Un nouveau départ

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Akihito en avait assez, mais vraiment assez, c'était vraiment la dernière fois qu'une telle chose se produisait, et il le ferait savoir au monde entier. La fatigue qu'il ressentait était telle qu'il n'arrivait plus à supporter sa propre personne, ni son entourage direct du tout. Il aurait tout fait pour qu'en cet instant, pour être quelqu'un d'autre, avoir une autre vie, se sentir autre. Etre libre de toutes ces histoires sans queue ni tête. Mais quelle fatigue. Il pensait qu'il fallait en finir une bonne fois pour toutes avec toutes ces sornettes et se mettre à l'évidence qu'il avait besoin de recul. Il devait prendre de la distance avec tout le reste et il devait le faire présentement sinon il ne pourrait plus se regarder dans la glace le matin.

La pression qu'il avait sur le coeur, le poing qui semblait étreindre l'organe dans un étau glacé ne cessait de le tourmenter, et pourtant, il n'était pas du genre à éprouver ce genre d'émotions. Il avait toujours regardé la vie du bon côté, mais il semblait qu'il fallait se rendre à l'évidence, il en avait trop vu et trop entendu pour arrêter de croire en un monde meilleur. Cela dit, il se battait tous les jours pour prouver à quel point le monde était corrompu jusqu'à l'os, mais son monde à lui était nappé de ténèbres.

Et quelles ténèbres ! Il voyait le vice chez les autres mais refusait d'admettre que son propre compagnon était partie prenante de ce monde. Oh, de temps à autre, il lui arrivait de découvrir certaines choses, mais il refusait d'admettre que celui qu'il aimait était impliqué à ce point dans de sinistres affaires. Ces affaires recouvraient essentiellement le trafic d'armes, de drogue et autres joyeusetés dans le genre, en plus de trafic d'influence sur personnes politiques.

De plus, quand Akihito se retrouvait plongé dans ces affaires sordides, il prenait tout sur lui, on misait sur sa vie, le prenait en otage, prisonnier, voire l'utilisait à apaiser l'appétit sexuel de certaines personnes dont il tairait le nom. Qu'il était dur d'être l'objet de la haine, de la jalousie, de la convoitise des ennemis ou des alliés d'Asami Ryûichi. On pouvait croire sous de beaux dehors qu'être le compagnon d'un tel homme ne pouvait qu'être le paradis, mais il n'en était rien de chez rien.

On l'utilisait toujours pour appâter le grand méchant loup sans trouver d'autres moyens pour soumettre Asami Ryûichi à sa volonté. Akihito se souvenait alors de sa première rencontre avec cet homme, il avait toujours confronté le yakuza peu importait la manière mais toujours frontalement, sans tenir compte de sa sécurité propre. Alors, quand il voyait les autres le kidnapper, le torturer, le violer, juste pour attiser la colère chez Asami, il voyait à quel point ces êtres étaient pitoyables. Ca ne l'empêchait pas d'éprouver de la sympathie pour quelques uns d'entre eux, mais pas tous.

Comme ce fut le cas pour Mikhail Arbatov ou ses acolytes pour lesquels il avait du mal à ressentir la moindre pitié.

- Si seulement j'avais été moins naïf et plus lucide...

Il lui fallait quitter ce monde au plus vite, prendre du recul, grandir un peu avant de revenir ici. Souffler, prendre l'air n'étaient pas de mauvaises choses en soi du tout. D'autant plus qu'il en avait vraiment besoin. Calmer ses émotions troubles et malsaines serait le meilleur moyen de s'en sortir. Aussi, il avait décidé de rompre avec Asami Ryûichi. Cette décision paraissait vraiment égoïste mais qui pourrait le blâmer ? Il en avait sans doute trop vu à ses côtés même s'il avait éprouvé parfois le frisson du guerrier avant le combat.

Il avait choisi le métier de journaliste parce qu'il aimait la sensation de liberté que cela lui procurait, l'envie et le désir de chasser tout individu louche que pouvait porter Tokyo et ses environs, révéler au monde entier des histoires qu'il ne fallait pas laisser éclater au grand jour. Bref, montrer qu'il n'était pas un simple citoyen sans défense. Son arme ? Son appareil photo. Sa meilleure défense ? Les gens qui lisaient ses articles. Et le plaisir de voir les gens réagir à leur lecture.

Dans la tourmenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant