XIII. Cela n'est qu'un souvenir

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Pitié, non ! Son doigt presse la détente.

Un corps s’étale au sol, s’entourant d’une mare de sang brillante. Je me tourne vers le corps, inerte. Dans une lenteur infinie. Comme si le temps s’était arrêté au moment où son doigt a actionné la gâchette. Samuel, Adrien… Victor.

Je vois trouble. Je sens mon regard s’embrumer. Je tombe psychologiquement mais je reste debout.

~Flashback

“Putain de journée de merde ! Trois contrôles à la suite ! Mais c’est pas humain !” Caroline et Marine se tiennent à mes côtés, Paula nous suit, à moitié dans les bras de son petit ami. “Et tu en as un en latin juste après !” ris-je.J’aime bien ma petite routine de lycéenne.

Caroline se jette à mon cou en mimant une longue agonie, assez fort pour que plusieurs regards se braquent sur nous, elle à prit l’habitude de m’affubler de dizaines de surnoms alimentaires à rallonge ridicules. “Ma chocolatine au chocolat” alors que, merde, on dit PAIN AU CHOCOLAT ! Ou encore celui qui reste le plus utilisé, “Mon petit sucre d’orge”. C’est assez drôle de voir la réaction des gens autour de nous. Comme lorsque ma soeur m’appelle “Maman” par erreure au magasin. Ça le devient encore plus lorsque William me chope le bras en me hurlant un “Imouto-chaaaaan”. Je l’adore mais s’il me crie encore dans les oreilles je le frappe.

Nous rejoignons notre petite bande. Attendez, j’ai dis petite ? Nous sommes au moins une bonne vingtaine, sans compter les absents. Comme par exemple Océane, ma meilleure amie, ma soeur. On est ceux que les gens remarquent et souvent, évitent. Mais c’est très bien ainsi. Caroline rejoint son copain pour lui bouffer le visage et je fais de même. Non j’déconne ! Je vais faire un enooooorme calin à ma Catty. Sérieusement ! Cette fille c’est mon rayon de soleil ! Je l’aime tellement. Si j’étais lesbienne, ou même bi, ça serait avec elle ou avec Charlotte !

Je sens le regard brûlant de Cléa, elle n’a rien de mieux à faire que de me fixer ? Je détourne le regard.

Mes yeux se dirigent inéluctablement vers lui. Comme chaque fois. Et comme toujours je sais qu’il m’a regardé aussi. C’est notre routine silencieuse, ne jamais se parler de nouveau mais se jouer du regard de l’autre en attisant ses pensées. Une fois je lui ai fais remarqué qu’il me fixait, il s’est contenté de hausser les épaules et de m’ignorer de plus belle. Cet idiot.

Et la cloche sonne, il est seize heure. Cette sonnerie est débile, de plus en plus au fil des jours. Game of Throne putain, ouai, j’aime pas. Je fais partie du 1% de la population qui a essayé de regardé mais qui n’a, malgré tout, pas aimé. Je préfère de loin The Walking Dead ! Et pour info, #TeamNegan !

Je vois Charlotte se plaindre, elle a -encore- trois étages à monter, et Annie traîne des pieds pour aller en physique, avec le meilleur prof du monde, de quoi elle ose se plaindre ? Moi je n’ai plus cours jusqu’à dix-huit heure. Théo non plus, Marine, Paula, lui et moi allons donc nous poser sur notre banc pour jouer aux cartes. Je vais les niquer !

C’était une journée normale. Et je ne savais pas encore que ça serait la dernière. Mais ça restait une journée normale, Cléa était toujours une pétasse, Victor restait un idiot et ma meilleure amie me manquait encore.

Il y a juste eu cette putain d’attaque de zombis ! J’aurais pu prendre le bus pour rentrer chez moi, mais je l’ai pris pour m’enfuir, pour survivre.

FIN du Flashback~

Je chancelle encore. Le corps au sol, étendu dans son propre sang… Je me force à le regarder. Qui-est ce ? Non, ce n’est pas pour apporter du suspens, je suis sérieuse, c’est une vraie question ! Qui est ce mec ? Il a l’air d’avoir une quarantaine d’années. Je ne l’ai jamais vu de ma vie. Et là il baigne dans son propre sang juste devant moi ! Je me tourne vers les autres, ils sont aussi choqués et soulagés que moi.

La blonde est partie, profitant de notre moment d’égarement pour filer à l’anglaise. Blondie est encore partie. J’ai décidé de la surnommer Blondie. Parce qu’elle est blonde, et surtout parce qu’elle ressemble énormément à Debbie Harry du groupe Blondie.

Je me rappelle soudain d’Alice, seule dehors, de nos amis, surement cachés quelque part dans ce magasin. Et aussi des personnes qu’Adrien et moi avons compté. Quatres. Quatres moins un. Trois.

Nous avançons silencieusement, ou du moins nous essayons. Pour une fois l’idée de Samuel pourrait bien être utile. J’avais oublié ce détail mais son meilleur ami Anthony est passionné de Chimie. Et visiblement Samuel a réussi à retenir comment fabriquer une bombe de fumée. Je veux même pas savoir pourquoi celle-ci et pas une autre. Nous allons tous chercher ce qu’il nous demande, s’il était moins approximatif dans ses descriptions ça serait plus simple mais bon… C’est déjà ça.

Je retire ce que je viens de dire ! Où veut-il que je trouve un produit contenant du “polytétrafluoroéthylène” ? Et d’ailleur comment je serais censée savoir ce que c’est ? C’est bien gentil de me faire une jolie liste mais là il exagère. Au bout d’une dizaine de secondes, et après que j’ai longuement sollicité son aide, Vic’ m’informe -comme si c’était une évidence- qu’il s’agit d’un composant d’huile de vidange. Mais comment il sait ça ? Oh, je laisse tomber.

Une fois tous les “ingrédients” réunis, il commence à les ajouter les uns aux autres. Il est tout sauf délicat et précis, à chaque seconde j’ai peur qu’il ne foire un truc et que cela ne nous explose à la figure. J’ai pas trop confiance en lui sur le coup. Il finit par se lever, déclarant fièrement avoir fini ses préparatifs, ça n’aura pris en tout et pour tout que deux minutes et quelques secondes.

Visiblement les trois inconnus sont partit s’enfermer dans la réserve en entendant le coup de feu tiré par Blondie, nos amis sont surement là bas eux aussi. C’est le moment. Alice, que je suis allée chercher dehors, reste tout près de nous sans nous gêner ou nous interrompre.

Un éclair de lucidité. C’est le moment, je porte ma main au dos de ma ceinture. J’attrappe la poigne de métal, c’est froid. Je relève l’arme. Imitée par les autres, dans la précipitation, aucun de nous n’avait pensé à sortir les armes que nous venions de récupérer à la gendarmerie.

Ce détours en valait le coup !

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