je, butée. Je préfère rentrer chez moi.

J'étais toujours fâchée contre lui.

— Mais tu m'aimes, me fit remarquer Tom. Je l'ai vu dans ton esprit, plusieurs fois.

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant