Le bruit du moteur.
Je n’arrive définitivement pas à me relever. Depuis combien de temps suis-je là, allongée sur ce sol froid. Une heure, une semaine.
Mes yeux ne veulent pas se fermer, ils me brûlent atrocement. Je vois flou, une silhouette au dessus de moi. Un ange ? Je n’y ai jamais cru.
Un ange inclurait le paradi. Ce doit être un démon. Je ne vaut pas un ange.
“-ka… Erika… Erika !” Cette voix.
Mon nom. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas entendu. Je me suis sans doute trop habituée à tous ces surnoms. Je dois en avoir une quarantaine, sans exagérer.
J’essaie de controler mes yeux. Des couleurs se détachent de cette silhouette. Cette silhouette que je reconnais bien maintenant. Pourquoi il fait cette tête ? Je ne suis pas morte. Je crois.
C’est un mec bien. C’est dommage pour lui. Être un mec bien c’est dangereux de nos jours.
J’ai vu assez de films pour le savoir.
J’ai connu assez de gens pour le savoir.
Samuel continue d’appeler mon nom. Encore et encore. Comme si m’appeler allait arranger les choses.
Ça a toujours été comme ça. Inconsciemment les gens m’ont toujours appelé. Pour savoir où aller, quoi faire. Même si je n’en savais pas plus qu’eux. Je pensais devoir toujours être la première à bouger.
Comme cet après midi là. Au lycée. J’ai cru devoir faire quelque chose. Dire à Théo de prendre le bus. Dire à Cléa de nous suivre. J’ai toujours fais ça. On m’a toujours fait faire ça.
Je sourit faiblement et tends ma main vers sa joue. Je crois qu’il pleure. Je sens un liquide longer mes doigts.
J’essaye de le réconforter, de murmurer des mots. Un mot. N’importe lequel. Mais rien ne sort. Je suis muette.
Ma gorge me gratte. Ma langue est sèche. Plus qu’elle ne l’a jamais été.
J’entends d’autres voix s’appeler entre elles. Des voix que je ne reconnais pas encore. Des noms que je ne rattache que vaguement à des visages perdus.
Alice…
Quand me suis-je autant attachée à cette gamine ? Pourquoi… Parce qu’elle me rappelle ma soeur ? Ma soeur. J’aurais dû aller la chercher dès le début. Je suis une idiote.
Je dois me lever. Je dois me -putain- de lever ! Je dois aller la chercher. J’ai beaucoup de choses à lui dire, lui apprendre, lui interdire.
Je sens des bras m’entourer et m’aider à me lever. Je fais de mon mieux pour ne pas résister à cette aide inconnue.
Inconnue… C’est ce que j’aime penser. Me dire que je ne sais pas que c’est lui. Me dire que ce n’est pas une erreure. Que je ne lui dois rien. Comme cette nuit sur ce maudit parking. Comme ces traces de sang que mes mains avaient laissé sur ses vêtements.
Victorien est un mystère pour moi. Mes sentiments à son égard se modifient à une vitesse extrême. Je peux l’aimer du plus profond de mon coeur puis regretter de lui avoir un jour adressé la parole. J’aimerais tellement réussir à le détester...
J’essaie de marcher. De contrôler mes jambes pour ne pas le laisser supporter tout mon poids. En vain.
J’essaye de deviner à qui appartiennent les silhouettes près de nous. En vain.
Tout est vain. Tout ce que j’entreprends.
Nous dépassons des corps. Peut être l’un des hommes que j’ai potentiellement tué. Ou bien l’un de mes camarades.
Vic’ me pose contre une étagère remplie d’articles bio. Ma tête veut tomber en avant. C’est si cliché de dire que je me bats contre moi-même, pourtant c’est le cas.
Je fini, au prix d’un effort surhumain, par me relever fébrilement. Mes jambes tremblent et je me tiens à une étagère, certes, mais je suis debout. Mes yeux s'habituent à l’atmosphère ambiant. Je vois presque aussi clairement qu’avant.
Samuel et son ami Théodore arrivent. Ils semblent perdus et apeurés.
C’est alors que je prends enfin conscience de la situation. Nous avons été attaqués par le motard. Par une bombe. Je me redresse en un bond, sous les regards curieux de Samuel et des autres. Je l’ai entendu. Ce bruit. Cette fois ci je l’ai entendu avant qu’il ne soit trop tard.
Je me laisse tomber sur le sol, mon arme à la main. Allongée en travers du rayon je les observe avancer sans aucun soucis de discrétion.
Je les avais presque oublié. Les zombis. Je tire. Manqué. Mes yeux n’ont pas assez récupéré. Ma tête menace d’exploser et mes mains tremblent. Tout ce que je suis capable de faire dans cet état c’est de gaspiller des balles.
Théo arrive et me relève, passant son bras sous le mien. Il ne comprends visiblement pas pourquoi j’ai une arme ni pourquoi je tente de leur tirer dessus. Je me concentre tandis qu’il m'emmène vers la sortie arrière du magasin.
Bien respirer. Ouvrir les yeux. Je dois contrôler mes tremblements. Je souffle et enclenche la gâchette, un d’eux tombe au sol. En pleine tête.
Je sourie et boitille jusqu’aux autre. Mes jambes reprennent peu à peu leur rôle. Théo me serre moins fort. Nous rejoignons les autres, il manque six personnes. Bordel !
Alice, Ethan et d’autres. Tonny m’attrappe le bras, visiblement il voudrait mon aide. Je mets plus de trente secondes avant de comprendre. Paula n’est pas avec nous. Fait chier !
Je cligne plusieures fois des yeux, espérant ainsi récupérer ma vision optimale. Ce qui fonctionne plutôt bien, j’entends un cri masculin venant de là où la bombe semble avoir explosé. Mon sang ne fait qu’un tour et je ne suis pas la seule. Théo et Samuel s’élancent avec moi vers ce cris.
Je jette rapidement un regard à Adrien. Un regard signifiant “bouge pas”. Je sais qu’il a compris. Il comprends ce genre de choses.
Cependant il semble être l’un des seuls à le comprendre, Tonny, Charlotte et Marina nous suivent d’assez près. Si j’avais eu plus d'énergie je leur aurait fait faire demi tours, mais ce n’est pas le cas.
Je me stoppe nette. Alice, Ethan et une fille qui s’appelle… heu… Je suis sûre qu’elle a un prénom… C’est… heu… Bon on verra ça plus tard !
Ils sont perchés au dessus d’une étagère, les zombis les atteignent presque. Il leur suffirait d’un simple mouvement pour se faire emporter. Comme nous dans cette ruelle avant de rencontrer Alice.
Mon sang bouillonne dans mes veines. Je cherche une idée, un plan. Il faut faire vite. C’est comme cette fois là. C’est ça !
C’est comme la dernière fois ! Là voilà ma solution !
Tout est en place. Moment de vérité, il faut que mon plan marche. J’appuie sur le bouton. Le téléphone de Tonny sonne au fond du rayon opposé au nôtre. Les zombis ne semble pas y prêter attention durant les premières secondes mais certains finissent par se diriger vers cette mélodie.
Encore. J’appuie. Cette fois c’est le téléphone de Marina qui sonne. Plus fort. Plus loin. Ça fonctionne ! Ces créatures s’attirent entre elles et s'éloignent des petits.
Cette technique ne pourra pas durer éternellement, nous serons vite à cours de téléphones.
Théo et Tonny aident les autres à descendre. Trois. Il en manque trois, il faut vite les trouver et se barrer d’ici. Coûte que coûte.
Tonny cherche désespérément Paula. Mon instinct me dit qu’il ne la retrouvera pas… Je ne supporterais pas d’avoir raison. “Tô-kun, ramène les vers les autres et trouvez des voitures dehors.”
Il se tourne vers moi. Je n’avais jamais vu un regard pareil.

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Z
Ficção CientíficaC'est une journée normale au lycée, sauf que c'est la fin du monde. Mais ça reste une journée normale, Cléa est toujours une pétasse, les idiots restent des idiots et ma meilleure amie me manque encore. Après tout, c'est juste une putain d'attaque...