Le lendemain de la bataille, Serguei était venu à la première heure dans la maison que partageaient désormais le journaliste et le yakuza. Le Russe avait craint de les avoir dérangés tous les deux, mais visiblement, les deux tourtereaux étaient habitués aux visites inopportunes. En effet, ils étaient simplement vêtus de leurs peignoirs, et aucunement gênés de recevoir de la visite dans cette tenue du tout.
Akihito regardait même Asami d'un air amusé, voire blasé, au fil des découvertes, il avait compris que le mode de vie du yakuza n'était pas celui du commun des mortels, l'homme dirigeait un vaste empire autour des hôtels de luxe et des discothèques en tous genres, ainsi qu'un monde souterrain, que peu de gens aimeraient connaître. Akihito avait même partagé un repas en la compagnie de Kuroda à une heure du matin avec Asami.
Aussi, Serguei ne devait absolument pas se sentir gêné de les voir dans ces habits qui étaient très certainement les seuls qu'ils portaient. Akihito invita tout de suite le Russe à prendre du café et des croissants. Cependant l'homme n'avait que très peu de temps devant lui. Il devait prendre l'avion au milieu de l'après-midi.
- Je suis seulement venu faire mes adieux.
Ceci dit, il accepta tout de même une tasse de thé bien japonais. Akihito, par obligation, lui offrit carrément la cérémonie traditionnelle du thé mais le décor était tellement surprenant que le Russe ne pouvait s'empêcher de sourire.
- Merci, fut tout ce qu'il put dire à la fin du cérémonial de une heure.
Il goûta au thé épais que le jeune homme avait préparé sous ses yeux éberlués, Akihito avait réussi à se souvenir de chaque étape pendant ces dix ans ? Incroyable. Il était Japonais jusqu'au bout des ongles. Il était juste déçu que le blond ne l'ait pas pratiqué en Russie.
- Allons, une cérémonie du thé japonaise ne peut se pratiquer qu'au Japon.
Pourtant son sourire indiquait qu'il était ravi de l'effet de surprise provoqué chez le Russe, il fallait bien garder certaines choses pour soi, pas vrai ? Si on révélait tout, tout de suite, quel intérêt y avait-il ? Il était journaliste, il ne vivait que pour le plaisir de l'action, du moment présent, et la curiosité faisait partie de son métier.
- Merci Akihito, je crois que j'ai compris.
Cependant, il lui adressa un clin d'oeil assez complice, heureux que le jeune journaliste gardait son mordant malgré la nuit précédente singulièrement éprouvante. Les nerfs avaient été mis à rude épreuve, or tous s'en étaient sortis indemnes, y compris, au grand désarroi d'Asami, ce policier plus que fouineur.
- Au fait, tu reviendras en Russie ?
Akihito regarda Asami, qui affichait une mine assez sombre à l'évocation de ce pays, tellement chargé, trop à son goût. La réponse était claire, se lisant sur son visage. Il ne viendrait que pour Akihito et Akihito seulement, Arbatov était un trop mauvais souvenir pour lui.
- Je pense, mais pas pour le moment, j'ai beaucoup à faire.
Serguei, qui avait suivi le petit échange entre les deux hommes avec attention, repartit le coeur lourd, cependant il comprenait parfaitement, Asami ne voulait plus que son protégé soit à nouveau exposé aux dangers de la mafia russe. Avec des yeux tristes, il s'inclina devant Akihito pour la dernière fois et prit congé.
- Prends soin de toi, jeune homme, tu prends beaucoup trop de risques, je le dis toujours.
Akihito éclata d'un rire clair et cristallin, un rire beaucoup plus pur que ceux qu'il avait offerts en Russie, un rire dénué de toute ombre.
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Dans la tourmente
FanfictionFanfiction inspirée du manga Viewfinder de Yamane Ayano Après avoir quitté Asami pendant près de dix ans, Akihito revient au Japon, un prix Pulitzer sur les bras, auréolé de gloire... Cependant, il cache un lourd secret, un secret qui peut tout bou...