Chapitre 5

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Le jour suivant, je ne le revis pas de la journée. Il ne chercha pas à s'approcher ni à me parler, et je dus admettre que la veille était une journée exceptionnelle du point de vue des relations humaines de Tom et que les chances que ça se renouvelle étaient bien minces.

J'avais donc arrêté de chercher sa présence, en entamant le repas du soir, quand soudain, il apparut, un sourire énigmatique aux coins des lèvres, comme si nous partagions un secret (n'en partagions-nous pas un, d'ailleurs ?) Il se posa à mes côtés, et entama la conversation à nouveau. Ma surprise fut moins grande et plus joyeuse, plus naturelle aussi. Les autres nous dévisageaient toujours, mais un peu moins longtemps qu'hier et je me dis qu'avec le temps, ça leur passerait... Il me regarda dans les yeux et je rougis. Il s'en aperçut et détourna immédiatement le regard, l'air de rien. Il parvenait avec une facilité déconcertante à me déstabiliser aussi bien qu'à me mettre à l'aise selon la situation. Et là, clairement, il cherchait à me rassurer. Nous bavardâmes ainsi durant le repas, nous trouvant plus de sujets communs que je ne l'aurais cru. La discussion était facile et Tom s'intéressait à tout : les chevaux, mes voyages, mon parcours, mes amis... me posant mille questions auxquelles je répondis avec plaisir. Je le connaissais à peine, mais il me le fit oublier et m'amena à raconter ma vie. Le temps passait vite, la nuit tomba et nous étions toujours sur notre arbre à bavarder. Ce coup-ci, il ne s'était pas enfui comme la veille et ses yeux avaient perdu leur aspect triste et reprenaient un peu de chaleur. Ça lui donnait un air plus doux, qui me plaisait. Je me rendis compte que nous étions là depuis un moment quand Sam et Alicia revinrent nous retrouver. Ils s'étaient occupés de la soirée, puis de mettre les jeunes au lit et je n'avais rien vu. Le charme était rompu, Tom fit mine de se lever, mais je le retins et le questionnai avec plus de brusqueries que je ne l'aurais voulu :

— Que me vaut cette soudaine attention ?

— Il faut croire que je t'ai écoutée.

Un petit sourire naquit sur mon visage ! Il s'esclaffa, puis se leva et disparut, me laissant seule avec Sam et Alicia, qui me regardaient, un peu amusés, mais surtout étonnés. Je restai près du feu à caresser Top, qui au cours de la conversation s'était rapproché et avait fini par s'endormir la tête posée sur mes jambes. Bien qu'ayant remarqué que son maître se soit éloigné, il ne semblait pas décidé à le suivre. Nous restâmes ainsi un moment puis je me levai à mon tour afin d'aller me coucher, les remerciant pour la veillée. J'étais un peu trop ravie du moment que nous avions passé ensemble, et je voulais être seule pour pouvoir y repenser à loisir. Une fois seule dans ma tente, je me repassai notre conversation pour me remémorer tout ce que j'avais appris sur lui. Alors, voyons voir, il... Dans un froncement de sourcils, je me concentrai de plus belle. Il... Je me redressai dans le noir, surprise. Impossible de trouver un début d'élément nouveau. Bien sûr, il avait des yeux magnifiques et un sourire charmeur, mais pendant ces longues heures de discussions, je n'avais vraiment rien appris le concernant ? Impossible ! J'avais dû oublier des détails... Mais, en y réfléchissant, je me rendis compte, après coup, qu'il m'avait fait parler de moi pendant près de deux heures et que je n'avais définitivement rien appris sur lui... Il n'avait ouvert la bouche que pour commenter ou pour me poser une question de temps en temps afin d'alimenter la conversation. Mais si aujourd'hui, il connaissait toute ma vie ou presque, demain, promis, je l'écouterai parler ! décidai-je en m'endormant.

Le lendemain, le programme était tir à l'arc. Création d'arcs et de flèches le matin, apprentissage de tir sur cible et ensuite, pour les plus aguerris, tir à cheval. Le groupe était ravi et se mit à la tâche de bon matin.

J'aperçus Tom en train de tailler des flèches avec un couteau bien aiguisé à la main, et je pris mon courage à deux mains. Il était venu deux fois me parler en deux jours, je pouvais également tenter le coup d'aller le voir. Au pire, il m'ignorerait et je n'aurais plus qu'à me creuser un trou pour me cacher dedans. Je devais prendre ça comme... une épreuve !

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant