Chapitre 22

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Une heure plus tard, je relevai la tête du livre.

Quelle infime chance y avait-il pour que ces Indiens découvrent ces propriétés et se transmettent le secret de génération en génération ?

Voilà la première pensée qui me vint.

Ils avaient fait cette stupéfiante découverte par le plus grand des hasards et de nombreuses fois, le secret aurait pu être perdu. Ils en ont eu peur et ont pensé à ne plus s'en servir. Il a été volé, oublié, mais à chaque fois, une personne a laissé une trace à sa descendance. Et aujourd'hui, il est mieux protégé que jamais : de nombreuses lois ont été mises en place pour le conserver. Il serait sans doute bon que, à ma prochaine visite, je lise le livre des lois. Cela pourrait m'être utile.

— Est-ce qu'il y a des gens dans le monde qui connaissent encore votre existence ? demandai-je à Lusio.

— Certaines personnes, oui. Des gens importants, certains services de renseignements savent que nous existons. Mais ils ne nous ont jamais rencontrés.

— Alors, comment mon ancêtre a-t-il pu arriver jusqu'à vous ?

— Certains entendent parler de nous comme d'une légende et ils décident d'y croire et de nous chercher. Peu nous ont trouvés, et parmi ceux-là encore moins ont pu connaître le secret. Ton arrière-grand-père fait partie de cette petite minorité de gens. J'avais une dizaine d'années quand il est venu à la tribu et je m'en souviens parfaitement. Comme à chaque fois qu'un étranger s'est introduit ici, cela a fait grand bruit et a mis la tribu dans tous ses états. Surtout après que le Sahalisharo (le chef) l'ait laissé repartir sans l'effacer. Il a dérogé à la règle ! C'était mon père à l'époque et ils l'ont condamné pour cette décision. Sur le moment, je n'ai pas compris pourquoi il avait agi ainsi, mais il n'a jamais regretté. C'était la décision à prendre ! Il m'a dit avant de mourir : « Il faut que les choses changent ici, Lusio. Il reste de belles personnes dans le monde et bien des choses à sauver. Nous en avons le pouvoir. On aurait pu empêcher cette guerre. J'ai aidé cet homme à y mettre fin, mais on aurait dû faire bien plus. »

Lusio s'arrêta un instant de parler, songeur.

— Il a réussi, murmurai-je. De ce que je connais de mon arrière-grand-père, il a formé un bataillon spécial de résistance qui avait une mission secrète de grande importance et qui a changé le cours de la fin de la guerre. Mais comment a-t-il pu développer ses dons si rapidement ? demandai-je.

— Il n'a pas eu accès à la transe. Il avait besoin d'une seule chose. Il voulait savoir où était caché un document particulier, sur la stratégie allemande, durant le débarquement. Mon père a fait mieux, il a pu lire dans l'esprit de celui qui avait créé le document quelles étaient ses intentions stratégiques et il les a fait connaître à Samuel. Il n'a pas pu l'effacer avant de le laisser repartir, il n'aurait pas pu ramener l'information chez lui.

J'étais fière qu'un membre de ma famille ait été digne de connaître le secret et c'était une drôle de coïncidence de me retrouver ici après lui.

— Personnellement, je ne crois pas aux coïncidences, mais c'est une question de point de vue ! me dit le vieil homme, répondant à ma pensée.

— Vous pensez donc qu'il y a un lien entre la venue de mon arrière-grand-père et la mienne aujourd'hui ?

— Oui, je pense que, d'une manière ou d'une autre, ta famille était destinée à venir ici et à trouver la tribu. Et même si Samuel a tenu sa promesse et n'a pas révélé notre existence à sa descendance, te voilà, toi, parmi nous.

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant