IX. Tu es totalement bourré.

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Je m’essuie, il faut que je retourne dans le salon, un sourire. J’y vais.

Ça a bizarrement été une soirée plutôt normale, enfin, si on oubli la fin du monde, les zombis et la menace de mourir à chaque instant dans d'atroces souffrances. Nous avons dîné, moi qui ne mangeais plus en compagnie de personne depuis si longtemps, que cela soit en leur compagnie me procure un certain bien être. Nous avons rie quand Adrien a tenté de manger huit piments à la suite sans rien ingurgiter d'autre. Puis Vic’ a ramené une bouteille de Jack Daniel’s. J’ai décliné l'offre et je les ai regardé boire, ça fait longtemps que je n’ai pas bu d’alcool, je fini un verre, c’est peut être la dernière fois que je bois. Je sens quelque chose dans ma poche, je sourie et me dirige vers la cuisine. J'avais oublié. J’ouvre la fenêtre, l’air est froid, ça fait du bien. Je sors le paquet de ma poche et place une cigarette entre mes lèvres, je l’allume et recrache la fumée dans la nuit hivernale. Je me sens bien. Soudain ma cigarette change de propriétaire, Vic’ tire dessus et recrache vers le plafond de la fenêtre. A quoi ça sert que j’ouvre la fenêtre si il souffle la fumée dans la maison ? Enfin, c’est pas comme si c’était vraiment important. Il à l’air d’apprécier, je ne pensais pas qu’il fumait, enfin, après tout, moi non plus je ne fume pas. Mes yeux descendent et je me rends compte qu’il est torse nu… Il se tourne vers moi et me demande depuis quand je fume, je relève la tête, un peu trop rapidement, reprends la clope et la passe entre mes lèvres. Lui répondant simplement “Depuis Martin”. Il regarde le ciel et hoche la tête, je reprends une inspiration, tentant d’éviter de le regarder et riant intérieurement. Je lui tends ma clope, il la regarde et fronce les sourcils, me demandant finalement qui est ce "Martin". Je hausse les épaules, après tout je n’en sais rien non plus, il fait mine de bouder, je crois qu’il a trop bu, ça expliquerait sa tenue, ça expliquerait tout. Merde, il va fumer ma clope en entier ce con. J’essaye de la récupérer mais il tends le bras aussi haut qu’il peut. Je hais ces quelques centimètres qu’il a de plus que moi ! Un sourir se dessine sur ses lèvres... Il se fout de ma gueule, s’il me traite de naine je le jette par cette putain de fenêtre ! Je me mets sur la pointe des pieds mais rien à faire. Je sens alors une sensation qui me fait arrêter de réfléchir et de bouger. Sa main rejoint la mienne, y plaçant le bâton de nicotine incandescent. Ma respiration se bloque. Je sens la chaleur de ses lèvres sur les miennes. Okay, il est définitivement bourré ! Je le gifle, les larmes aux yeux, je plante ma cigarette dans sa bouche et le laisse là, sa joue rougie par ma main et un sourir béat scotché sur ses lèvres. Je sors de la cuisine et entre dans le salon. Samuel est allongé sur le canapé, il marmonne des phrases incompréhensibles qui parlent de girafes et de cravates. Adrien est celui du lot qui tient le mieux l’alcool, il paraît être encore totalement sobre. Il me regarde et, cela doit transparaître sur mon visage, car il fronce les sourcils et s’approche de moi. Je n’ai pas fait attention mais des larmes ont faillit couler et mes yeux sont devenus rouges. Je détourne la tête en serrant les poings, il ralentit puis semble en colère et se dirige d’un pas décidé vers la cuisine. J’entends des bribes d’une discussion entre les deux meilleurs amis. Adrien lui reprochait tout un tas de choses, j’ai entendu Vic’ marmonner quelque chose avant de lâcher, assez fort pour que je l’entendre, “Elle m’a foutu un rateau alors on peut repartir à zéro comme ça !” j’ai soufflé pour moi même et j’ai entendu Samuel rire. Il s’est approché de moi et a enroulé son bras autour de mes épaules, il pue l’alcool. Il me regarde et sourie avant de faire une moue triste, me demandant pourquoi je lui ai foutu un rateau si je l’aime. Je l’ai regardé et lui ai répondu qu’il était bourré, ce à quoi il m’a répondu que ça n’avait rien à voir avec sa question. Oui c’est exact. Mais je ne veux pas répondre à sa question. Je repousse gentiment sa main et me dirige vers une chambre. Les garçons vont se partager le salon, s’ils n’avaient pas été si idiots on aurait joué la distribution des lits à pierre-feuille-ciseaux. J’entre donc dans la pièce et referme bien la porte derrière moi, il ne manque qu’un verrou. Et des pieges à ours. J’enlève mon T-shirt et en emprunte un dans l’armoire près de la fenêtre, un grand T-shirt bleu clair. Je contemple mon débardeur qui fût autrefois beige. J’enlève ensuite mes chaussettes et mon jean, avant de me glisser sous la couette, mon couteau posé sur la table de nuit. Au bout d’une vingtaine de minutes j’entends la poignée de la porte bouger, je me relève lentement. La porte s’ouvre sur un Victor hésitant. Il regarde la pointe de ses baskettes et attends visiblement que je l’invite à entrer. Je me contente de le regarder, il finit par soupirer et refermer la porte après être entré. C’est très gênant, je suis seule dans une chambre avec ce garçon imbibé d'alcool, sachant qu’il m’avait rejeté et qu’il aura tout de même fallu une putain d’attaque de zombis pour qu’il me reparle, sans oublier qu'il est torse nu, qu’il vient de m’embrasser et que, bien évidement, je ne porte qu’un T-shirt trop large et mes sous vêtements. Il me regarde enfin dans les yeux, il a un regard triste. Je le fixe sans comprendre et finis par tapoter le bord de mon lit. Il s’avance et s’assoit sur le lit, beaucoup plus près que je ne l’y aurais autorisé. Je me tasse au fond de mes oreillers, nos visages sont proches, bien trop à mon goût. S’il m’embrasse je lui enfonce mon couteau dans les parties génitales ! Il pose alors sa tête sur mon épaule et reste quelques secondes sans rien dire avant de s’excuser. Je laisse ma main vagabonder dans ses cheveux blonds. C’est la première fois que nous avons ce genre de contact. J’aime bien, ... c’est dangereux. Très dangereux. Je tente de le repousser discrètement mais il ne bouge pas, cet idiot s’est endormi… Je vais le tuer ! En fait non, je vais l'obliger à creuser sa propre tomber et à s'y laisser ensevelir vivant ! Je soupire et me décale sur le côté afin de lui laisser un peu de place, il fallait que ce soit un lit simple, évidemment ! Un lit double, avec de la place pour deux, quelle doux rêve ! Je mets la couette sur lui et m’allonge en lui tournant le dos. Demain cet homme va mourir. Je fini par m’endormir dans un sommeil sans rêves. Tout du moins je ne me rappelle pas en avoir fait. Ou alors peut être que je n'ai pas réellement dormi...

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