Dans la tourmente

Première confrontation

Un soir, Akihito sortit de son bureau, beaucoup plus tard que d'habitude, plus nerveux que jamais, et certainement plus en colère contre Raibaru que jamais. Cet homme le regardait avec un tel air hautain et de dégoût mêlé qu'il en devenait vraiment insupportable. Akihito ne souhaitait plus qu'une seule chose, quitter ce journal au plus vite, parce que ça commençait sérieusement à sentir le roussi. Et en même temps, il avait eu la preuve irréfutable, grâce à ce comportement malsain de la part de Raibaru, qu'il savait qu'il sortait avec Asami. Et que la réunion avec Yamato était définitivement mauvais signe pour eux deux. L'un désirait faire tomber Akihito, l'autre, Asami.

- Non mais vraiment, il est abject, et en plus, je suis à nouveau en retard pour mon rendez-vous avec Asami. Incroyable. Enfin non, Raibaru tient vraiment à ce que je ne vois pas plus que ça Asami. En plus, je ne peux pas justifier d'un quelconque problème de couple, ou de famille, je n'ai officiellement pas de partenaire. Bref.

Akihito jeta sa veste sur le siège arrière de sa voiture, et desserra légèrement sa cravate, histoire de se détendre un petit peu, la journée n'avait vraiment pas été de tout repos. Raibaru avait enchaîné les réunions de service, les réunions avec les chefs de service, et il avait demandé à voir exclusivement Takaba Akihito. Si les gens avaient encore des doutes sur les tensions entre Raibaru et Takaba, ils étaient envolés. En une seule journée, Raibaru avait fait comprendre que Takaba était indésirable. Certains avaient accepté par envie et jalousie, d'autres avaient froncé des sourcils, mais n'avaient osé rien dire, d'autres avaient fustigé leur grand patron en cachette, alors que d'autres avaient suivi bêtement la décision de Raibaru.

- Qu'il soit maudit. Si seulement je trouvais un moyen de le faire tomber. Ce serait tellement plus simple... Mais tant que je n'ai rien contre lui, c'est pas demain la veille qu'il perdra son poste.

Le jeune homme ouvrit la porte du côté passager et déposa ses affaires de bureau : son appareil photo, sa sacoche en cuir noir, et son téléphone portable. Le simple fait de rentrer à la maison lui ferait le plus grand bien. Akihito sourit doucement : la suite offerte par Asami lui servait désormais de domicile. Et il était sûr que très prochainement, le domaine d'Asami serait également le sien, au vu du temps qu'il passait là-bas. Akihito sourit davantage : Asami serait certainement plus que ravi de l'accueillir chez lui. C'était sûr.

- J'hésite encore...

Et il contourna son véhicule pour prendre place du côté conducteur, être dans sa voiture était déjà comme être à la maison. Il mettait en général une musique pop rock pour rentrer dans la meilleure humeur possible, même si, ces derniers temps, c'était sacrément difficile de rester calme. Focalisé sur sa voiture, il n'entendit pas le bruit d'une autre voiture qui stoppa net derrière lui. Aussi, il sursauta en entendant le bruit du klaxon...

A l'intérieur, une voix retentit :

- Sympa la voiture, vous l'avez eue où ?

Akihito se tourna vivement vers l'opportun :

- Ca vous regarde ?

Mais le conducteur insista :

- J'adorerai l'avoir.

Akihito fronça des sourcils :

- Allez vous faire voir.

La voix parla à nouveau :

- J'insiste...

Ce fut à ce moment-là qu'Akihito remarqua le son détonnant de cette voix, elle contenait beaucoup d'air, comme si la voix était essoufflée, elle paraissait aussi étranglée, et elle était étrangement grave. Qui pouvait posséder une voix pareille ? Akihito se pencha vers le conducteur, et il nota que son visage était caché grâce à un bonnet noir, et de longues cicatrices. Impossible à reconnaître. Il activa son dictaphone dans sa poche, faisait mine de sortir un mouchoir.