Promesse d'un temps ancien (Partie 1)

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Tandis qu'une douce brise vint caresser tes cheveux, tu me tendis ta main, que j'embrassai prestement. Ce songe d'une nuit d'automne, plus léger que le temps, offre à mon âme une hardiesse infinie.


«Faites attention, mademoiselle...!»

Combien de temps s'étaient-ils écoulés depuis qu'il lui avait adressé ces tendres mots ?

Des années, des siècles. Des millénaires, peut-être. Mais tout lui semblait si loin, en cet instant. «J'ai froid...»

_Tu te souviens, Sebastian ? Ce jour-là, tu m'as sauvé la vie.

_Oui, c'est vrai. Ça me paraît tellement loin maintenant...

* * *

Maria était une jeune bourgeoise d'une vingtaine d'année qui vivait avec son père dans une demeure spacieuse et assez quelconque, en périphérie de Londres. Une de ces maisons qui, d'apparences communes, n'interpellaient personnes mais qui, une fois explorées, s'avèrent pleine de secrets. Toutefois, la famille Lacross ne se plaisait pas à décorer inutilement leurs appartements, tant leur richesse ne leur apportait que très peu d'intérêt. Ils vivaient plutôt simplement, ne dépensaient que pour le strict nécessaire ou enrichir leurs cultures personnelles, comme lorsque Maria supplia son père de lui offrir une harpe le jour de ses dix ans, après avoir assisté à une merveilleuse représentation de «La Flûte enchantée», le célèbre opéra de Mozart. En effet, Gabriel Lacross était un médecin d'un genre nouveau, souhaitant offrir à quiconque le droit à être soigné si nécessaire. Pour cela, il fabriquait d'étranges mixtures à bases de plantes, s'étant inspiré de la médecine chinoise et se considérant lui même comme étant un Phytothérapeute. Malgré ses airs de «bons samaritains», les autres médecins le tournaient en dérision, ce qui l'avait entre entre poussé à s'exiler dans les faubourgs de Londres. Ces quartiers étaient plutôt mal fréquentés mais grâce à cela, justement, il pouvait réaliser son rêve de «médecine accessible pour tout le monde». Sa femme n'étant plus de ce monde suite à une maladie tropicale, il s'évertuait à maintenir un équilibre entre son métier et sa fille, qu'il aimait plus que quiconque au monde.

A l'époque, il avait eu pour habitude de voyager un peu partout dans le monde, accompagné de ses deux amours. C'était grâce à cela, entre autre, que Maria était aussi ouverte d'esprit, contrairement aux autres héritiers bourgeois de son âge. Petite déjà, elle venait en aide aux personnes défavorisées et les ramenait auprès de son père pour qu'il les soigne. Toutefois, cette gentillesse abusive s'avérait être le résultat d'un manque bien trop grand, celui de sa mère, partie trop jeune. Ils en avaient vus, des pays...! La France, l'Allemagne, la Chine, le Nouveau Monde... L'Inde. C'est en allant là-bas qu'Aela Lacross attrapa une maladie, qui la rongea pendant deux longs mois de lutte. C'est pour, plus tard, pouvoir soigner ce genre d'horribles maladies que Maria commença, dès l'age de 11 ans, la formation de médecine de son père, qui avait été incapable de sauver sa mère à l'époque. Elle ne lui en avait jamais tenue rigueur tant elle l'aimait, mais depuis ce jour, un déséquilibre imperceptible l'éloignait toujours un peu plus de son père, quand bien même elle se haïssait pour cela.

Maria passa des années et des années de luttes contre le carcan que les règles sociales lui imposaient. En 1820, une femme médecin pouvait exercer son métier mais devait vaincre tous les stéréotypes et toute la pression dont les autres l'accablaient. Les mentalités changeaient de part les nombreuses révolutions en Europe, ces fameux philosophes des Lumières qui éclairaient le monde. Cette lente ascension était longue. Toutefois, le rêve de Maria tenait bon. Elle continuait avec acharnement sa formation, s'isolant progressivement de tout contact avec autrui, mis à part son père, qui l'encourageait de tout son cœur malgré sa flagrante culpabilité.

Book of regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant