Le lendemain, je me réveillai avec le lever du soleil, mes longs cheveux ébène étaient en bataille et j'avais des cernes sous les yeux. La nuit avait été trop courte. Il faisait froid, le feu s'était éteint durant la nuit et seul mon duvet m'aidait encore à lutter contre la fraicheur matinale. Bien décidée à m'intégrer au groupe, je me demandai comment me rendre utile. Je remis du bois dans le feu et m'attelai à la préparation du petit déjeuner. En attendant que tout le monde se réveille, j'eus un aperçu du camp. Je guettai, afin de voir où Tom pouvait bien dormir, mais je ne le vis nulle part. Il fallait que je me le sorte de la tête, je ne pouvais pas passer mon temps à l'épier et à paniquer dès qu'il s'approchait, c'était stupide et puéril. J'avais passé l'âge de ces bêtises quand même. Il m'avait bien fait comprendre que j'étais invisible à ses yeux, donc pas besoin de rêver, et il n'allait pas me manger, donc y avait plus qu'à rester naturelle, et qui sait, on finirait peut-être par être amis !
Mouais... on verra ! songeai-je en remuant les braises.
Les jeunes se réveillèrent petit à petit et vinrent déjeuner. Ils ne me connaissaient pas, et furent surpris de me trouver là. Mais plutôt heureux que le petit déjeuner soit prêt, nous fîmes connaissance dans la bonne humeur. Mon accent les fit bien rire, mes yeux verts les étonnèrent. Ils ne s'embarrassèrent pas de tact pour me le faire savoir et j'appréciai cette brusquerie un peu naïve qui caractérise les adolescents. Alicia arriva à son tour, me sourit, vint s'asseoir et entama le p'tit déjeuner.
— Hummmm, ça sent bon ici ! Qu'est-ce qu'il se passe ? s'exclama Sam, en sortant la tête de sa tente, les yeux encore gonflés de sommeil.
Ça y est, le brouhaha des jeunes avait fini par réveiller notre marmotte qui sortait péniblement de son sac de couchage pour venir nous rejoindre.
— Amy ! s'écria-t-il, tu es là ! Oh, quel bonheur, je ne devrai plus me lever pour préparer le petit déjeuner, s'exclama-t-il en me soulevant de terre, l'air sincèrement heureux de me voir.
Et il prit une bouchée de pain perdu, l'air tout content.
Apparemment, Sam ne se départissait jamais de sa bonne humeur, même de grand matin. Je jetai un coup d'œil timide vers Alicia afin de guetter sa réaction, mais elle ne semblait pas fâchée et me questionna sur mon escapade nocturne. C'était une belle journée qui s'annonçait, le ciel était bleu et le paysage, fabuleux. On était au cœur du parc du Glacier, au bord d'une rivière qui descendait de la montagne. Je n'aurais voulu être ailleurs pour rien au monde.
J'étais en train de ranger les restes du petit déjeuner quand je vis arriver une bande de jeunes garçons sollicités par Sam, qui rapidement m'entourèrent. Je les regardai, d'abord étonnée. Puis compris bien vite, qu'ils en avaient après moi. Et Alicia me confirma que ça risquait fort de finir dans la rivière.
Je tentai la méthode douce :
— S'il vous plaît les garçons, vous n'allez pas me jeter à l'eau ! Je vous ai fait un super p'tit déjeuner, ce matin !
Ils ricanèrent.
Bon...
— Faites attention, si vous me jetez à l'eau, pas de cheval aujourd'hui, tentai-je.
— Ne vous inquiétez pas, je vous emmènerai, moi, me contra Sam.
— Sammm ! m'offusquai-je.
Voyant que rien de ce que je pourrais dire ne fonctionnerait, je commençai discrètement à reculer, pensant à m'enfuir, mais ils étaient cinq et je n'avais pas grande chance d'y arriver. Je tentai quand même le coup : je pris mon élan, me jetai au-dessus de la petite tente d'Alicia, atterris en culbute (merci l'école de spectacle pour la réception parfaite), me relevai dans un même élan, atteins l'orée de la forêt, zigzaguai entre les arbres afin de semer mes poursuivants. Je n'étais pas du genre à m'essouffler, plutôt bonne à la course à pied, mais je ne pouvais pas courir indéfiniment. Il valait mieux que je me cache. Je m'enfonçai dans un buisson bien touffu sur ma gauche, rampant presque pour me créer un passage. Et je restai tapie là un moment, histoire de me cacher. Je continuai à m'enfoncer dans les broussailles espérant ressortir du buisson de l'autre côté. Les branches autour de moi laissèrent un peu plus d'espace et j'en profitai pour me retourner et vérifier que personne ne me suivait, quand je me cognai à Tom.
VOUS LISEZ
Un oiseau en cage
ParanormalC'est dans un Ranch aux USA, qu'Amy trouve un job d'été à la fin de ses études, en tant qu'animatrice de camp de vacances. À travers les fabuleux espaces du Montana, ils partent randonner à cheval, sous la protection de Tom, un ténébreux jeune homme...