Chapitre 14

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Effectivement, cette année aura été la nôtre, si l'on peut dire. Celle du grand amour, des fabuleux moments partagés.

Nous commençons par notre merveilleux séjour en Italie, en février. La vraie Dolce Vita. Dix jours de rêve. Thomas est passionné par tout ce qu'il découvre, m'explique les ruines et les statues, l'histoire de chaque monument, de chaque cité, guide à l'appui.

A Rome, nous découvrons évidemment l'inratable Colisée, la fontaine de Trevi et le Panthéon. Nous visitons la plus célèbre des Basiliques du monde au Vatican et la Chapelle Sixtine avec ses éblouissants plafonds. Vu la saison, il y a peu de monde, nous en profitons pour faire du tourisme et enchaîner les visites en évitant les heures interminables d'attente.

A Sienne, beaucoup plus petite, nous nous contentons de déambuler dans les rues et de manger une glace sur la magnifique Piazza del Campo.

Enfin, nous arrivons à Florence et j'ai immédiatement un coup de cœur pour la ville, véritable musée à ciel ouvert.

Nous déposons un cadenas sur le Ponte Vecchio et Tom insiste pour m'offrir un bijou dans l'une des nombreuses échoppes de bijoutiers. Je refuse pourtant, estimant qu'il a assez dépensé pour ce voyage. Et de toute façon, pour moi, il n'y aura pas de plus beau bijou que celui qu'il m'a offert au début de notre histoire.

— Un jour on reviendra se marier ici, murmure-t-il alors que nous sommes enlacés sur le belvédère qui domine la ville, la campagne toscane se déroulant sous nos yeux.

A ce moment, je croyais vraiment que rien ne pourrait jamais entraver notre bonheur.

✨✨✨✨✨

Pour mes vingt ans en juillet, Tom m'organise, avec l'aide de mes amies, une « journée parfaite ». Je profite de l'arrêt des cours pour faire plus d'heures à la boutique mais il m'avait demandé, en prévision, de changer mon jour de congé pour être libre celui de mon  anniversaire.

Il commence avec un petit déjeuner au lit, et nous poursuivons avec une séance de lèche-vitrine au cours de laquelle il m'offre une jolie robe. Nous déjeunons d'une salade en terrasse puis Tom, qui a emprunté pour l'occasion la voiture de Grégoire, le frère de Gaël, m'emmène au centre thermal où il a réservé un massage. Après avoir profité deux heures des hammams, saunas et bains bouillonnants, nous allons faire un tour au casino à côté et, tout excitée, je gagne trente euros aux machines à sous. Je resterais bien plus longtemps pour tenter ma chance mais mon amoureux me persuade de repasser chez moi nous changer avant d'aller dîner et je finis par le suivre.

Evidemment, toute la bande est réunie à l'appartement pour une fête surprise,  une telle journée ne pouvait pas finir autrement.

Trois semaines plus tard, nous partons avec Caro et les jumelles, Thibaut, Kader et Ludo pour deux semaines de camping à Saint-Cyr sur mer, les seules vacances que nous pouvons nous offrir.  Gaël part de son côté avec Jérémy et Charlotte râle car Ludovic et elle sont les seuls célibataires, ils vont devoir partager leur tente. Ludo, lui, est enchanté. Il ne désespère toujours pas de la faire succomber à ses charmes.

Je découvre, pour la première fois, les toilettes communes, mais aussi les douches pleines de sable et de cheveux, la cuisine de fortune, les nuits à discuter sur la plage, les bains de minuit dans l'eau glacée et les réveils à l'aube quand les rayons et la chaleur du soleil s'associent aux voisins hollandais pour nous tirer du lit bien trop tôt. 

Mais ces premières vacances entre copains resteront probablement les meilleures de ma vie.

En octobre, Thomas lâche sa chambre à la fac pour un studio pas très loin de chez nous et c'est plus facile de nous voir sans gêner Caro. Nous entamons tous notre troisième année. Pour Ludo, Gaël, les jumelles et moi ce sera la dernière si tout se passe bien puisque nous voulons ensuite nous préparer au CAPE pour Capucine, au CAPES pour nous autres. Caro compte aller jusqu'au master de droit, et Thomas hésite encore. Dès que j'essaye d'évoquer l'avenir, il reste évasif, ce que j'ai du mal à comprendre, moi qui ai toujours eu une vision très tranchée de mon avenir.

Depuis quelques semaines, je le trouve différent. Il est toujours aussi tendre, prévenant, amoureux, si ce n'est plus mais il passe beaucoup de temps sur son ordinateur, a des « rendez-vous » dont il ne me dit rien. Il est plus nerveux aussi, et en même temps il semble heureux, j'ai du mal à m'y retrouver. J'imagine brièvement une liaison, sans trop y croire et quand je lui pose directement la question, il éclate d'un rire sincère qui me rassure aussitôt. Il me promet qu'il n'y a rien mais son air mystérieux me prouve le contraire. Nous allons bientôt fêter nos deux ans, et je sens un loup, sans pouvoir deviner ce qu'il mijote.

Mes amies aussi ont remarqué son attitude et, alors que je me prépare pour me rendre chez lui pour y fêter notre anniversaire, nous nous torturons pour trouver de quoi il s'agit.

— C'est sûr, il va te demander de vivre avec lui ! assène Charlotte.

— Mais oui, c'est évident ! renchérit sa sœur. Et alors tu vas accepter ? Tu vas lui dire quoi ?

Je jette un œil à Caro qui attend ma réponse.

— Mais rien, enfin je ne sais pas. De toute façon, on n'est sûres de rien !

— Mais si, que veux-tu que ce soit d'autre ? Oh mon dieu ! Il va te demander de l'épouser !

— Arrête Capou...

— Oh  là là je vois déjà la scène, des bougies partout, Thomas un genou à terre...

— Tu dis n'importe quoi.

— Comme si t'allais dire non !

— Tu sais très bien que ce n'est probablement pas ça.

— Regarde ta tête, on voit que t'en crèves d'envie.

— Mais non, c'est trop tôt, je fais, sans pouvoir ôter le sourire de mon visage. Et puis vous êtes ridicules avec vos suppositions, si ça se trouve, il ne prépare rien du tout et on s'est monté la tête pour rien.

— Ça m'étonnerait, lâche Charlotte, dubitative. Ou alors ça fait peur, parce que si son état de ces dernières semaines est son comportement normal, ça veut dire qu'il est chelou comme mec, en fait.

— De toute façon, je vais bientôt en avoir le cœur net. Allez, j'y vais. Bisous les filles, bonne soirée.

— Tu nous appelles quand tu seras fiancée, hein ! crie Charlotte quand je claque la porte.

Je marche vite, je cours presque même, malgré mes talons, tant je suis impatiente de le retrouver, et peut-être, de découvrir ce qu'il a derrière la tête.

Si j'avais su...

OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant