20. Les points sur les i

3.8K 399 16
                                    

Mon frère entre dans la cuisine alors que je suis venue chercher à boire avant de monter dormir.

-Tu comptes faire quelque chose pour le père de ton fils? Me demande t-il bourru.

J'ai un instant de flottement. Ma mère en aura sûrement parlé devant lui...

-Mon fils n'a eu qu'un père et c'était Hadrien. Alexandre n'a jamais rien eu d'un père pour Josh ni de près ni de loin, tâche de t'en souvenir. D'autre part, ma vie ne te concerne pas, je la mène comme je l'entends.

-T'es ma soeur, donc elle me regarde. Je ris nerveusement avant d'enchaîner folle de rage.

-J'aurais aimé que tu t'en souviennes il y a 18 ans, Maxime. 18 ans que tu m'ignores, que je n'existe plus pour toi, que tu me traites comme une bonne à rien, une salope qui n'a eu que ce qu'elle méritait à se faire sauter par le premier salop dont elle a eu l'idiotie de tomber amoureuse! 18 ans que tu me fais payer un accident de parcours! Tu étais où quand j'ai accouché? Tu étais où quand j'ai perdu Hadrien, quand j'ai perdu mon bébé, quand j'étais au fond du trou, quand la seule chose qui me restait pour m'obliger à ne pas me laisser mourir pour les rejoindre c'était Josh. T'étais où, putain! Même le jour de mon mariage tu n'étais pas vraiment là!

Je pleure autant que je lui hurle dessus. Je lui crie toute la souffrance accumulée dans mon coeur ces dernières années.

-regarde-moi! regarde-moi bien parce que je suis là, j'existe! Parfois je fais des erreurs. Je me plante comme tout le monde mais j'assume toujours. J'avance un pas après l'autre. Peut-être que ma vie n'est pas idéale mais c'est la mienne. Josh est la plus belle surprise que la vie m'ait faite alors je ne regrette rien et je ne m'excuserai pas pour ça. Tout ce que j'ai construit je l'ai obtenue toute seule, comme une grande. Tu vois, chaque fois qu'on se retrouve je devine combien tu me désapprouve et même combien tu me détestes. Même si mon frère manque à ma vie chaque jour que dieu fait eh bien à compter d'aujourd'hui j'ai décidé que j'en ferais abstraction parce qu'après tout je suis quelqu'un d'extraordinaire, et si tu n'es pas capable de le voir alors tu ne me mérites pas!

Je reprends mon souffle. Je crois rêver, est-ce que ce sont des larmes qui emplissent ses yeux azur?

-je ne te déteste pas Cléo, dit-il comme un murmure. Je ne t'ai jamais détesté! Ajoute t-il plus fort. Il serre les poings et fourrage sa tignasse blonde, tourmenté.

Il m'attrape par les poignets pour me serrer violemment contre lui. Ses larmes mouillent ma tempe.

-Je ne t'ai jamais détesté, car c'est moi que je déteste chaque jour de n'avoir su te protéger de cet enfoiré! Comment pouvais-je te regarder en face alors que c'était de ma faute, je n'avais pas su te protéger. J'ai tenté de réparer mon erreur en m'occupant de Josh mais la culpabilité n'est jamais partie et le fossé a continué à se creuser. La douleur de ce que je lui avais permis de te faire... Les années ont passé et tu as rencontré Hadrien. Je t'ai vu t'épanouir être amoureuse à nouveau, et vraiment heureuse. Il était celui qu'il te fallait et quand vous avez eu l'accident... Je n'ai pas su quoi faire quoi dire, quoi faire. Tu avais presque tout perdu, que pouvais-je te dire à part un tas de conneries qui ne te ramènerait ni ton mari ni ton fils... Si tu savais comme je m'en veux, je suis tellement désolé!

-Que tu m'aimais, murmuré-je, alors que je le serre de toute mes forces. J'avais juste besoin de t'entendre me dire que tu m'aimes!

-mais je t'aime espèce d'idiote, dit-il en m'étouffant presque.

Un poids s'envole de mes épaules. Mon corps est secoué de longs sanglots. La délivrance. Enfin.

Une fois apaisés nous regagnons nos chambres. Je fais un détour par celle de mon fils pour discuter avec lui. Nous nous mettons à jour de ces dernières semaines passées loin l'un de l'autre. Même si nous communiquons très souvent par Skype depuis son départ, ce n'est pas pareil. Nous parlons aussi de Brook. Il m'explique qu'ils s'appellent tous les jours sur Skype et qu'elle a déposé plainte contre Grant qui est maintenant en détention en attendant son procès.

-c'est trop mignon, laché-je au bout de dix minutes de conversation autour de Brook.

-de quoi?

-toi et Brook... Tu as des étoiles dans les yeux quand tu parles d'elle, tu es différent... C'est trop meuuuugnoooonn, me moqué-je à moitié non moins attendrie par le fait que mon fils vit sa première histoire d'amour.

-Damon aussi te regarde comme ça... Dit-il lourd de sous-entendu.

-nan je te vois venir avec tes gros sabots et cet air là! Il n'y a absolument rien entre nous, Josh. Je reconnais qu'on s'est lié d'amitiés mais rien de plus.

Hum attention à ton nez Pinocchio!

-dommage...

-Quoi? Dis-je étonnée.

-tu es différente depuis quelques temps. J'ai même pensé que tu sortais avec quelqu'un... Je te trouve plus souriante, plus joyeuse et plus souvent moins triste. T'as le droit, tu sais... Rencontrer quelqu'un d'autre. Je ne t'en voudrais pas et papa te voudrais heureuse et c'est aussi ce que je veux. Tu penses donner le change mais ce qui te connaissent vraiment savent que tu donnes le change mais qu'au fond tu pleures toujours mon père et mon frère. Moi aussi je pense à eux, parfois je me demande ce qui se serait passé si moi aussi j'avais été avec vous dans cette voiture. Ca me rappelle la chance que j'ai d'être en vie et qu'il faut vivre à fond pour ne rien regretter parce que tout peut s'arrêter brusquement.

Je médite un instant ses paroles pleines de bon sens.

-Et tu sais... Bientôt je vais partir à l'université. Tu es jeune et belle, maman, tu devrais tomber amoureuse, refaire ta vie...

-haaan je te défends de parler d'université maintenant jeune homme, t'as encore un an et tu resteras mon bébé pour toujours, crié-je en me relevant comme un diable dans sa boîte et en me bouchant les oreilles comme une gamine. Mon ado se marre de plus belle.

Il me prend dans ses bras et je me laisse faire. Je sniffe son parfum et profite de la chaleur de ses bras qui me réconforte.

-je préfère me shooter à ton odeur de bébé, mais le parfum de mec c'est pas si mal, plaisanté-je. Il se marre de mes bêtises.

-plus sérieusement, j'aimerais vraiment te voir à nouveau heureuse.

-je vais y penser, lui souris-je. Bonne nuit mon chat.

-bonne nuit maman.

Super CléoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant