Chapitre 26

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Le rêve se fissura lentement tandis que la situation prenait un sens nouveau. Le mariage... Ce satané mariage auquel il ne pouvait échapper. Comment avais-je pu être aussi idiote ? Il m'avait manipulée toutes ces journées, avec facilité puisqu'il lisait mes pensées. Et je m'étais fait avoir en beauté. Depuis le début, je savais qu'il n'était pas pour moi ! Comment avais-je pu penser qu'il m'aimait ?

Ne pas pleurer, surtout, un peu de fierté, Amy !

— Amylianne..., ce n'est pas ce que tu crois, s'inquiéta-t-il, je te promets que je suis sincère et j'ai trouvé une solution pour te le prouver.

— Oh, ça j'en suis sûre, répondis-je amère, on ne peut vraiment pas dire que tu manques de suite dans les idées ! Tu m'écœures. Comment as-tu pu ?

Il sembla si blessé que j'eus un doute... Mais non, c'était tellement logique.

— Ce n'est pas ce que tu crois, répéta-t-il. Jamais je ne t'aurais fait ça... Je te le promets. Tu peux me faire confiance, je vais te prouver que tu peux me faire confiance.

Mais la douleur m'aveuglait. Je ne pouvais l'écouter, il allait encore tenter de m'ensorceler avec ses paroles mielleuses.

— Je ne veux plus rien entendre qui sorte de ta bouche, articulai-je, en reculant.

Le problème c'est qu'il savait exactement quoi me dire pour me convaincre. Il ne lui avait fallu que quelques jours, pour me donner envie de rester, quitter tous ceux que j'aimais, juste pour être avec lui. C'était un manipulateur, et j'étais en train de me faire avoir en beauté. Chaque mot qu'il prononçait pouvait me faire douter. Il fallait que je sorte d'ici pour mettre mes idées au clair et prendre du recul. Je tournai les talons pour sortir de chez lui, mais il me retint par le bras. Je me dégageai d'un mouvement brusque et passai la porte sans un regard en arrière, mais il me suivit.

— Ne t'en va pas, s'il te plaît. Reste ! Laisse-moi t'expliquer. Je me moque de Nahima, du mariage et de la tribu. Tout ça, c'est juste pour être avec toi, Amylianne.

J'avais tellement envie de le croire. Les larmes envahirent mes yeux, je les essuyai d'un revers de la main.

— Je t'avais demandé de te taire ! remarquai-je, doucement. J'ai besoin d'être seule. Je t'ai peut-être pardonné la cascade, mais cela ne veut pas dire que je te fais confiance !

Il sembla vouloir ajouter quelque chose, mais se retint. Il hocha la tête, résigné, et me laissa descendre.

Je ne savais pas où me réfugier dans l'immédiat. Je n'avais aucune envie d'aller m'enfermer dans ma grotte. Je voulais être chez moi, parler avec Judith, voir mes parents. Ou retrouver Alicia, elle saurait quoi me dire, elle ! Mais je ne pouvais pas encore rentrer chez moi et Alicia était trop loin. Et de toute façon, je ne pouvais rien dire à personne !

Tous ces secrets...

J'errai dans la forêt, emplie de doutes et de tristesse. Comment être sûre que je pouvais lui faire confiance ? Les heures passaient et aucune réponse à cette question ne venait. Puis, ne pouvant passer la nuit dehors, je me dirigeai finalement chez le Niitsivisu. J'allai me coucher sans manger. Je pleurai pour de bon cette fois, sans me retenir, encore et encore, m'en voulant d'avoir été si naïve et lui en voulant plus que tout d'en avoir profité pour se moquer de moi. Il avait bien tenté de communiquer avec moi par la pensée, mais je réussis, je ne sais comment, à lui fermer mon esprit. Le sommeil finit par avoir raison de mon désarroi et m'emporta.

Je fus réveillée quelques heures plus tard par le Niitsivisu, mais je n'étais pas d'humeur à voir quelqu'un.

— Que faites-vous dans ma chambre ? le rabrouai-je. Sortez d'ici !

Un oiseau en cageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant