Invasion - 2

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En souvenir d'une ficlet de modocanis, depuis longtemps perdue dans les tréfonds du net.

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— C'est non.

Debout derrière son bureau, Harlock affrontait vaillamment les regards réprobateurs du doc.

— Soyez raisonnable, capitaine.
— C'est non, j'ai dit.

Harlock croisa les bras d'un air buté, dans une vaine tentative de signifier à son interlocuteur que la discussion était désormais close. Hélas, le médecin-chef de l'Arcadia n'était pas tombé de la dernière pluie (et il en avait vu bien d'autres avec lui), aussi ne se laissa-t-il pas impressionner.

— Vous êtes pire que Lydia, capitaine. Et je vous rappelle que Lydia a six ans. C'est quoi votre âge, déjà ?
— Humpf, répondit Harlock.

Vexé, le capitaine se rassit dans son fauteuil. Zero l'avait interrompu alors qu'il se livrait à des tâches d'adulte bien ennuyeuses mais néanmoins indispensables (la planification du prochain ravitaillement en vivres, par exemple), et il aurait bien aimé terminer ça rapidement pour pouvoir retourner s'amuser en passerelle.

— Pourquoi vous venez me faire chier alors que pour une fois je fais exactement ce que vous m'avez demandé ? chouina-t-il.

Le doc leva les yeux au plafond avec autant de grandiloquence qu'un mauvais acteur dramatique devant supporter tous les malheurs du monde sur ses frêles épaules.

— Presque, capitaine. Le shampooing matin et soir, ce n'est pas suffisant, vous le savez bien.
— Je ne me suis jamais autant peigné depuis deux jours ! protesta Harlock.
— Oui, j'ai vu ça, concéda Zero. Ça fait bizarre de vous voir à peu près bien coiffé, d'ailleurs.

Harlock préféra ne pas relever le sarcasme. Pourquoi le doc ne s'attardait-il pas plutôt sur les efforts qu'il avait faits ?

— Bordel, doc, vous savez quelle quantité de ces sales bêtes j'ai déjà retiré de mes cheveux ?
— Pas suffisant, répéta Zero.

Le médecin fit le tour du bureau et se livra à une inspection de cheveux en règle sans se préoccuper de la mine renfrognée d'Harlock.

— Il en reste encore, statua-t-il une fois qu'il eût terminé. Plein.
— P'têtre que votre traitement n'est pas assez efficace, alors...

Zero secoua la tête.

— Tous les adultes sont morts, capitaine. Le problème, c'est que les lentes restent fixées à vos cheveux et que certaines arrivent à résister au shampooing. Si vous ne les ôtez pas au peigne, vous êtes reparti pour un tour.
— Je les ôte au peigne, doc ! se défendit Harlock. Vous croyez quoi, que j'ai envie de développer un élevage ?
— Vous les ôtez mal au peigne, corrigea Zero.

Le médecin passa les doigts dans une mèche de cheveux pour souligner ses propos.

— Vos cheveux sont emmêlés. Peut-être un peu moins qu'il y a deux jours, mais quand vous passez le peigne vous devez accrocher en court de route et donc perdre en efficacité de brossage.

Le doc tira sur la mèche pour en déployer toute la longueur.

— Croyez-moi capitaine. Ce serait plus simple si vous en coupiez un morceau.

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Zero revint à la charge le lendemain, en compagnie cette fois de Miss Masu et d'une tondeuse.

Anecdotes interstellairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant