Book of regrets

Acte premier, la naissance d'une légende

Je t'offrirais ma vie si cela pouvait te faire plaisir. Je te confierais mon âme, si seulement tu en voulais. Et mon cœur, tu peux en faire ce que tu en voudras. Il t'appartient déjà.

Sebastian enfila son costume habituel dans sa chambre inutilisée et serra le nœud de sa cravate. Il toucha la blessure que lui avait faite le shinigami et, voyant qu'elle refusait de s'effacer après maintes essais, la laissa tranquille, bien trop stressé de toute manière pour faire quoique ce soit. Il avait besoin de calme avant d'essuyer la tempête qui allait sûrement tout emporter sur son passage.

Il ignorait d'où lui venait ce curieux sentiment de manque de confiance en lui, alors qu'il était si fier d'habitude. Bien sûr, cette sensation de changements permanents restait au cœur de ses pensées et inéluctablement, il sombrait dans son inconscient, peinant à rester à la surface. Ce sentiment de fatigue, de peur et de mélancolie... Ses forces, qui s'amenuisaient...

Le démon prit dans une commode l'argenterie des Phantomhive qui ne le quittait jamais. Il n'avait besoin de rien d'autre. Alors qu'il s'apprêtait à sortir, il s'arrêta sur le seuil de la porte et observa la pièce, comme si il ne l'avait jamais vu. Ce lit, qui ne lui aura jamais servi, cette armoire, où il gardait des affaires pour ses chats clandestins... Il ne détenait rien de personnel ici, rien qui ne puisse faire dire un jour: «Un majordome prénommé Sebastian a habité ces lieux»

Rien. Il ne détenait rien.

Il se détourna et sortit dans le couloir, un sourire ravageur aux lèvres.

S'il ne détenait rien, peu lui importait finalement. Car il ne lui restait qu'à tout obtenir.

Et pourtant, c'est non sans une légère nostalgie qu'il ferma la porte.

«Et si jamais je ne revenais plus ici ? »

* * *

_Tout le monde est prêt ? Nous n'allons pas tarder.

Bien sûr, personne n'était vraiment prêt, même s'ils hochèrent tous la tête pour montrer leur approbation. Maria croisait les bras, capable d'en découdre à tout moment. Elle avait hâte d'en finir avec cette affaire et par la même occasion, de s'exiler de ses problèmes. Mais elle profitait de ce moment de calme afin de mieux observer ceux qui avaient partagés sa vie durant ce court mois d'Octobre. Elle mémorisait leurs visages, prête à tirer un trait sur eux à tout moment. Du moins, en pratique. Qu'allait pouvoir devenir sa vie lorsqu'elle se sera isolée d'eux, alors qu'elle était si heureuse à leur côté...?

_Je voulais venir avec vous, pesta le prince indien, l'air malheureux. Je peux vous être utile...

_Je t'ai dit que c'était impossible, refusa catégoriquement le jeune homme, qui avait revêtit son costume bleu marine à l'allure légèrement enfantine. Le seul capable de nous aider ici, c'est ton majordome mais il se doit de protéger Esther en cas de besoin, ainsi qu'Élisabeth et sa servante. Ne fais pas l'enfant et protège-les toi aussi.

Il approuva à contrecœur et s'entreprit de bouder dans son coin.

Le groupe se trouvait sur le palier de la grande porte principale, attendant les instructions de leur chef, Ciel. Seuls ceux capables de se battre avaient été appelés à venir, tel que Bard et Maria. Aghni devait rester ici pour protéger en cas d'attaque surprise, Sarivan et Wolf étaient retournés chez eux suite aux recommandations du jeune comte.

Tout semblait à sa place, ils allaient enfin pouvoir partir.

Esther, qui était restée silencieuse jusqu'à maintenant, prit enfin la parole.