Quand j'émerge, je suis seule dans le canapé-lit. Il me faut un moment pour recouvrer mes esprits, comprendre ce que je fais là. J'ai une barre à la place du front et la lumière du jour, quoique modérée à cause de la pluie qui tombe, me vrille les nerfs optiques. Thomas est déjà levé, il boit une tasse de thé debout devant la fenêtre. Alerté par le grincement de la literie, il se retourne et se rend dans la cuisine en silence. Quand il revient, je n'ai réussi qu'à m'assoir, la tête posée sur mes genoux repliés sous le drap. Il me tend un mug de café en souriant, sans faire aucune allusion au fait que je suis venue le rejoindre au milieu de la nuit. Je lui jette un regard rempli de gratitude, autant pour le café que pour son silence. Avec les poils de barbe qui lui mangent les joues, je le trouve encore plus beau. Il porte un tee-shirt près du corps et un pantalon de jogging qui lui tombe sur les hanches et cache ses jolies petites fesses. Dommage.
Même si cela ne suffit pas à me rendre ma forme, je me sens mieux à mesure que j'avale de petites gorgées du breuvage chaud et corsé. Ma tasse vide, je me traîne jusqu'à la salle de bain où je renfile à regret ma robe et mes collants, me maudissant de n'avoir pas opté pour un jean la veille.
Sarah sort de la chambre en même temps que moi de la salle de bain.
— Rhooo, quelle gueule de bois, geint-elle en se tenant la tête. T'as dormi avec moi, Lou ? Désolée, j'espère que je n'ai pas trop ronflé, ça m'arrive quand je picole...
— Ça va, réponds-je, gênée.
Le regard marine de Thomas croise le mien et il réprime un sourire.
— Tommy, t'as de l'aspirine ? Et du café ? Il m'en faut un litre au moins !
— J'ai ce qu'il vous faut à toutes les deux, bande de petites fofolles, dit-il en versant une tasse à sa sœur, puis une seconde pour moi, avant de poser un tube de comprimés effervescents sur la table.
— Bon, je vais me doucher, brame Sarah une fois le médicament et son café avalé. Il est quelle heure au fait ?
— Presque treize heures.
— J'y vais, je vous laisse, dis-je en mettant ma tasse au lave-vaisselle.
— Tu ne veux pas rester déjeuner avec nous ? me propose Thomas.
— Hum, je ne crois pas que je sois capable d'avaler autre chose que du café pour le moment, et j'ai pas mal de trucs à faire chez moi. Mais on se voit demain matin pour la première visite ?
— Oui, on se retrouve devant à onze heures ?
Il tente de capter mon regard mais je l'évite.
— Parfait. Merci Tom... Pour tout. Bonne journée. Salut, Sarah ! crié-je en direction de l'intéressée.
— Salut, Lou ! répond-elle depuis la salle de bain. Tommy va me filer ton numéro, je t'appelle, on ira manger ! A bientôt !
✨✨✨✨✨
Avec Monsieur Thévenot, l'agent immobilier spécialisé dans les locaux d'entreprise, nous visitons plusieurs endroits. Un, le lundi matin, et deux autres, le mardi, après ma journée de travail.
Le coup de cœur a lieu sur le dernier, un ancien salon de coiffure.
Je me souviens que quand Capucine s'est mariée, nous l'avions accompagnée essayer des robes. Elle en a enchainé plusieurs, et à un moment donné, elle était sortie de la cabine en disant : « c'est celle-là ». Caro, Charlotte et moi avions eu les larmes aux yeux, parce que oui, c'était celle-là. Comme si la robe avait été dessinée pour elle.
VOUS LISEZ
Oxymore
RomansaOxymore : n.m. Rhétorique Figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires. (Larousse) Exemples : Un silence éloquent Une obscure clarté Les meilleurs ennemis Mon intime étranger