La lettre serrée contre cœur, je pleurai, encore et encore. Daisyel était en vie. Tout ce temps, il était là, quelque part. Et moi, je l’avais abandonné. Les sanglots déchiraient ma poitrine comme tant de lames acérées. Il vivait. Mon frère… vivait. Comme j’aurais aimé qu’il soit là, à cet instant.
Je m’avançai péniblement vers la fenêtre, ouvris les battants. L’air frais fouetta mon visage rougi par les pleurs. Le ciel se parait de rose et de trainées flamboyantes. Il n’existait pas meilleur décor pour nos retrouvailles. Ma magie de l’air murmurait à mes oreilles son envie irrépressible de s’élancer vers mon frère si longtemps perdu.— Ne fais pas ça, Laya ! Tu signerais notre arrêt de mort.
Je pivotai vers mon protégé, le morceau de papier plaqué contre ma poitrine. Je respirai bruyamment, le nez encombré.
— Oh, Laya…
Il me tira doucement par la main pour m’éloigner de la fenêtre qu’il referma. Puis, il m’entoura de ses deux bras et m’étreignit fermement.
— Pardon, se fustigea le garçon. J’aurais dû t’en parler plus tôt. C’est Fabian qui m’a dit d’attendre…
Je le repoussai aussitôt, sourcils froncés. Je reniflai et le dévisageai attentivement.
— Fabian qui… C’est lui qui t’a donné cette lettre pour moi ? compris-je
Il hocha la tête sans oser croiser son regard.
— Tu as bien fait, Lay. Merci… merci.
Je peinais à retrouver mon souffle, mais désormais la joie surpassait l’inquiétude.
— Où est-le… ?
— Le mage de Feu loge dans une suite pour les hôtes de l’Académie. Tu pourras lui parler demain, si tu le souhaite.
— Comment as-tu fait ?
Il me gratifia d’un clin d’œil complice.
— Je suis allé voir Caleb, c’est un cousin éloigné de notre famille.
Un sourire amusé étira mes lèvres. Puis, je retrouvai mon sérieux.
— Tu lui as parlé ?
— Un peu. Je ne lui ai pas parlé de toi, si c’est ce qui t’inquiète. Je sais juste que ce sont des mages de l’Air qui les ont attaqués. Et toi, alors ? Qu’est-ce qu’elle dit ta lettre ?
Je jetai un coup d’œil ému à la précieuse missive.
— Elle vient de mon frère. Il m’apprend qu’il est en vie, qu’il me retrouvera ici à la fête du Soleil. Il mentionne un danger que je ne connais pas encore. Il affirme que je pourrais en apprendre plus à Othien.
Lay inclina la tête sur le côté, pensif.
— Je peux voir ?
Je lui tendis la lettre sans hésiter. Un sourire moqueur ne tarda pas à fleurir sur son visage.
— Tu m’explique comment tu parviens à traduire ça par ce que tu m’as dit ?
— Je le connais, c’est suffisant, rétorquai-je, faussement vexée.
Lay éclata de rire. Il me rendit la lettre. Il paraissait sincèrement heureux pour moi. Nulle trace de jalousie ne jetait de l’ombre sur le soulagement qui se peignait sur son visage encore juvénile. Il ne me questionna pas non plus sur l’erreur qui avait failli être commise par mon inconscience. Si j’avais tenté de joindre Daisyel par le biais de la magie de l’Air sans savoir où il se trouvait, cela serait revenu à allumer un phare au-dessus de l’Académie et crier ma présence à Vëonar tout entier. Il m’avait arrêté à temps.
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L'Héritage des Premières T1 L'Enfant de Tirawan
Fantasia"Le temps où le désert, la sylve et les plaines formaient une seule terre est révolu. Désormais, les frontières ont été tracées par-dessus ce que nous leur avons laissé. De notre passage parmi eux ne subsistent que des vestiges érodés par les siècle...