Super Cléo

17. Complicité masculine

Josh soupire et ferme les yeux un instant.

-comment tu te sens?

-j'ai l'impression d'être passé sous un camion.

-Mais plutôt crever que d'admettre qu'elle a raison... Souris-je, complice.

Il lâche un petit rire suivi d'une grimace à cause de ses ecchymoses.

-On a vraiment eu peur pour toi.

Je n'avais pas prévu de m'inclure dans cette phrase, mais lorsqu'elle sort de ma bouche je réalise à quel point je suis sincère. Si j'ai essayé de garder mon calme j'étais réellement inquiet pour Josh. Comme un père pour son fils. Je remise cette révélation dans un coin de ma tête ne sachant pas quoi en faire pour l'instant.

-Tu aurais dû lui parler de tes doutes. Vous êtes suffisamment proche. Je suis aussi sûr d'une chose. Ce n'était pas malin de lui parler de ton père tout à l'heure et s'il avait été là il t'aurait botter le cul pour la façon dont tu as agis et celle dont tu as parlé à ta mère.

-je sais. Acquiesce l'ado, honteux.

-Je ne connais pas ta mère depuis longtemps mais...

-ouai d'ailleurs depuis quand vous vous fréquentez tous les deux?!

-depuis qu'elle est devenue mon assistante. Une sacré surprise pour tous les deux, ricané-je au souvenir de notre accrochage en salle de conférence après mon retour de Chicago.

Il me regarde perplexe.

-C'est mon ancienne assistante qui s'est occupée de trouver sa remplaçante. J'avais toute confiance en Amanda. Lorsque Cléo a pris ses fonctions j'étais en déplacement à Shanghai puis à Chicago. Quand je suis rentré, j'ai découvert qu'elle était ma nouvelle assistante. Elle est d'ailleurs redoutablement efficace.

-j'imagine sa tête. Je l'interroge du regard.

-Ma mère en pince pour toi et faudrait être complètement aveugle et hermétique pour ne pas percevoir qu'il se passe un truc entre vous deux quand vous êtes dans la même pièce... Ca me gênerait presque si je n'étais pas trop content qu'elle se donne le droit de refaire sa vie. Mon père et elle s'aimaient plus que tout, mais il ne voudrait pas qu'elle le pleure toute sa vie. Il voudrait qu'elle soit heureuse et depuis l'accident, elle essaie de donner le change mais elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle n'a fréquenté personne depuis la mort de mon père et de mon petit frère.

-Je ne savais pas que tu avais eu un petit frère. Josh soupire le visage grave et ravagé par la souffrance de ses souvenirs.

-Quand ils ont eu l'accident, ma mère était enceinte d'Eliott. Le choc a été si violent qu'elle a fait une fausse couche. Ma mère a toujours été une battante, même si mes grands parents et ses amis étaient là pour la soutenir, elle s'est battue pour moi pour prouver à tout le monde qu'elle pouvait se débrouiller. Elle était vraiment super et je n'ai jamais regretté que mon connard de géniteur nous ai abandonné. Il ne la méritait pas. Alors que Hadrien lui, c'était un type génial. Maman l'a repoussé au début, il s'est accroché et a été plus malin qu'elle pour pouvoir l'approcher. Ouai, mon père c'était vraiment quelqu'un... Quand ils sont morts, notre monde s'est écroulé. J'ai cru que ma mère aller sombrer, mais non. C'est juste une putain de guerrière. Au lycée mes camarades se plaignent souvent de leurs parents mais moi je sais la chance que j'ai et je chérie chaque jour que cette femme soit ma mère et qu'elle se soit battue pour moi.

Josh frotte sa joue humide avec sa main bandée.

-en tout cas, si tu ne veux pas d'un truc sérieux tu peux oublier direct.

Franc, direct.

-je n'y ai pas vraiment réfléchis. Putain, je n'en reviens pas d'avoir ce genre de conversation avec toi, dis-je en me frottant le visage. J'ai jamais ressentis ça et je sais pas quoi en faire. De toute façon vu que je suis son boss, elle m'a déjà clairement dit que c'était mort et je dois reconnaître que je ne suis pas fan de l'idée d'avoir une relation avec ma collaboratrice. On peut dire que c'est un principe de base.

-eh ben si t'abandonnes avant d'avoir commencé c'est que tu ne la mérites pas.

-j'ai dit que l'idée me gênait pas que j'étais contre, dis-je piqué par sa remarque. Je sens que cette fois c'est... différent. Chez Ezio et Lucia, ce n'était pas la première fois qu'on se rencontrait par hasard. Je vais sûrement avoir l'air d'un con en disant ça mais je crois au destin.

-alors tu n'as plus qu'à t'accrocher et à ramer, me sourit l'adolescent.

J'acquiesce et le salue avant de sortir rejoindre Cléo qui m'attend dans le couloir.

***

-T'en as mis du temps. Me dit-elle soupçonneuse. J'ai largement eu le temps d'envoyer un message à Glen.

-on a eu une petite conversation. Viens je te ramène.

-si tu as faim j'ai de quoi faire des sandwichs à la maison, tu n'as qu'à monter.

Je lui répondrais bien que je si j'ai faim ce n'est pas de nourriture mais question timing c'est vraiment pourri. Faute de mieux je réponds sobrement "d'accord".

Elle s'est démaquillée et a passé une tenue de yoga dans laquelle je la trouve aussi sexy à souhait.

-est-ce que ça va? Lui demandé-je alors que nous terminons notre pique-nique improvisé.

-Je ne sais pas trop. Je l'invite à poursuivre.

-Je me sens à la fois en colère et soulagée. Josh a toujours été un enfant tranquille, je n'ai jamais eu de soucis à me faire pour les grosses bêtises, ses fréquentations ou son attitude. Jusqu'à aujourd'hui. Je ressens la même chose que tous ces parents d'ados. Il a mis à mal ma confiance: les secrets, les conflits, ça n'a jamais été nous. Je me sens... déstabilisée pour ne pas dire démunie. Elle soupire.

-Ca va s'arranger. C'est un bon gamin, je t'assure qu'il a compris et retenu la leçon. Il sait qu'il a déconné et je suis sûr qu'il te présentera ses excuses, lui assuré-je en l'aidant à débarrasser. Je plonge mes yeux dans les siens. J'y lis un mélange d'émotions.

-Je vais y aller. Essaie de te reposer. A demain. Je l'embrasse sur le front et passe le seuil de l'appartement.