VIII. HOTD, oui, ça me fait rire.

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Je monte le son et me dirige vers l’autre côté de la route et mets une chanson en route.

L’opening de Highschool Of The Dead, oui, ça me fait rire. Je lance la musique à fond et retourne à l’intérieur en refermant la porte. Je retourne dans la chambre et regarde par la fenêtre, leur criant de ne plus faire de bruit. Les zombis se dirigent petit à petit vers mon téléphone, attirés par le bruit, Vic’ lève les yeux vers moi en se retenant de rire, je m’apprête à sauter pour les rejoindre mais je sens soudainement une présence derrière moi. Je me retourne violemment sous les yeux des garçons. Disparaissant de leur vue. Je vois une petite forme dans le coin de la pièce, une forme humaine je sors mon couteau et vois la forme reculer encore plus loin dans le coin du mur. Je baisse mon couteau et m’approche de cette petite forme. Une petite fille. C’est une petite fille, ses bras sont couverts de sang. Ça n'a pas l’air d’être le sien, ce qui ne me rassure qu’à moitié. Je la regarde, intriguée, elle a l’air fatiguée, je ne décèle aucun autre sentiment dans son regard. Je m’approche lentement d’elle en rangeant mon couteau. Elle ne bouge pas. Je m’approche un peu plus et pose ma main sur son bras, elle se jette dans mes bras et s'endort presque instantanément. Elle doit avoir neuf ou dix ans, elle est si maigre… je la prends dans mes bras et me dirige vers la cuisine, j’y avais remarqué une porte donnant sur la ruelle. Je m’apprête à l’ouvrir mais suis devancée par Samuel. Il est face à moi et semble pressé et inquiet. Je le regarde en souriant doucement et sors de la maison. Adrien et Vic’ regardent, surpris, la petite créature qui dort entre mes bras. Ils soupirent de soulagement en comprenant que je me suis retournée précipitamment pour aider cette enfant et non car j’ai été attaquée par un zombi. Adrien attrappe la jeune fille et la porte à ma place, c’est vrai qu’il est plus fort que moi… Vic’ ne dis pas un mot et je le vois soudain sourir. “Highschool Of The Dead ? Sérieusement ?” Oh je vois, c’était pour ça qu’il voulait rire tout à l’heure. J'avoue avoir été très fière de moi. Il se tourne alors et explique à Samuel qu’il s’agit d’un manga dans lequel, comme nous, des élèves tentent d'échapper à des zombis. Adrien se met à rire, disant que si la petite s’appelle Alice il ira chercher un chien. Je rie, ça paraît si normal, parler d'un manga comme ça... Vic’ ajoute alors que notre histoire manque de fan service, je me tourne vers lui et le regarde dans les yeux avant de les lever au ciel, quel idiot. Je rie de plus belle, accompagnée par les garçons. Sauf Samuel, qui ne comprends pas de quoi on parle. Je ne pensais pas rire un jour autant avec Adrien et Vic’, surtout avec Vic’. Enfin, avant ça m'arrivait. Mais c'était il y a au moins une éternité... Soudain je m’arrête. Samuel me demande pourquoi je n’avance plus. Je le regarde vaguement. Où est allé le bus ? Ils se tournent tous vers moi. Et merde je ne leur ai donné aucun point de rendez-vous. Je suis une idiote ! Vic’ se met en colère, tandis que Samuel me dis que ce n’est pas ma faute. Après tout j’avais déjà pensé à les faire partir. Nous entrons dans une petite maison et nous assurons qu’elle est belle et bien vide avant de fouiller dans les placards et de se mettre à cuisiner. Vic’ me bouscule et reprends la spatule que j’avais empruntée. Il me tire la langue avant de me pousser en disant que je ne savais de toute façon pas cuisiner. C’est vrai que lui, savait le faire. Je repense à cette époque où l’on se disait tout ce que l’on n’osait pas dire aux autres. Je suis vexée et lui rétorque que cela fait plusieurs mois qu’il ne me parle plus et qu’il ne peut pas savoir ce que je sais faire ou non. Il me fixe et me demande, après un silence gênant, si je sais cuisiner. Je gonfle mes joues comme une enfant et pars m’asseoir à côté de Samuel sans regarder le blond qui rit en me disant que parfois je devrais me taire. Vic’ et Adrien sont entrain de cuisiner, enfin, Adrien se fait plutôt engueuler car il a apparemment deux mains gauches. Samuel est assis à côté de moi dans ce canapé gris claire. Il fini par capter mon regard, je suis toujours vexée et ma bouche présente une moue ridicule pour mon âge. Il sourit légèrement, le regard lointain et fini par me dire que l’on s’entends vraiment bien Victor et moi, Samuel ne doit pas être très observateur… Il me regarde et me demande totalement sérieusement si nous sommes en couple. Je manque de m’étouffer et j’entends un fracas dans la cuisine au même moment, suivit d’un “Nom de dieu mais c’est pas possible ! Tu le fais exprès ou quoi ?! Casses toi, vas rejoindre les autres incapables !” Adrien nous rejoint alors et s'assit sur le fauteuil à côté de Samuel. Il le regarde et lui demande de quoi on parlait. Samuel lui explique alors que je ne veux pas répondre à sa question, Adrien le regarde et lui répond alors que j’ai essayé de sortir avec le blond avant tout ça, et que Victor me trouvait trop insignifiante pour accepter. Un silence s’installe ici et dans la cuisine. Samuel regarde Adrien et fini par lâcher “Quel sale con” sa voix est froide. Je me lève et me dirige vers une porte, j’entends alors Samuel me demander où je vais. Je ne me retourne pas et explique que je vais m’occuper d’ ”Alice”, c’est comme ça qu’on l’appelle en attendant qu’elle se réveille et nous dise son nom. J’ouvre la porte et disparaît dans une chambre bleue. “Alice” est allongée sur le lit, sa respiration est calme et je lui ai enfilé un T-shirt plutôt long trouvé dans un tiroir quelconque. Elle ressemble à une enfant normale, comme si ce monde ne l'atteignait pas dans son sommeil. Elle ressemblait à un ange, oui c’était ça, un ange en enfer. Je pense à ma soeur, atteindra-t-elle un jour cet âge ? Une larme roule sur ma joue, pour ma soeur, pour Catty, pour Louis, pour Charlotte, pour Théo, pour Ethan, pour Océane, pour “Alice”, pour Martin, pour Cléa, pour Vic’. Surtout pour Vic’. Oui, une histoire de coeur, une banale histoire d’amour, un petit râteau. Quand ma vie était encore celle d’une ado normale. Ce n’est rien face à cette fin du monde, ces zombis, cette peur permanente, la peur de mourir. Mais ma larme coule jusqu’à mes lèvres. Je m’essuie, il faut que je retourne dans le salon, un sourire. J’y vais.

ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant