Et là c'est le choc.
Tout s'arrête autour de moi, ma respiration se bloque dans ma poitrine, tout le monde à le regard fixé sur le parking du magasin.
Alice m'observe avec de grands yeux ronds, elle cherche à comprendre la raison de ce silence soudain. C'est Samuel qui met fin à ce moment de vide en poussant un juron presque inaudible "Merde fait chier" putain mais merde, surveille ton langage il y a une enfant ! Mais je ne dis rien, je partage son sentiment. Mon coeur accélère dans ma poitrine, j'ai l'impression de tomber, j'ai mal. Vic' serre les dents et se retient de frapper dans le siège devant lui. Adrien ouvre finalement sa portière, nous le suivons prudemment.
Je marche lentement en m'approchant du bus, pas de doute, c'est le nôtre. La partie arrière a totalement brûlé. L'odeur et les restes de fumée me piquent les yeux. Mon coeur se serre davantage lorsque je jette un coup d'oeil à l'intérieur. J'ai peur de ce que mes yeux pourraient y trouver.
Je sens un poids quitter mes épaules lorsque je remarque que le bus est vide et qu'il ne présente aucune trace de combat ou de sang. Tout semble normal, enfin, si l'on oubli que les bus est en partie brûlé et que ses occupants ont disparu. Alice reste derrière moi, ses mains crispées à mon tee-shirt, je sens qu'elle panique.
Vic', Adrien et Samuel se dirigent vers l'entrée du magasin, ils doivent être à l'intérieur. Je les suis prudemment.
J'ai peur, je sens que mes jambes pourraient lâcher d'un instant à l'autre, cette sensation est devenue ma routine en si peu de temps. Je m'imagine perdre Charlotte, des fragments surgissent dans un coin de ma mémoire, le dessin qu'elle avait fait sur mon mur, les chocolats de pâques, ce film incompréhensible, ces heures de discussions, les fanfictions et les rires, surtout les rires.
Je tente de contrôler ma respiration, Marine, Théo, Tonny, Paula, Ethan, ... Tous.
Comment ferais-je si en passant cette porte je les retrouve dans un état nécessitant leur mort ? Je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas. Je sais que je ne pourrais pas. Louis, je ne pourrais pas ressentir de nouveau cette sensation.
Mais il le faut. J'ai quelqu'un à protéger. J'ai Alice, j'ai aussi ces trois garçons qui avancent devant moi, sans doute hantés par une peur semblable aux miennes. Leurs larges dos se veulent rassurants, on doit se protéger les uns les autres, les uns des autres. J'avance d'un pas, c'est bien. Je peux y arriver.
"🔊" Ce bruit nous fige instantanément.
Je ne saurais pas dire de quoi il s'agit mais instinctivement nous nous sommes tous placés en position de défense. Le bruit vient du magasin, et je peux garantir qu'il n'a rien de rassurant.
Je parviens à me décrocher des bras d'Alice. Ce n'est pas une bonne idée de la laisser seule mais ça serait encore pire qu'elle ne se retrouve en danger par ma faute. Je lui ordonne donc, le plus silencieusement possible, de se cacher derrière le petit abris pour caddies jusqu'à notre retour. Elle refuse mais finit par se laisser faire, voyant que la situation l'y oblige. Nous avançons vers les ouvertures automatiques du bâtiment.
Il semble vide, Vic' et Adrien semblent en pleine réflection mais c'est trop tard, Samuel entre. Nous le suivons de près, aux aguets. Rien. Juste le son de nos baskettes sur des morceaux de verre brisés et le rythme de nos coeurs qui doivent s'entendre à au moins dix kilomètres à la ronde. L'endroit à l'air désert et tranquille.
"🔊" le même son que tout à l'heure. Ce son que, cette fois ci, nous identifions tous. C'est un cri. Déchirant et animal. Un cri... humain. Ou tout du moins un cri qui appartenait autrefois à un humain.
Mon coeur se soulève, qui ? Au sol, dans certains rayons, sont entassés des dizaines de cadavres de ce que j'aimerais appeler des humains. Mes doutes s'envolent rapidement lorsque je vois avec quelles armes ils ont été abattus. Des impactes de balles parsèment leurs visages. Ce ne sont pas nos amis qui ont tué ces créatures, alors qui est-ce ?
Une arme à feu. Une alarme de voiture me revient en tête. La blonde, le motards, et s'ils étaient ensemble, s'ils n'étaient pas seuls ?
Je respire de plus en plus difficilement, peut être est-ce à cause de l'odeur qui s'échappe de ces dizaines de cadavres. "Un mouvement, au fond, on dirait un humain, une femme je crois." Les mots de Vic' résonnent à mes oreilles.
Il chuchote mais je l'entends distinctement, ça a toujours été le cas, sa voix à toujours su m'atteindre, même entourée de dizaines d'autres. Nous ne sommes pas loin de cette "femme". Quelques mètres.
Ami ? Ennemi ? Non identifié ? J'en reviens toujours sur les mêmes mots. Inlassablement et inexorablement. C'est ce que va devenir ma vie. Une suite de mots qui font toute la différence dans mes prises de risques et de décisions.
Je me concentre sur le fond de la pièce. S'il y a quelqu'un, cette personne à un avantage sur nous, elle connaît notre nombre, et, visiblement, elle possède au moins une arme à feu. Le tout pour le tout, je jette un article du côté opposé au nôtre. Un brouhaha retentit au fond du rayon, l'objet que j'ai lancé en a entrainé d'autres dans sa chute.
Le silence, des pas se font entendrent, venant de la réserve du magasin, se concentrer sur les pas, les voix. Adrien lève quatre doigts, il en compte donc quatre, soit un de plus que moi qui n'en ai compté que trois. Qui sont-ils ?
Je remarque une chevelure doré. Je recule précipitamment, faisant tomber une bouteille de coca cola au passage, et merde. J'ai reconnu cette chevelure, et je sais avec quoi elle s'accorde.
Avec un putain de revolvers et une voiture volée ! Je fais signe à Samuel de partir au plus vite, il me fixe sans comprendre, je rassemble mes mains et mime un pistolet. Je vois ses yeux s'agrandir et une perle de sueur dégouline de son front.
Le bruit de la bouteille tombant au sol a résonné jusqu'au fond, jusqu'à elle, jusqu'à ses complices et jusqu'à leurs armes. Il faut partir, immédiatement ! Je me dirige vers la sortie. Trop tard.
Elle est là, devant moi, le doigt sur la détente. Une fois de plus. Mais ce n'est pas moi qu'elle vise. Qui est-ce alors ? Vic' ? Adrien ? Samuel ? Je me tourne. Non... Pitié, non !
Son doigt presse la détente.
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Z
Science FictionC'est une journée normale au lycée, sauf que c'est la fin du monde. Mais ça reste une journée normale, Cléa est toujours une pétasse, les idiots restent des idiots et ma meilleure amie me manque encore. Après tout, c'est juste une putain d'attaque...