Contre la montre

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Akihito courait toujours droit devant lui sans prendre le temps de s'arrêter du tout, sans regarder en arrière si ses poursuivants le rattrapaient ou pas. Il cherchait une sortie, de quoi se défendre, de quoi se vêtir avant de sortir du bâtiment. Un couloir, puis un autre, et encore un autre, une impasse. Ce bâtiment était un véritable labyrinthe. Arbatov avait bien choisi son repaire. Impossible de s'en sortir sans connaître les lieux sur le bout des doigts. Il tenta une porte, sa voisine, encore  rien, il avait l'impression de se retrouver dans l'immeuble où logeaient Kage et sa famille, à savoir que c'était une coquille vide.

Il prit cependant un moment pour s'arrêter, observer, écouter les pas de ses prédateurs, personne, s'en était inquiétant, Arbatov pouvait surgir de n'importe quel coin et le frapper sur la tête. Si seulement il avait de quoi détecter la présence des autres, mais il n'avait que ses propres sens à sa disposition pour repérer ses adversaires, au nombre de trois. Arbatov était un duelliste hors-pair, Yamato, un excellent policier, sachant traquer ses proies, tandis que Kage était un expert dans l'art de la dissimulation si son intuition était la bonne.

- Bon sang où sont-ils ?

Akihito poursuivit sa route, dans ce dédale de couloirs et de portes qui ne menaient nulle part, cependant, il trouva enfin une fenêtre, elle donnait sur le port, il était donc proche des docks, de l'endroit où il avait donné rendez-vous à ses trois comparses l'autre soir. Arbatov avait sans doute observé la scène sans agir, en faisant croire qu'Akihito était en sécurité, que tout se déroulait selon ses plans. Il avait flairé le danger cette nuit-là, mais n'avait pas jugé bon d'inspecter les environs.

- Quel crétin je fais quand même.

Alors il vit exactement ce qu'il cherchait : un camion et des gens qui marchaient autour, tous armés jusqu'aux dents. Intéressant. Cependant comment s'approcher d'eux sans attirer l'attention ? Puis il les remarqua, ces fusils qu'il avait vus lors de l'attaque du fourgon, ces armes qui devaient appartenir à l'armée personnelle d'Arbatov. Autant redoubler de vigilance alors.

- Voyons-voir.

Il tourna la tête à droite et à gauche, il était seul. Il ouvrit doucement la fenêtre, tout en regardant derrière lui, histoire de ne pas voir Arbatov apparaître derrière lui. Il attrapa la gouttière juste à côté de l'ouverture et s'y hissa. Tranquillement, doucement, sûrement, avec aisance, il descendit le long du tuyau en taule. La sueur coulait le long de son échine, sachant très bien que si un des hommes regardait en l'air, il perdrait la vie sur le coup. Aussi, il fut ravi quand il posa enfin le pied sur la terre ferme.

- Une bonne chose de faite !

Il laissa échapper un léger soupir de soulagement, aucun des gardes ne l'avait vu effectuer cette cascade. Il vit un homme de main non loin de là, à l'écart du reste du groupe, à l'abri des regards, derrière une pile de caisses en bois et se glissa lentement vers l'homme. Il tapota son épaule, le gorille se retourna et vivement, Akihito le frappa en pleine figure. L'homme tomba à la renverse, s'écrasa contre les malles et ne bougea plus. Le blond espérait que le bruit n'attirerait pas l'attention de ses complices.

- Et en plus, tu es à ma taille.

Peu à peu, il ôta les vêtements de l'autre, prit son arme, son gilet pare-balles, et contourna le bâtiment. On ne l'avait toujours pas repéré. Ou alors, on avait ordonné à ce qu'on le laisse tranquille pour mieux le duper. Il scanna encore les lieux, personne en vue. Alors il se dirigea vers les véhicules, où se trouvaient les hommes d'Arbatov en les contourna. Il siffla, et ils semblèrent se réveiller les uns après les autres.

- Ей ! Кто нибудь - там ! (1)

Toujours cette langue russe devenue maudite à ses oreilles...

Dans la tourmenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant