Je ne m'excuserais pas de vivre ma vie comme je l'entends.
Au bout d’une dizaine de minutes je me lève sans rien dire et me dirige vers l’avant du bus où sont installé un groupe de terminals, je repère Chloé et son petit ami entre autres. Je me penche vers l’avant et demande à Adrien, qui est au volant, où il compte nous emmener. Il regarde par dessus mon épaule, cherchant quelqu’un du regard, avant de soupirer légèrement et de me répondre, nous allions en direction de Nogent, j’apprends alors que pendant que je dormais nous nous sommes arrêtés chez les différents élèves qui vivaient près de Romilly, certains sont restés avec leur famille, d’autres, comme Louis et Cléa, n’ont trouvé personne et il y a également Samuel qui avait trouvé ses parents dans un état horrible. Je me sentis désolée pour lui et les images du corps sans vie de Catty me revinrent en mémoire, après un bref silence, j’entendis Adrien me présenter ses excuses, je compris à son visage qu’il était désolé pour elle, il me présentait ses condoléances. Je l’en remercia discrètement avant de me retourner pour examiner les gens présents dans le bus. Un frisson. Je fais signe à Adrien de s'arrêter immédiatement. Vic’ se lève et hoche la tête, oh alors c’est lui le chef ? Adrien s’arrête sans prendre la peine de se dégager de la route, après tout il n’y a plus beaucoup d’automobilistes maintenant que la plupart d’entre eux se sont fait bouffés ou cherchent à bouffer les autres. Les passagers nous regardent, j’en entends certains demander à leurs amis s’ils savent ce qu’il se passe. Je croise le regard de Charlotte, elle est blême. Elle a dû comprendre, après tout, mon visage en dit long. Je m’approche d’un garçon près de Chloé, je le connais, c’est Maxime. Il joue de beaucoup d’instruments et était en musique avec Catty. Il me regarde en souriant, des gouttes de sueur perlent à son front. Je lui sourie à mon tour, un sourire triste, mes yeux se dirigent vers son ventre. Des tâches de sang. Je suis désolée pour lui. Je me retourne et croise le regards de Vic’, il a compris plus vite que je ne l’aurais cru. Il dit aux autres de sortir du bus et d’attendre dehors, Théo, Charlotte et Marine l’aident à faire sortir les plus récalcitrants, ils ont tout les droit de refuser d’aller dehors, vu ce qu’il pourrait leur arriver, mais c’est une situation d’urgence. Louis me regarde froidement, je n’ai pas besoin de me retourner pour le savoir, le visage de Charlotte me suffit pour le comprendre. Oui, je vais encore tuer quelqu’un. Maxime reste assis, il ne cherche pas à s’enfuir ou à nier l’évidence. Il est en train de mourir, de devenir l’un d’eux. Il fait partie de ceux qui n’ont retrouvé aucun membre de leur famille, comme Cléa et Louis. C’est quand on a tout perdu que ce monde nous achève. C’est ainsi. Après quelques minutes,Théo et Adrien sortent du bus avec le corps sans vie de Maxime, enroulé dans une couette maculée de sang, avant de le poser contre un arbre près de la route. Je suis debout au milieu de l’allée, j’essuie mon couteau contre mon t-shirt qui est devenu définitivement rouge. Les autres remontent dans le bus en silence, n’osant pas parler de ce qu’il vient de se passer, tous trop choqués. Je sens son regard emplis de haine sur moi, qu’à cela ne tienne, j’y survivrais. Il peut continuer à me regarder ainsi tout le reste de sa vie si ça lui chante ! Si je n’avais pas été là il n'aurait jamais revu sa si précieuse petite amie. Je retourne à ma place en silence. “Action ou vérité ?” tous les visages se tournent vers Marine qui me fixe en souriant. J’éclate de rire tandis que tous les autres passagers essaient de comprendre ce qui lui a prit. Je la regarde en souriant et lui répond, au bout de quelques minutes les visages s'éclairent, une partie d’action vérité entre ados dans un bus scolaire pendant une apocalypse zombi, mortel. Tous commencent plus ou moin à prendre goût à ce jeu, même les plus renfrognés semblent sourire par moments. “Alors, Cléa ! Comment tu as réussis à sortir du lycée malgré ta blessure ?”. Cette phrase me rappelle à la réalité, Charlotte étais là lorsque Cléa est sortie du lycée, elle sait que nous l’avons aidée alors pourquoi le lui demande-t-elle ? Je croise le visage de Cléa, gênée et énervée ; puis ceux de Louis et de Vic’, visiblements perturbés par cette question. Un silence gênant s’installe. Tous attendent sa réponse, même sans savoir pour quelle raison, c’est juste à cause de cette atmosphère de gêne et de dissimulation. Cléa émet alors un son rauque, ressemblant à un rire et tente alors de fuir la question en prétextant la fatigue. Vic’ acquiesce alors, ne laissant pas le temps à Charlotte de l’insulter. Il lui dit de se reposer avant de se tourner vers Charlotte “Charlotte, tu prends vérité”, c’était carrément un ordre, elle le regardait avec des éclairs dans les yeux, prête à le tabasser. “Vérité” dis-je alors, coupant ce micro-silence menaçant. J’apperçois alors un sourir taquin sur ses lèvres, je sais ce qu’il va faire,je sais ce qu’il va me demander, mais je ne sais pas pourquoi. “Réponds à la question que Charlotte a posée à Cléa” alors je le fais, je dis tout ce qu’il s’est passé au lycée, à partir du moment où je l’ai trouvée, assise par terre, complètement abandonnée de ses amis ; jusqu’au moment où j’ai dû tuer Noélie qui avait dévoré son petit-ami et qui menaçait de nous faire subir le même sort. Sans jamais le quitter des yeux, je dis tout, la légèreté de mes mots me choque. Je me sens libérée d’un poids. Je le remercierais plus tard, pour ça et pour la dernière fois aussi, sur ce foutu parking, oui, je le remercierais pour Catty. Je termine mon récit dans un silence presque religieux, je ne regarde que lui. Je ne veux pas voir le visage de Louis, il va me traiter de monstre, oui, je suis un monstre sans coeur, alors je ne le regarde pas. Je ne veux pas entendre ce que les autres pensent de moi. Je termine enfin mon histoire, la main de Charlotte sur la mienne, je détache mon regards de Vic’. J’entends alors Adrien me dire une chose que je ne pensais pas possible, quelque chose que personne n'aurait jamais dû dire à un monstre comme moi. Il m’a dit que je lui avais sauvé la vie, et que sans moi, Cléa ne serait surement plus en vie. L’une des filles que j’ai aidée au lycée s’est levé, mes yeux ont suivi son mouvement “Tu m’as sauvé moi aussi, merci !” j’ai ensuite vu Paula et Tonny hocher la tête, en se serrant l’un contre l’autre, pour me remercier, des filles que je ne connaissais pas m’ont remerciée en pleurant. Je sentis une larme remplir mon oeil droit, Théo se pencha vers moi pour me dire que j’étais géniale. Je pouvais vraiment le croire ? J’avais sauvé des gens ? Moi ? J’entendis alors un fracas suivit d’une exclamation de rage.
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Science FictionC'est une journée normale au lycée, sauf que c'est la fin du monde. Mais ça reste une journée normale, Cléa est toujours une pétasse, les idiots restent des idiots et ma meilleure amie me manque encore. Après tout, c'est juste une putain d'attaque...