Menaces

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Akihito n'en revenait toujours pas : l'intégralité de son appartement avait été savamment saccagée, abîmée, ruinée, réduite en miette, et bien sûr, une bonne partie de ce qu'il avait accumulé au cours de ces années avait été sali. Il pénétra l'appartement avec beaucoup de précaution, ne désirant pas être blessé au cours de son investigation, à savoir, voir si quelque chose manquait à sa liste de biens. Il fouilla les canapés, les tables, les meubles, les étagères, ses notes dans son bureau, son ordinateur, pour voir si rien n'avait été effacé. Il jeta un coup d'oeil à sa liste de biens qu'il avait soigneusement cachée dans un vase, et une série de photos prises de ce qu'il possédait, rien ne manquait à l'appel.

- Et ben dis donc, tu as eu de la chance...

Kuroda se tenait juste derrière lui, observant, comparant et analysant les biens en photo d'Akihito avec le contenu de son appartement : il était témoin, rien ne manquait. Mais alors pourquoi une telle mise en scène ? Ca n'avait aucun sens. De plus, Akihito vivait dans un immeuble relativement protégé des cambrioleurs, aucun ne se risquait à se balader dans les rues fréquentées par les gens riches, où les caméras de surveillance fleurissaient à toute heure...

- Oui, mais pourquoi ?

Akihito avait comme suivi le fil des pensées du procureur, et jeta à nouveau un coup d'oeil à ses biens, voir si quelque chose lui aurait éventuellement échappé, lors de sa fouille. Rien de chez rien. Pas un mot, une lettre, voire un courriel exlicatif. Quelque chose clochait c'était sûr... Se pouvait-il que ce soit juste un fauteur de troubles qui frappait au hasard ? Ses voisins étaient-ils aussi touchés pars le cambrioleur ?

- Kuroda, et les voisins ?

Le procureur secoua sa tête :

- Pas une voiture de police en vue, enfin, je vais appeler des policiers que je connais personnellement, ils sont très discrets. Rien ne filtrera. J'ai déjà procédé à l'interrogatoire des voisins, rien à signaler. J'ai juste parlé d'une enquête de courtoisie, histoire de ne pas avoir de problèmes avec leurs avocats. Tu connais les gens riches, ils ne supportent pas qu'on pose le nez dans leurs affaires. Bref. Il semblerait que le cambrioleur ait choisi au hasard sa victime.

Kuroda leva les yeux vers Akihito, très sérieux :

- Ou pas.

Le journaliste avait deviné ce que le procureur avait en tête :

- Vous insinuez que quelqu'un pourrait m'en vouloir personnellement ? Vous savez bien qu'un journaliste ne se fait pas que des amis partout où il passe. Surtout un journaliste d'investigation comme moi. Je pense que je me suis fait une belle liste d'ennemis au cours de ces années, mais pas spécifiquement au Japon, à part sans doute, ce criminel en série qui s'amuse à imiter cet autre tueur des années quatre-vingt-dix.

Mais Kuroda semblait prendre les choses un peu moins à la légère :

- Mais qui aurait intérêt à provoquer un tel carnage dans ton appartement ? Qui ? Ca ne peut être qu'une personne qui t'en veut vraiment beaucoup. Réfléchis, Takaba. Réfléchis. Ca pourrait être n'importe qui.

Akihito avait une idée en tête de qui pouvait bien lui vouloir autant de mal, mais que cette personne fasse preuve de la plus grande discrétion le sidérait complètement. Avait-il changé au cours de ses années de prison ? Il se leva, agité, le menton dans sa main, faisant les cent pas, nerveux. Comment avait-il pu arriver aussi vite au Japon ? Comment ? Il venait très certainement de sortir de prison, seule une complicité extérieure avait pu l'en sortir aussi rapidement. Impossible autrement.

- Arbatov...

Sa voix n'avait été qu'un murmure, mais Kuroda entendit clairement ce nom, sorti des lèvres du journaliste... Il pâlit soudainement, comme ayant vu un fantôme, incapable d'avaler son verre d'eau, il l'avala de travers. Ce malade mental était dans la nature à nouveau ? Voilà qui devenait autrement plus délicat qu'un simple cambrioleur qui frappait au hasard.

Dans la tourmenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant