Chapitre 27

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Je n'ai parlé à personne de ce qui s'est passé chez Nico et Solène. J'ai éludé les questions de Serge, et aux filles j'ai servi un petit mensonge qui les a un peu déçues sur l'identité du cousin mystère. Elles connaîtront la vérité bien assez vite puisque nous nous réunissons vendredi soir pour dîner ensemble.

Un peu groggy, assommée par les évènements, je me suis plongée dans le travail, le sport et la lecture pour éviter de trop réfléchir. Je ne dois mes quelques heures de sommeil par nuit qu'à des somnifères, dont heureusement ma peur panique des addictions m'empêche de devenir accro. Je préfère mes insomnies aux drogues, mais là, pas le choix.

Je n'ai pas encore revu Serge. Il m'a proposé de demander à ses parents de garder Elena pour que nous puissions passer la soirée ensemble le samedi, ou d'attendre qu'elle dorme pour venir chez lui. Cette solution me met un peu mal à l'aise et tout est encore tellement confus dans ma tête que je ne sais même pas si j'ai envie de le voir. Pourtant, j'aime entendre sa voix au téléphone, lire ses doux messages qui me font sourire. Chacune de ses attentions me met du baume au cœur tout en m'embrouillant davantage. Je finis par accepter la première option. Je le sens un peu déçu mais il ne dit rien.

En fermant la boutique vendredi midi, je l'aperçois un peu plus loin dans la rue. J'attends que les filles s'éloignent et me dirige vers lui.

— J'espère que tu aimes les surprises, fait-il avec un sourire contrit.

— Celles de ce genre, oui, réponds-je en l'embrassant. C'est vrai, je suis contente de le voir.

— J'avais rendez-vous à la banque ce matin et comme je ne savais pas jusqu'à quelle heure ça allait durer, j'ai laissé Elena chez la nounou, on peut déjeuner ensemble si tu veux. Sauf si tu as d'autres projets bien sûr.

Je ne suis pas sûre de croire à son histoire de banque mais je trouve son mensonge plutôt touchant et accepte volontiers son invitation.

Ça me fait du bien de le voir, comme si les sentiments que je commence à nourrir à son égard se réveillaient en sa présence.

Nous grignotons un croque-monsieur dans un bar près du magasin en bavardant et je parviens à donner le change.

— Je suis rassuré, m'avoue-t-il alors que nous terminons notre repas par un expresso. Je t'ai sentie un peu distante ces derniers jours.

— Distante ? Non, pas du tout.

— Notre nuit n'a rien changé entre nous alors ?

— Non, ou alors si ça a changé, c'est en bien.

— Tant mieux. Je me suis fait des idées alors...

C'est davantage une question qu'une assertion.

— Oui. Je suis un peu fatiguée c'est tout. Je t'ai dit que j'avais des cycles d'insomnies, en ce moment, je dors peu.

— Tu sais à quoi c'est dû ?

— Non, aucune idée.

— Tout va bien alors ?

— Oui.

Pieux mensonge. Un point partout.

✨✨✨✨✨

Nous nous retrouvons toutes les quatre chez Caroline en début de soirée. Clément, son compagnon, nous laisse le champ libre et se rend chez Capucine où il passe la soirée avec Thibaut qui garde les enfants.

Hormis Caro qui gagne très bien sa vie, nous avons des moyens limités, surtout moi, même si mes objectifs atteints me permettent chaque mois d'ajouter cinquante pour cent à mon salaire. Nous évitons donc de nous retrouver trop souvent au restaurant, d'autant que je suis beaucoup sortie ces derniers temps.

OxymoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant