Dans la tourmente

Colère et frayeur

Les jours suivants, Akihito s'acharna à dénicher des sujets d'articles meilleurs les uns que les autres, tout en observant avec inquiétude la photo envoyée par Mitarai... Ainsi, Yamato s'était allié à ce malfrat ? Akihito avait perdu l'estime qu'il portait encore un peu à Yamato, il avait pensé que c'était un policier intègre, mais au final, il était prêt à tout pour parvenir à ses fins. Dommage pour lui. Et en plus, ça ne disait rien qui vaille, Yamato avait la loi de son côté. Ceci dit, le même instrument était aussi du côté d'Asami et d'Akihito sous la forme de Kuroda qui faisait de son mieux pour masquer les preuves.

Kage Heishi était revenu de ses vacances dans les Alpes, et il avait montré quelques photos du Mont-Blanc que sa famille avait rêvé de visiter un jour. Avec elle, il avait skié, et dominé la neige  française.

- Vous aviez raison, les montagnes de cette région sont magnifiques en cette période de l'année.

Akihito avait souri doucement :

- Elles le sont toujours.

Et ils avaient repris le travail, sans parler plus que ça des vacances du journaliste, qui paraissait plus en forme que jamais, Akihito était sincèrement ravi pour son collègue, et ami, mais ça n'arrangeait hélas pas les choses pour lui. Akihito était plus seul que jamais dans cet environnement stérile et voué uniquement à faire en sorte que Raibaru ait chaque jour davantage de quoi fructifier son compte en banque, et attirer à lui toutes sortes d'hommes politiques.

- Il ne s'arrêtera jamais, il m'a juste utilisé pour gagner en notoriété, et attirer l'attention d'une certaine personne.

Kage avait écouté d'une oreille attentive :

- Quelle personne ?

Akihito avait légèrement rougi :

- La personne pour laquelle je suis revenu ici.

Kage avait posé une main affectueuse sur l'épaule du plus jeune, apparemment ravi que son supérieur ait trouvé quelqu'un avec qui partager sa vie. Et il avait quitté la salle en silence, le visage fermé, sans doute pour cacher ses émotions à son supérieur, le laissant avec ses tourments. Akihito avait baissé son regard vers sa tasse de thé, et l'avait bue en silence, toujours à ruminer ses pensées autour de la rencontre entre Yamato et Arbatov. Il avait bien entendu envoyé le contenu de son courriel à Asami, mais ce dernier ne s'inquiétait pas outre mesure de cette alliance.

- Un homme comme lui ne pourra jamais faire la moindre chose contre mon empire.

Certes, ces mots avaient mis un peu de baume au coeur d'Akihoto, mais quelque chose le tracassait davantage, c'était ce contact d'Arbatov, natif du Japon. Il n'avait toujours pas découvert qui était son complice, certes, Arbatov avait construit tout un réseau d'informateurs au pays du soleil levant, il avait encore une certaine notoriété dans le milieu de la pègre nippone, mais Akihito pensait que c'était le codétenu de l'homme qui l'aidait. Akihito sentait que ses collègues russes avaient découvert quelque chose au sujet de ce fameux complice, et il pensait qu'ils avaient été tués pour cette seule raison.

- Qui es-tu ?

Kuroda avait peut-être raison : cet homme devait être proche d'Akihito sans pour autant éveiller les soupçons. C'était donc avec ce même sentiment d'impuissance que le jeune homme se rendit dans son bureau, coupé de tous. Alors il relut pour la énième fois le dossier que Gakusei avait créé sur lui, comme pour chercher des réponses.

- Mine de rien, tu as fait un travail impressionnant.

Et il avait monté ce dossier en un mois, en étant seul sur l'affaire, son cas à lui. Il était sûr que les langues s'étaient déliées avec délectation dans le milieu de la pègre, tous ravis de vendre des informations sur le protégé d'Asami Ryûichi. Tous jaloux que l'homme le plus puissant des bas-fonds de Tokyo soit complètement à lui.