Deux heures plus tard, mes yeux sont encore grands ouverts. Évidemment, j'aurais dû me douter qu'avec la présence de Tom je ne pourrais pas dormir.
Je fixe le plafond un moment puis tente de lire un peu mais j'ai trop chaud. Je finis par me lever et j'ouvre la fenêtre pour laisser entrer un peu la fraîcheur de la nuit. Je l'aperçois à travers les persiennes. Il est assis au bord de la piscine, les pieds dans l'eau.
Je ne fais pas de bruit, pourtant, il a dû m'entendre car il n'a pas le moindre mouvement de surprise quand je m'assois à côté de lui. Je glisse à mon tour les pieds dans l'eau tiède.
— Tu ne dors pas ? me demande-t-il, sans tourner la tête.
— Non. Et toi ?
Les lumières de la piscine éclairent faiblement son visage et je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres.
— Non plus.
Nous restons silencieux un long moment, accompagnés par le clapotis de l'eau. Il y a des lucioles dans la pelouse près de nous. Je n'en avais pas vu depuis mon enfance.
— Bon anniversaire, au fait.
— Merci.
— J'y ai pensé jeudi, mais je n'avais pas ton numéro...
— Alors, tu es content d'être là, tu as passé une bonne journée ? l'interromps-je
— Oui, répond-il doucement, presque avec précaution. Les copains m'avaient manqué. Vous m'avez tous manqué. Les petits de Capucine sont trop mignons. C'est dingue de se dire qu'elle a déjà deux enfants de cet âge, alors que moi j'ai à peine l'impression d'être adulte.
— Je me dis souvent la même chose...
Le silence s'installe à nouveau. Je sais que comme moi, Thomas se repasse les dernières années dans sa tête. C'est moi qui brise le calme, parce que je sais que cette réflexion n'apportera rien de positif.
— Tu veux boire quelque chose ?
— Mais comment vous faites pour ingurgiter autant d'alcool sans être malades ? soupire-t-il.
— Je pensais à une boisson chaude...
— Ah ? Euh oui alors. Comme toi.
Je me lève et me dirige pieds nus jusqu'à la cuisine où je me fais couler un café et lui prépare un thé. Il ne m'a pas demandé pourquoi je l'avais rejoint. Je ne me suis pas inquiétée de savoir pourquoi il ne dormait pas. Sans doute connait-on chacun les réponses à ces questions.
A mon retour, il n'a pas bougé d'un pouce. Je lui tends sa tasse en reprenant ma place et il regarde le breuvage sombre, avant de relever la tête vers moi.
— Du earl grey ?
— Oui, je me souviens que c'est ce que tu préfères. Enfin, ce que tu préférais.
— Mes goûts n'ont pas changé.
Je frémis à ces mots prononcés d'une voix basse et rauque, à ce que cela peut vouloir signifier. Il m'observe, la tête penchée vers moi, ses yeux plongés dans les miens. Dans la pénombre, ses iris marine paraissent presque noirs. Mais c'est trop facile. Je détourne le regard vers l'eau et porte la tasse à mes lèvres. Le café arrive deuxième dans mes préférences, après la lecture. Quelle vie riche et passionnante. Thomas n'insiste pas et change de sujet devant mon absence de réaction.
— Alors, j'ai cru comprendre que tu avais un compagnon ? reprend-il.
— Oui.
— Et c'est... sérieux ?
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Oxymore
RomanceOxymore : n.m. Rhétorique Figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires. (Larousse) Exemples : Un silence éloquent Une obscure clarté Les meilleurs ennemis Mon intime étranger