"Le jour de notre rencontre"

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Mais tout cela n'est que mensonge, baliverne et présomption. D'un coup tu me balayes, d'un regard je vacille. Ton sillage m'égare, je ne me sens plus vivant. Tout me rappelle à ce funeste moment.

Ils s'assirent sur un banc de bois et attendirent. Les minutes s'éternisaient, leurs battements de cœurs, pour ceux qui en avaient, s'accéléraient. Maria tentait de garder la tête froide mais elle tremblait de tout son corps. Ciel posa alors sa main sur la sienne, rassurant.

Finalement, un membre de l'ACV, tout de blanc vêtu, entra par une petite porte dérobée, un bouquet de myosotis à la main. Quelques autres adeptes le suivaient, le visage caché par leur capuche. Ils se positionnèrent autour d'un curieux hôtel de marbre et posèrent une jeune femme dessus, apparemment évanouie. Ses longs cheveux bruns tombaient en cascade sur la pierre glacée et sa magnifique robe pourpre dépassait de la stèle. Ciel n'avait même pas besoin de vérifier ; il savait qu'il s'agissait là de l'une des kidnappées.

Le chef du petit groupe s'avança et enleva sa capuche. Il était on ne peut plus commun, avec sa tignasse noir et ses favoris. Son regard était fixe, ses mouvements semblaient presque mécaniques.

_Mes amis, s'écria t-il en souriant, les mains levées vers le ciel. Je suis heureux de vous voir ici, en cette magique soirée d'Halloween...! Le voile du mystère, aussi épais qu'un brouillard, va maintenant laisser place à la vérité et au salut...! N'oubliez pas que les morts sont les plus aptes à revenir dans notre monde en cette sainte journée, la frontière entre l'au-delà et notre monde s'est entièrement effacée. Aujourd'hui, sous vos yeux avides et pervers, nous allons vous offrir une nouvelle vie, dont vous en ressortirez à jamais changés...! Sous cette lune bleue, noyée dans la brume... Expiez-vos passions.

Il sortit un poignard de sa poche et, sans que Ciel ne puisse réagir, abattit l'arme sur la poitrine de la jeune femme. Celle-ci ouvrit les yeux avec stupeur en gémissant longuement. Un horrible toussotement vint remuer tout son corps, ses yeux bleus se convulsaient et de sa bouche jaillit du sang écarlate. Elle finit de trembler et tomba à même le sol, sans vie. Les hommes et les femmes crièrent de dégoût avant de s'enfuir en courant en dehors de la bâtisse mais déjà un groupe d'adeptes leur barrait le chemin.

_Allez-y. Brillez de vos ferveurs et offrez-vos vies à notre mère à tous...!

Les membres de l'ACV se ruèrent sur les fuyards et les mordirent à pleine dent. Le cadavre d'une jeune fille gît aux pieds de Ciel et celui-ci mit sa main devant sa bouche, écœuré.

_Attention, monsieur...!

Sebastian s'interposa entre une femme à capuche et son maître en plantant son couteau dans le crâne. Elle tomba au sol, ses cheveux bruns souillés de sang.

«Des zombies...! J'aurais dû m'en douter... Leurs regards vides, leurs mouvements saccadés...»

Il observa ses camarades, qui se battaient férocement contre ces cadavres-ambulants.

«Cela veut donc dire que, derrière tout ça, il y a...»

Un rire se fit entendre, glacial et effrayant. Ciel se retourna vers l'émetteur, nullement surpris.

Adossé contre la grande porte d'entrée se tenait Undertaker, visiblement très amusé par la situation.

Son long pardessus sombre, qui cachait habituellement sa faux, flottait sous la légère brise du soir et son regard, transperçant, le tétanisait. Ciel se rappelait sans aucune difficulté les incidents du paquebot Campania et ceux du collège. «Ainsi, ses zombies sont maintenant totalement sous son contrôle et paraissent presque humains...»

_Toi...! s'écria Grell en serrant les dents, tout en déchirant le bras d'un des morts-vivants.

Undertaker ne lui porta aucune considération et s'avança vers Ciel, le pas lent.

Book of regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant