Chapitre 24

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Une heure plus tard, nous étions prêts. Nous avions de quoi manger et à boire pour les deux jours à venir. Nous avions pris une grande tente et des sacs de couchage. Des vêtements chauds et de bonnes chaussures. Nous partîmes vers le nord-est à la suite de Tom qui prit la tête du groupe. L'ambiance était bonne et décontractée, mais nous marchions en silence, respectant la beauté et le calme des alentours. Les sentiers étaient trop escarpés pour nous permettre d'être à plusieurs de front. Le grand Bly fermait la marche en sifflotant gaiement. J'étais juste devant lui et j'espérais ne pas trop ralentir le groupe. J'avais sûrement moins l'habitude que les autres des randonnées, bien que la marche ne m'ait jamais fait peur et que depuis toute petite, je crapahutais avec papa dans les recoins les plus reculés du monde pour son boulot. Ça montait pas mal dans le coin et les chemins étaient à peine visibles. On empruntait des sentiers que seuls les gens du village et les animaux du coin connaissaient et les vues étaient à couper de souffle. Aucune trace d'êtres humains à des kilomètres à la ronde. Juste la nature verdoyante, quelques animaux curieux et de l'air pur à s'en faire exploser les poumons. Nous fîmes une pause vers treize heures pour manger un casse-croute.

Vers seize heures, Tom ralentit, guettant les alentours, semblant entendre et voir des choses que personnellement je ne percevais pas. Il s'arrêta et s'accroupit. On était à l'orée d'une petite plaine verdoyante au milieu de la forêt. Le soleil commençait à descendre dans le ciel et les arbres filtraient les derniers rayons. Tom resta un instant accroupi, attentif et patient. Il fit un son qui ressembla à un jappement. J'essayai d'apercevoir ce qu'il y avait devant nous, mais j'eus beau observer, je ne vis rien. Nos amis attendaient derrière, silencieux et immobiles comme les pierres. Quand tout à coup, un superbe loup sortit de sa tanière et regarda dans notre direction. Tom refit le même son et le loup hurla et vint vers nous en émettant de petits jappements joyeux. Tom se redressa, souriant. Le grand loup gris clair ne ralentit pas sa foulée en arrivant sur Tom : il bondit et posa ses deux pattes avant sur les épaules de l'Indien qu'il plaqua au sol. Je voulus intervenir, mais Bly me retint, puis alla à son tour rejoindre la superbe bête, qui roulait par terre en léchant Tom, jappant d'adoration. Je relevai les yeux et vis des adorables petits louveteaux qui sortaient leur museau de la tanière afin de voir ce qui retenait leur mère et l'appelaient par de petits bruits plaintifs.

— Oooh ! Regardez ! m'exclamai-je.

— Oui, c'est pour cela qu'on est venu ! Tom a senti la naissance il y a trois jours. Sana, la louve, a vécu à la tribu pendant plusieurs mois. Tom l'a retrouvée blessée, lors d'une chasse et il l'a ramenée chez lui pour la soigner. Elle était toute jeune à l'époque et elle s'est beaucoup attachée à nous.

— Surtout à Tom, apparemment ! remarqua Ehawee, un peu jalouse de l'affection manifeste dont l'animal faisait preuve envers le jeune homme.

— Un chien de la tribu l'a prise et elle nous a donné Top, m'expliqua Bly.

— C'est donc un vrai chien-loup, m'exclamai-je en caressant la superbe bête.

— Bien sûr, me répondit Bly, étonné de ma remarque. Ensuite, Tom a trouvé que ce n'était pas sa place et qu'elle allait assez bien pour retourner à l'état sauvage. Nous l'avons ramenée ici l'année dernière et nous avons campé un moment afin de voir si elle s'adaptait bien. Elle chassait sans problèmes et a rencontré des congénères, nous l'avons donc laissée.

— Mais Tom est resté en contact afin de savoir si tout allait bien, m'informa Ehawee.

— Elle allait très bien, et voilà qu'elle est mère à nouveau, intervint Tom. J'ai l'impression d'être grand-père !

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant