Chapitre 47

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Quand je me réveille le lendemain, il n'est que six heures, mais j'ai dormi tout mon soul. Je prends quelques minutes pour m'étirer dans mon lit et me repasser mentalement la soirée d'hier. Je suis reposée, d'excellente humeur, comme en paix avec moi-même. Le brouillard de la veille s'est dissipé, j'ai enfin l'impression que les choses sont claires entre Thomas et moi, même si de mon côté je n'ai pas été tout à fait honnête avec lui. Je me lève ensuite pour me préparer un café. Je n'ai rien mangé depuis hier midi et mon ventre gargouille, mais je me garde pour mon plaisir du lundi matin, le petit déjeuner en ville.

Ma tasse à la main, je me dirige vers le canapé, et repêche au passage mon mobile dans mon sac à main. Un message de Thomas est arrivé dans la soirée.

De +33607422832 : Si ça tient toujours, RDV au début de la rue Ste Marie à 10h30. Bonne nuit et à demain, je t'embrasse.

Il va quand même falloir penser à l'enregistrer dans mes contacts.

Puisque ma routine du lundi matin est de toute façon perturbée par la visite de l'appartement, je décide, dans ma grande mansuétude, de lui proposer de m'accompagner prendre mon petit déjeuner en ville.

De Louise : On se retrouve une heure avant pour un petit déj' ?

Il ne répond pas. Vue l'heure, il doit encore dormir.

Courageusement, je m'attelle à ma séance de sport hebdomadaire : abdominaux, fentes, gainages, musculation et étirements puis vais prendre une longue douche. Quand je sors de la salle de bain, j'ai la réponse de Thomas, me disant qu'il m'accompagnera avec joie. J'ai encore le temps de faire un peu de rangement et de repassage avant de finir de me préparer. J'enfile une robe en maille, des collants opaques et des bottines à petits talons. Un manteau léger, mon sac à main, c'est parti.

Arrivée avant lui au point de rendez-vous, j'en profite pour passer à la maison de la presse acheter la revue que je lis chaque mois. Quand je ressors, il est là, guettant mon arrivée. Il sourit en me voyant. Je m'avance vers lui, me hisse sur la pointe des pieds pour lui dire bonjour. Ses joues sont douces et fraîches, il sent l'après-rasage.

- C'est moi ou tu es nettement plus petite qu'hier ?

Je lui donne un petit coup de poing sur le bras qui le fait rire.

- Je ne peux pas mettre de talons vertigineux quand je travaille, j'aurais trop mal aux pieds.

- Tu m'étonnes... Mais quand je pense qu'avant cette année, je ne t'avais pour ainsi dire jamais vue avec autre chose que des baskets ou des ballerines aux pieds.

- Les choses changent...

Son regard croise le mien à cette affirmation mais je détourne les yeux.

- Et puis, je te retourne la réflexion : veste, chemise, serviette en cuir et pompes cirées, tu es drôlement élégant.

- Bah, on a vieilli, et puis pour visiter un appartement, c'est mieux d'être un peu classe non ?

- Sans doute. Bon, on se trouve un café ? Je meurs de faim !

Il n'a pas dîné non plus et nous sommes tous les deux affamés. Nous trouvons un bar qui propose des formules complètes et nous attablons devant deux cappuccini, du jus d'orange, des croissants, du pain avec beurre et confiture. Malgré moi, je repense à ce dernier café que nous avons partagé en tête à tête, dans son studio, le matin de son départ. Pour la première fois, la douleur dans ma poitrine semble s'être affaiblie.

- Ça me fait plaisir de te voir manger comme ça, sourit Thomas en me regardant beurrer ma troisième tartine.

- Je mange, pourquoi tu dis ça ? demande-je, un poil vexée.

OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant