29

59 4 0
                                    

Nous sortons du café, il y a moins de monde que tout à l'heure.

-Tu veux que je te ramène? demande Harry.
-Je ne sais pas si j'ai envie de rentrer, dis-je.
-Tu veux venir à l'appartement? dit-il.

J'hésite quelques secondes puis accepte. Nous prenons un taxi et je reste silencieuse tout le trajet. Est-ce une bonne idée? Probablement pas. Il est la seule personne que j'ai plus ou moins envie de voir. Le taxi se gare devant l'immeuble et je sors après Harry. Nous entrons puis allons dans l'ascenseur toujours dans le silence. Quand les portes se referment, il soupire.

-Dis quelque chose.. dit-il.
-Je ne sais pas quoi dire..
-Dis que tu m'aime, que tu me pardonne ou encore que tu ne vas pas me quitter une autre fois.. dit-il.
-Je ne peux pas te dire ça. dis-je.

Il me regarde.

-Pourquoi? Je ne ferais plus rien pour te faire du mal, Lou.
-Je ne peux pas me fier sur de simples paroles et tu le sais, dis-je.
-Alors sur quoi veux-tu te fier? dit-il, commençant à perdre patience.
-Avec des gestes. Tu parles, mais tu n'agis pas, Harry.

Il soupire et les portes s'ouvrent. L'appartement est bordélique et les garçons ne sont pas là. Il s'assied sur le sofa et je m'assieds sur celui en face.

-J'ai besoin de toi, dit-il.
-Alors prouve-le moi, dis-je.
-Comment?
-Parle-moi de toi, de ton histoire, de tout ce que tu ne m'as jamais dit. Arrête de te refermer sur toi-même et parle moi. Je veux sentir que tu as des sentiments, des émotions. Arrête de croire que ce n'est pas correcte d'aimer, de pleurer, d'avoir mal ou même d'être heureux. Parce que si tu n'arrive pas à être heureux avec toi-même, tu n'y arriveras pas avec moi..

Il me regarde et passe sa main dans ses cheveux emmêlés.

-Tu me promets de rester ce soir si je te dis tout? dit-il.
-Bien sur, mais est-ce que nous pouvons avant? souriais-je.
-Bien sur que si, dit-il.

Il se lève et vais dans la cuisine. Il ouvre l'armoire et soupire.

-Je n'ai aucune idée quoi faire. Dit-il.
-J'arrive, riais-je en me levant.

Je crois bien que ce serra la première fois que je fais à manger avec Harry. J'attrape un sac de pâtes et de la sauce tomate et les dépose sur l'îlot.

-Sors une casserole et remplie d'eau à la moitié. Dis-je.

Il s'exécute et pose la casserole sur la plaque chauffante.

-Je crois que nous devrions aller rendre visite à ta mère. Dit-il.
-Nous?

Je m'appuie sur le comptoir et le regarde.

-Je viendrais avec toi. Pour te donner du courage.
-Je ne crois pas que c'est une bonne idée, dis-je en regardant l'eau qui chauffe.
-Si je mérite que tu sois ici avec moi alors elle mérite au moins que tu dîne avec elle. Dit-il.

Il me regarde et me sors son sourire à fossettes qui m'a tant manqué.

-Je ne sais même pas pourquoi je t'ai appelé ça ne compte pas, dis-je en versant les pâtes dans l'eau bouillante.
-Parce que même si je suis un connard tu ne peux t'empêcher de laisser parler ton cœur, dit-il.

Je me tourne vers lui.

-Ce qui me reste de coeur du moins, soupirais-je.

Il croise les bras sur sa poitrine et regarde le sol.

-Désolé je ne voulais pas que notre conversation prenne cette tournure, dis-je.

Il secoue la tête et repose son regard sur moi.

-Ne t'excuse pas, c'est ma faute, dit-il.
-Il faut arrêter de mettre ça sur la faute de un et de l'autre, dis-je en me regardant dans les yeux cette fois.
-C'est moi qui t'ai mentit, dit-il.
-C'est un fait.

Il ouvre ses bras et je ne bouge pas.

-Viens, murmure-t-il.

Je secoue la tête.

-J'ai besoin de toi, souffle-t-il.
-Tu aimes l'idée d'avoir besoin de moi, Harry.

Il me tire et me serre contre lui. Ma carapace s'écrase contre son torse et se démolie au contact de sa peau. Mon coeur bat la chamade et la chaleur court dans mon corps comme un athlète dans une course de vitesse. Son parfum me submerge les narines et la sensation de confort que je croyais avoir perdu revient à la vitesse d'une éclaire. Je passe mes bras autour de sa taille et ravale les larmes qui menaçaient de couler.

-Je suis tellement idiot, Lou. J'ai tout gâché..

Je romp notre étreinte et mélange les pâtes dans la casserole.

-Ça va,je crois, dis-je, mais tu as raison, je devrais aller voir ma mère.

Je l'entends respirer derrière moi puis sortir de la vaisselle.

-As-tu un moyen de la contacter? dit-il.

Je verse l'eau dans l'évier et remets les pâtes sur la plaque et ajoute la sauce.

-Non. Je n'y avais pas pensé, dis-je en mélangeant les pâtes.
-Bien, allons la trouver? dit-il.
-Plus tard, dis-je.
-Lou, ne perds pas de temps. C'est ta mère! dit-il.

Je me tourne vers lui.

-Ma mère qui n'a fait que me dévaloriser et me couper du reste du monde tout mon enfance! Tu ne sais pas de quoi tu parles. Elle est ou ta mère à toi dis-moi? Dis-je en perdant toute patience.
-Elle est rentré à son hôtel avec ma sœur, dit-il, totalement indifférent à ce que je viens de lui dire.

Je lève les yeux en l'air et retire la casserole de sur la plaque. J'en verse une portion dans une assiette et dépose la casserole sur le rond. Harry fronce les sourcils.

-Tu n'as pas fait ton assiette, dit-il en désignant le bol vide.
-Je n'ai plus très faim. Je vais rentrer, dis-je en sortant de la cuisine.
-Bordel.. souffle-t-il derrière moi.

Il me suit jusque devant l'ascenseur. 

-Je suis désolé ne pars pas. Pas encore, dit-il.
-Je suis juste fatiguée, dis-je.
-Reste ici. Je peux très bien dormir sur le sofa ou même par terre à côté de toi comme un chien, dit-il doucement.
-Hors de question, dis-je.
-Lou. J'ai besoin de toi. Puis je te dois des explications, insiste-t-il.

La porte de l'ascenseur s'ouvre et je regarde la cabine vide.

-Ramène tes fesses dans cette cuisine s'il te plaît, continue-t-il.
-Bien, soufflais-je.

Harry me tire dans la cuisine. Ai-je réellement accepter de rester ici? 

Ce GarçonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant